Elections législatives : les neuf duels clés qu’il faudra surveiller
Elections législatives : les neuf duels clés qu’il faudra surveiller
Par Service politique
Mélenchon-Mennucci, Corbière-Hammadi, Cambadélis-Mahjoubi… Dans certaines circonscriptions, à travers des batailles locales, se jouent des enjeux nationaux.
Les législatives, ce sont 577 élections dans autant de circonscriptions, mais aussi quelques duels clés. Guerre de dissidence, bataille entre personnalités, enjeux nationaux… voici quelques-uns des affrontements qu’il faudra guetter et qui pourraient être symboliques des rapports de force qui feront le scrutin des 11 et 17 juin.
- 4e circonscription des Bouches-du-Rhône : Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Patrick Mennucci (PS)
Il est des batailles locales qui sont en fait des combats nationaux. En choisissant Marseille pour mener campagne pour les législatives, Jean-Luc Mélenchon, porte-parole de La France insoumise, s’est aussi installé sur les terres d’un baron local du Parti socialiste, à qui il tentera de ravir le poste de député : Patrick Mennucci. Une incarnation du bras de fer que M. Mélenchon entend gagner à gauche, sur un territoire où il a rassemblé 39,09 % des voix lors du premier tour de la présidentielle.
- 7e circonscription de la Seine-Saint-Denis : Alexis Corbière (LFI) et Razzy Hammadi (PS)
Voilà une autre circonscription dans laquelle La France insoumise espère prendre un siège au Parti socialiste. Dans ce territoire où Jean-Luc Mélenchon a obtenu 40,12 % des voix au premier tour de la présidentielle, son ancien porte-parole, Alexis Corbière, a été investi pour battre le socialiste Razzy Hammadi. Mais sur ce territoire communiste, M. Corbière verra l’espace à gauche disputé également par Gaylord Le Chequer, adjoint au maire de Montreuil, pour le Parti communiste français.
- 16e circonscription de Paris : Jean-Christophe Cambadélis (PS) et Mounir Mahjoubi (LRM)
Pour l’un c’est l’avenir du Parti socialiste qui se joue, pour l’autre son avenir au gouvernement. Dans cette circonscription du Nord-Est parisien, où Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron sont arrivés largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle (respectivement 30,52 % et 29,92 % des voix) Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, affronte le tout nouveau secrétaire d’Etat au numérique, Mounir Mahjoubi, qui devra lâcher son portefeuille s’il est battu. Reste qu’ils auront face à eux Sarah Legrain pour La France insoumise qui, au regard du score du leader du mouvement en avril, devrait largement s’inviter dans ce duel.
- 9e circonscription de la Haute-Garonne : Christophe Borgel (PS) et Manuel Bompard (LFI)
Directeur de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, tentera de ravir à celui qui a été le chef d’orchestre de la primaire de gauche, Christophe Borgel, sa circonscription toulousaine. Au regard des scores du premier tour de la présidentielle, l’avantage est nettement au candidat de La France insoumise, M. Mélenchon y ayant recueilli 27,58 % des voix, devant Emmanuel Macron (25,79 %). La République en marche sera, elle, représentée par la journaliste Sandrine Morch.
- 18e circonscription de Paris : Myriam El Khomri (PS) et Pierre-Yves Bournazel (LR)
Dans le nord de Paris, c’est un duel de personnalités « Macron compatibles » qui se joue. La République en marche n’a pas investi de candidat face à l’ancienne ministre du travail Myriam El Khomri et au conseiller de Paris Les Républicains Pierre-Yves Bournazel, tous deux considérés comme des alliés potentiels d’une éventuelle majorité présidentielle. Reste à savoir en qui les électeurs, qui avaient choisi Emmanuel Macron à 37,12 % dès le premier tour, se reconnaîtront, dans la circonscription laissée par le socialiste Christophe Caresche, dont Mme El Khomri était la suppléante. Ils auront également face à eux la militante féministe Caroline De Haas, soutenue entre autres par Europe écologie-Les Verts et les communistes ainsi que, pour La France insoumise, Paul Vannier.
