Qui sont les étudiants français qui partent en Erasmus ?
Qui sont les étudiants français qui partent en Erasmus ?
Par Gabrielle Ramain
Le « portait » des bénéficiaires du programme européen d’échanges montre notamment qu’en France, les filles partent plus que les garçons, et que la mobilité de stages y est plus utilisée qu’ailleurs.
Université de Barcelone. L’Espagne est le premier pays d’accueil des étudiants européens en Erasmus+. | JESUS CORRIUS / FLICKR
Xavier, le héros du film L’Auberge espagnole, a pris un coup de vieux : étudiant en économie parti à Barcelone, il n’est plus représentatif de la « génération Erasmus », qui se dévoile dans un rapport de l’Observatoire Erasmus +, publié mardi 30 mai à l’issue d’une vaste enquête auprès de 53 500 étudiants et apprenants qui sont partis à l’étranger grâce à ce programme européen d’échanges en 2015-2016.
Les étudiantes de licence plus nombreuses en Erasmus +
La France est devenue, depuis 2014, le pays qui envoie le plus d’étudiants en mobilité via ce programme, pour des études, avec quelque 40 000 jeunes concernés, devant l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie. Si l’on se penche sur le profil des partants français, les femmes sont majoritaires (58 %). Pour ce qui est de la « mobilité d’études » (jusqu’à deux semestres possibles) elle est plutôt le fait d’étudiants en licence (54,5 % du total), alors que ce sont les étudiants de master (52 %) qui sont le plus représentés dans les « mobilités de stage », qui peuvent se faire au sein d’une entreprise, d’une association ou d’une institution officielle.
Petite spécificité pour les étudiants de cycles courts, BTS et DUT : s’ils ne représentent que 3 % des étudiants en séjour d’étude, ils représentent 23 % des séjours de stage, presque autant que les étudiants de licence.
Si on considère les domaines d’étude, on observe que plus d’un tiers des bénéficiaires français du programme Erasmus + étudient dans une filière commerce, administration, droit. Concernant la durée des séjours, tout type de mobilité confondu, elle est en moyenne de quatre à six mois, mais l’écart est en réalité important selon que l’étudiant choisisse de partir en stage ou en étude. Ainsi 66 % des mobilités de stages sont inférieures à quatre mois tandis que 41 % des mobilités d’étude sont supérieures à huit mois. Pour ce qui est des destinations privilégiées par les étudiants, on retrouve en tête le Royaume-Uni (19 %), suivi par l’Espagne (18 %) et la Scandinavie (12 %).
Lorsque l’on compare ces chiffres à ceux des autres pays européens, on note que les étudiants français partent plus souvent en stage (31 % contre 26,5 % en moyenne pour l’ensemble des pays du programme Erasmus +). Ils sont plus jeunes que les autres étudiants européens bénéficiaires du programme, et partent un peu plus longtemps, mais reçoivent une bourse journalière moins élevée : 6,56 € contre 8,99 € en moyenne.
Erasmus + côté formation professionnelle
Parmi les jeunes partis à l’étranger en 2015-2016, 15 000 étaient issus de l’enseignement et de la formation professionnelle (EFP) et préparaient, parfois en apprentissage, bac pro, CAP ou BEP. Ils sont en majorité (55 %) au lycée, plutôt dans des établissements privés. 30 % d’entre eux suivent une formation dans le secteur des services, 21 % en commerce, administration et droit. Ils effectuent souvent des séjours courts, entre 25 et 34 jours, seuls 16 % d’entre eux partant plus de 55 jours. Quant aux destinations, ces jeunes choisissent le plus souvent des pays anglophones : 26 % sont allés au Royaume-Uni et 11 % en Irlande.
Le rapport fournit également plusieurs points de comparaison avec les autres pays européens : les jeunes français issus de l’EFP partent plus en entreprise que leurs voisins, qui préfèrent aller dans des organismes de formation. Ils sont plus jeunes, 20,7 ans contre 21,3 ans en moyenne, et partent un peu plus longtemps : 36,35 jours contre 31,94 jours pour la moyenne européenne. A noter aussi, la bourse moyenne journalière octroyée est 20 € en dessous de la moyenne européenne, qui s’élève à 54,53 €.
Plus « employables » et plus « européens »
Le rapport de l’Observatoire Erasmus + souligne que, toutes nationalités confondues, plus de 80 % des jeunes partis à l’étranger « perçoivent une amélioration de leur employabilité » à leur retour. Un ressenti qu’il convient de nuancer : une étude du Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) a en effet établi que « pour des jeunes diplômés ayant le même profil – même niveau de diplôme, mêmes origines sociales et même sexe – avoir séjourné à l’étranger en cours d’études a un effet très limité ou nul sur la situation professionnelle à trois ans en France ».
L’enquête Erasmus + souligne aussi que les étudiants et apprenants partis à l’étranger se sentent « davantage européens » après leur mobilité, et constatent des changements dans leurs « aptitudes citoyennes ». L’immense majorité d’entre eux déclarent se sentir « plus tolérants », « plus ouverts d’esprit ». Environ 70 % des jeunes interrogés se disent également plus intéressés par « ce qui se passe dans le monde » et par « les sujets en rapport avec l’Europe ». Et près de la moitié d’entre eux ont l’intention de s’investir dans la vie politique et sociale lorsqu’ils reviennent de mobilité.