Après un G7 houleux, bataille climatique entre les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux
Après un G7 houleux, bataille climatique entre les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux
Par Simon Roger
Le président américain entend décider cette semaine de se retirer ou non de l’accord de Paris.
Donald Trump arrive au sommet du G7, à Taormine, en Sicile, le 27 mai. | Salvatore Cavalli / AP
Les Etats-Unis sortiront-ils ou non de l’accord de Paris sur le climat ? Le feuilleton devrait connaître son épilogue dans la semaine du 29 mai. L’information, tweetée par Donald Trump lui-même à l’issue du G7 de Taormine, en Italie, constitue la principale annonce du sommet sur ce thème. Pour le reste, les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas cherché à masquer leurs divergences en matière de lutte contre le réchauffement planétaire.
Bon indicateur de cette impossible entente, les sept dirigeants n’ont accordé qu’une place restreinte au défi climatique dans leur déclaration commune du 27 mai, résumant les débats en trois paragraphes. En 2016, au Japon, le communiqué du G7 avait consacré deux pleines pages à la nécessité de mettre en œuvre l’accord de Paris – scellé lors de la COP21, en décembre 2015 – pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Le texte finalisé samedi explique que « les Etats-Unis d’Amérique sont en train de réévaluer leur politique sur le changement climatique et sur l’accord de Paris et ne sont donc pas en mesure de rejoindre le consensus sur ce sujet ». « Prenant acte de ce processus, poursuit le communiqué, les chefs d’Etat et de gouvernement du Canada, de France, d’Allemagne, d’Italie, du Japon et du Royaume-Uni ainsi que la Commission européenne réaffirment leur engagement à rapidement mettre en œuvre l’accord de Paris. »
« Réduire les écarts »
La formulation est un flagrant constat de désaccord entre Donald Trump et ses six interlocuteurs. Depuis des semaines, le nouveau locataire de la Maison Blanche menace de sortir les Etats-Unis de l’accord sur le climat sans parvenir à arrêter sa position, tiraillé entre l’argumentaire idéologique de son conseiller Steve Bannon et du chef de l’agence américaine de l’environnement (EPA) Scott Pruitt, et les positions pro-business de ses proches et du secrétaire d’Etat Rex Tillerson.
Car la promesse électorale de rejeter cet engagement international au nom de la défense des intérêts américains se heurte à la réalité économique du pays. Comme l’ont rappelé nombre d’entreprises, de villes et d’Etats confédérés, la transition vers une économie moins carbonée représente un vivier d’emplois et un accélérateur de croissance pour le deuxième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre.
« Oui, il y a eu un désaccord, en tout cas à ce stade, sur le climat (…), mais j’espère qu’on va réduire les écarts », a convenu Emmanuel Macron, qui a joué la carte de l’apaisement à Taormine. Le président américain est « un pragmatique, et j’ai bon espoir qu’il confirmera son engagement, à son rythme », a ajouté le chef de l’Etat français.
« Probable effet d’entraînement »
Angela Merkel a été plus virulente, jugeant la discussion sur le climat du G7 « pas du tout satisfaisante ». La dirigeante allemande refuse la porte de sortie que proposent certains négociateurs, consistant à accepter une révision à la baisse des engagements des Etats-Unis – qui sont actuellement d’une réduction de 26 à 28 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025 – pour s’assurer de leur maintien dans le cadre multilatéral fixé à la COP21. Ces objectifs chiffrés constituent une « ligne rouge » pour la chancelière, confesse un observateur de ces tractations diplomatiques.
Le front commun affiché par les dirigeants européens au G7 dissimule des stratégies distinctes. « Nous ne souhaitons pas que les Etats-Unis sortent de ces accords. Ce serait une très mauvaise nouvelle avec aussi un probable effet d’entraînement sur d’autres », confiait, avant le sommet, l’entourage de M. Macron. Cette hypothèse de sortie n’effraie pas Angela Merkel, qui considère que la dynamique de l’action climatique peut se poursuivre sans l’appui américain. Pays hôte du sommet du G20, en juillet, à Hambourg, l’Allemagne travaille depuis plusieurs semaines sur un « plan d’action du G20 sur le climat et l’énergie en faveur de la croissance ».