Les salariés de Walmart poussés à livrer les clients en rentrant du travail
Les salariés de Walmart poussés à livrer les clients en rentrant du travail
Le géant de la grande distribution américaine s’aventure à compter de juin 2017, dans une nouvelle forme de livraison à domicile réalisée par ses propres salariés.
Marc Lore, PDG de la division e-commerce de Walmart. | ROB LEVER / AFP
Travailler plus pour gagner plus à la mode Walmart. Marc Lore, PDG de la division e-commerce du distributeur américain, a annoncé sur son blog jeudi 1er juin une nouvelle forme de livraison à domicile où les salariés seront mis à contribution.
Qualifiée de « solution gagnante pour toutes les parties : le consommateur, l’employé et l’entreprise » par M. Lore, cette initiative doit se traduire par des réductions des délais de livraison pour les consommateurs, une baisse des coûts pour l’entreprise et des revenus supplémentaires pour les salariés.
De quoi s’agit-il ? Selon le schéma en cours d’expérimentation, au lieu de livrer chaque commande Internet directement, les camions de la compagnie déposent l’ensemble de leur marchandise dans un magasin proche de l’adresse du destinataire. Ce sont ensuite les employés du magasin en question qui peuvent choisir de livrer les colis aux clients, sur le chemin de retour vers leur domicile.
Des employés volontaires
Les employés – volontaires – entrent alors dans une application le nombre, la taille et le poids limites de colis qu’ils souhaitent livrer, ainsi que les jours de disponibilité après le travail, et se voient attribuer des livraisons.
Avec ses 4 700 magasins sur l’ensemble du territoire américain, Walmart se trouve à moins de 20 kilomètres de 90 % de la population. Facile, selon M. Lore, d’imaginer la révolution qui vient, si l’on considère l’ensemble des routes qu’emprunte chaque jour le million d’employés de Walmart.
Seuls trois magasins – deux dans le New Jersey et un dans l’Arkansas – font partie de cette première expérience, mais l’entreprise pointe ce qu’elle juge être de premiers indicateurs de succès. « Les commandes arrivent rapidement à destination, et les employés gagnent plus d’argent sans trop changer leur routine quotidienne », souligne Mark Lore, qui optimiste, projette même d’effectuer des livraisons de commandes en ligne le jour-même.
Plus efficace qu’engager un livreur
La vraie différence avec le crowdsourcing [travail collaboratif de masse] consiste à rémunérer le chemin que font les employés pour rentrer chez eux. Un choix bien plus efficace que celui d’engager un livreur, qui effectue des trajets supplémentaires (vers le magasin pour récupérer le colis avant la livraison, et vers son domicile une fois que la celle-ci a été effectuée) et pour lesquels il n’est pas rémunéré.
Une stratégie en accord avec le slogan « Save money, live better » [économisez plus, vivez mieux] du géant américain.
Ce n’est pas la première fois que Walmart assouplit ses systèmes de vente. La multinationale a par le passé mis en place un système de « drive » avec le service « grocery pick-up », qui permettait de récupérer ses courses et de les mettre directement dans son coffre, sans entrer dans le magasin. Elle avait aussi lancé un service de livraison gratuit sous deux jours, toujours dans l’optique de ne pas avoir se déplacer. Cette nouvelle option de livraison associée s’inscrit donc dans ce processus d’assouplissement de l’accès des clients aux marchandises.
La généralisation de ce mode de livraison serait également pour Walmart le moyen de continuer de rivaliser avec l’un de ses principaux concurrents, Amazon. Le membre des GAFA – Google, Apple, Facebook, Amazon – a lancé il y a peu, un service de livraison à domicile de courses par drone, qui pourrait mettre en difficulté Walmart sur ses services de livraisons déjà existants.