Andrew Scheer, nouveau chef de l’opposition canadienne
Andrew Scheer, nouveau chef de l’opposition canadienne
Par Olivier Mougeot (Québec, correspondance)
Ce député du Parti conservateur sera le rival de Justin Trudeau, le premier ministre libéral, lors des élections fédérales de 2019.
Andrew Scheer après son élection à la tête du Parti conservateur du Canada, à Toronto, le 27 mai 2017. | GEOFF ROBINS / AFP
C’est à une petite surprise qu’ont assisté les membres du Parti conservateur du Canada (PCC) réunis au Centre des congrès de Toronto, samedi 27 mai. Les conservateurs élisaient leur nouveau chef et, alors que le Québécois Maxime Bernier faisait figure de favori, c’est Andrew Scheer, député de la Saskatchewa, qui a remporté le poste à l’arraché avec 51 % des voix. Il succède ainsi à Stephen Harper, ancien premier ministre fédéral (2006-2015).
Treize candidats étaient dans la course pour désigner celui qui affrontera le premier ministre actuel, le libéral Justin Trudeau, aux élections fédérales de 2019. Conscient de la diversité d’opinions au sein du PCC, mais aussi de sa modeste victoire, M. Scheer a tenu, samedi soir, un discours rassembleur : « Absolument tous les types de conservateurs sont les bienvenus dans ce parti. »
Alors que bon nombre de ses adversaires voulaient rompre avec l’ère Harper, M. Scheer s’est posé en digne successeur de l’ex-premier ministre, et il assume parfaitement la comparaison avec lui. Mais « avec un sourire », tenait-il toujours à préciser. Car pour espérer convaincre davantage d’électeurs canadiens en 2019, le nouveau leader conservateur prône un changement de forme. Il est en effet convaincu que « les Canadiens partagent les principes conservateurs », mais pense qu’il faut exprimer ceux-ci « de manière plus positive ».
« Andrew qui ? »
M. Scheer est un fervent opposant à l’avortement et milite contre le mariage homosexuel. En matière d’écologie, il a promis d’abolir la taxe carbone que le gouvernement Trudeau veut mettre en place en 2018. Sur le plan économique enfin, ce père de cinq enfants prône la réduction des dépenses publiques et l’élimination des déficits.
Sitôt sa victoire connue, samedi soir, bon nombre d’observateurs relevaient qu’Andrew Scheer la devait en grande partie au soutien de l’Union des producteurs agricoles du Québec, et à l’appui de la droite conservatrice anti-avortement. Alors que son adversaire déchu, Maxime Bernier, prônait la suppression du régime de la gestion de l’offre – qui permet aux producteurs de faire correspondre leur production à la demande canadienne –, M. Scheer promettait le statu quo aux agriculteurs. Cette prise de position lui a permis d’arriver en tête dans les campagnes québécoises alors que son principal adversaire l’emportait dans les centres urbains.
A seulement 38 ans, Andrew Scheer est, malgré son âge, déjà un vieux renard de la politique canadienne. Député depuis l’âge de 25 ans, il a été le plus jeune président de la Chambre des communes, entre 2011 et 2015. Cependant, M. Scheer demeure relativement méconnu du grand public. Ce que le Toronto Star n’a pas manqué de relever dans son édition de dimanche en titrant à la « une » : « Andrew qui ? »
M. Scheer a d’ailleurs reconnu qu’il allait faire le nécessaire au cours de l’été pour gagner en notoriété. Il faut dire que contrairement à Maxime Bernier, surnommé « Mad Max », ou encore à Kevin O’Leary, que certains comparaient à Donald Trump, M. Scheer est loin d’avoir défrayé la chronique au cours de la campagne.