Socialistes, centristes, opportunistes : l’auberge espagnole des candidats de La République en marche aux législatives
Socialistes, centristes, opportunistes : l’auberge espagnole des candidats de La République en marche aux législatives
Par Maxime Ferrer, Mathilde Damgé, Pierre Breteau, Laura Motet, Sophie Dupont, Vincent Nouvet, Jérémie Baruch, Maxime Vaudano, Anne-Aël Durand, Adrien Sénécat, Maxime Delrue, Eléa Pommiers
D’après l’enquête du « Monde », 244 candidats de la majorité présidentielle aux législatives ont déjà décroché un mandat électif. Le plus gros contingent vient du PS.
- La moitié des candidats de La République en marche a déjà occupé un mandat électif
- 121 candidats seraient en situation de cumul avec un exécutif local incompatible avec un mandat de député
- 90 PS, 80 MoDem, 30 UDI, 10 LR…
Le fait est suffisamment notable pour le souligner : selon le décompte du Monde, plus de la moitié des 525 candidats investis par La République en marche (LRM) en vue des législatives des 11 et 18 juin n’ont jamais occupé un seul mandat électif.
Un tour de force qui a tendance à occulter les 244 autres candidats qui, eux, ont déjà exercé des fonctions électives.
Enquête sur les candidats de La République en marche
Favori des élections législatives depuis la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle, La République en marche (LRM) présente pour la première fois des candidats à un scrutin national. Âge, études, métiers, passé politique, profils sur les réseaux sociaux... Le Monde a épluché la liste des 525 candidats soutenus par ce nouveau mouvement pour en analyser la composition.
Voici les principaux volets de notre enquête :
L’immense majorité de ces habitués de la politique ont plutôt été élus municipaux (215), mais on retrouve aussi un ancien sénateur (le radical de gauche Stéphane Mazars), deux anciens eurodéputés centristes (Marielle de Sarnez et Jean-Louis Bourlanges), 38 (anciens) conseillers départementaux et 45 (anciens) élus régionaux.
Seuls 24 candidats LRM ont déjà siégé à l’Assemblée nationale : 19 députés PS, un radical de gauche et quatre écologistes. Elus pour la plupart en 2012, parfois en 2007, aucun n’est susceptible de se heurter à la future loi Bayrou de moralisation de la vie publique, qui devrait interdire le cumul dans le temps de plus de trois mandats identiques consécutifs.
En revanche, selon notre décompte, 121 candidats seraient, en cas d’élection, en contravention avec la loi de 2014 sur le cumul des mandats, qui entrera en vigueur après les législatives. En effet, ils occupent actuellement un ou plusieurs mandats exécutifs locaux (maire, maire adjoint, président ou vice-président de conseil départemental ou régional). Pour pouvoir entrer au Palais-Bourbon, ils devraient donc renoncer à ces mandats dans le mois qui suit leur élection.
Par quels partis sont-ils passés ?
Parmi les candidats dotés d’un bagage politique, le plus gros contingent de militants vient, sans surprise, du Parti socialiste ou du MJS : au moins 90 candidats y ont milité à un moment de leur carrière. Suivent les 79 représentants du MoDem : les trois quarts se présentent officiellement sous l’étiquette du parti centriste de François Bayrou, en vertu de l’accord électoral passé avec En marche ! ; le quart restant a quitté le MoDem et se présente directement sous l’étiquette LRM. C’est notamment le cas de la chroniqueuse des « Grandes Gueules » de RMC Claire O’Petit, une ancienne conseillère municipale à Saint-Denis dont Le Parisien a révélé qu’elle avait demandé en 2015 l’investiture du Front national pour les régionales.
La palme de la girouette politique revient toutefois à Billel Ouadah qui, avant de rejoindre En marche ! dans la 10e circonscription de Seine-Saint-Denis, avait déjà été candidat pour l’UDI, le Parti radical, le Mouvement des citoyens, le MoDem… et brigué sans succès l’investiture UMP pour les régionales.
On retrouve également dans les listes LRM une trentaine de candidats passés par l’Union des démocrates et indépendants (UDI), un mouvement centriste traditionnellement allié à la droite, qui n’avait pas rallié Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. L’UDI n’ayant pas conclu de partenariat avec le parti du président Macron, ces personnalités franchissent toutes le pas à titre individuel.
C’est aussi le cas des dix anciens du parti Les Républicains, à l’image d’Aurore Bergé, qui a rejoint Emmanuel Macron en février, après la défaite de son champion Alain Juppé à la primaire de la droite.
De façon plus anecdotique, LRM a également investi des militants du Parti radical de gauche (10), d’Europe écologie-Les Verts (8) et du MRC de Jean-Pierre Chevènement (2). Dans le Doubs, le mouvement d’Emmanuel Macron a même investi un ancien militant de la CGT et du Parti communiste, Denis Sommer, passé entre-temps par le PS. En Vendée, LRM présente Philippe Latombe, qui était encore candidat du mouvement souverainiste Debout la France il y a deux ans, à l’occasion des régionales. En Haute-Garonne, la majorité présidentielle sera représentée par Sébastien Nadot, un proche de Robert Hue (PCF), qui avait tenté de se présenter à la présidentielle sous la bannière du Mouvement des progressistes.