- 1re circonscription de la Somme : François Ruffin (LFI), Pascale Boistard (PS) et Franck de Lapersonne (FN)
Autre terrain législatif très médiatisé, cette circonscription comprend une partie de la ville d’Amiens, terre de l’usine Whirlpool, dont l’activité va être délocalisée en Pologne. C’est là que, soutenu par le Parti communiste français, La France insoumise, Europe écologie-Les Verts et Ensemble (le mouvement de Clémentine Autain), se présente le journaliste François Ruffin, auteur du documentaire Merci patron !. Il affrontera la députée socialiste sortante, ancienne secrétaire d’Etat chargée des personnes âgées et de l’autonomie, Pascale Boistard. Mais leur véritable adversaire est très médiatique lui aussi. Dans une circonscription où Marine Le Pen a obtenu 28,81 % des voix au premier tour, le Front national sera représenté par le comédien Franck de Lapersonne, devenu le M. Culture du Front national.
- 6e circonscription du Rhône : Najat Vallaud-Belkacem (PS) et Bruno Bonnell (LRM)
Vaincue en 2007 dans la 4e circonscription du Rhône, c’est dans la 6e, à Villeurbanne, que Najat Vallaud-Belkacem va une nouvelle fois tenter de se faire élire pour s’installer au Palais-Bourbon. Un territoire qui traditionnellement lui est plus favorable, puisqu’il est plutôt à gauche. Mais c’était sans compter sur la rivalité venue de La République en marche, orchestrée notamment par Gérard Collomb, le nouveau ministre de l’intérieur, qui a beaucoup joué dans l’ascension politique de l’ancienne ministre de l’éducation nationale, jusqu’à ce que tous deux rompent politiquement. Dans une circonscription où Emmanuel Macron était arrivé en tête au premier tour de la présidentielle avec 27,73 % des voix (devant Jean-Luc Mélenchon, à 26,48 %) Mme Vallaud-Belkacem affrontera l’entrepreneur Bruno Bonnell, soutien de longue date du chef de l’Etat.
- 2e circonscription du Gard : Gilbert Collard (apparenté FN) et Marie Sara (LRM)
Dans cet autre duel médiatique qui opposera le député sortant apparenté au Front national, Gilbert Collard, et l’ancienne torera Marie Sara, candidate de La République en marche, le premier a un léger avantage. Marine Le Pen l’a emporté d’une courte tête (50,94 %) lors du second tour de la présidentielle, et l’avocat pourra revendiquer son expérience politique face à une novice en la matière. Mais la candidate LRM est parvenue à rallier à elle la candidate socialiste Katy Guyot, qui se présente comme sa suppléante, de quoi rattraper une partie de son retard, alors qu’Emmanuel Macron ne s’était placé qu’à la quatrième place du premier tour de l’élection présidentielle sur ce territoire.
- 2e circonscription de Paris : Nathalie Kosciusko-Morizet face à deux dissidents LR et à un candidat LRM
Dans la circonscription laissée par François Fillon, la route de Nathalie Kosciusko-Morizet est pavée d’adversaires marchant sur le même terrain politique qu’elle. Mme Kosciusko-Morizet, qui a fait partie des premiers signataires de l’appel de personnalités de droite à « saisir la main tendue » par Emmanuel Macron, se voit non seulement opposer une candidature de La République en marche en la personne de Gilles Le Gendre, mais elle aura aussi face à elle deux dissidents Les Républicains de poids. Jean-Pierre Lecoq, maire (LR) du 6e arrondissement de Paris, a décidé de maintenir sa candidature, quitte à risquer l’exclusion de son parti. Ils affronteront, en outre, Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, qui a également déposé sa candidature.