L’Assemblée nationale le 16 novembre 2010. | JOEL SAGET / AFP

S’il faudra attendre encore quelques jours avant le début des travaux législatifs, les premiers jours à l’Assemblée nationale n’en seront pas moins stratégiques à partir de lundi 19 juin. Outre les rituels d’accueil des nouveaux députés, qui vont être très nombreux, les prochaines nominations et élections au sein du Palais-Bourbon continueront de dessiner l’organisation du pouvoir voulue par Emmanuel Macron, ainsi que les femmes et les hommes-clés chargés de mettre en œuvre sa politique.

  • Journées d’accueil à l’Assemblée

C’est la tradition, les nouveaux élus ont une semaine pour faire leurs premiers pas au Palais-Bourbon. Dès lundi 19 juin à 8 h 30, jusqu’à vendredi à 19 h 30, ils sont accueillis un par un. A cette occasion ils procèdent à des formalités administratives et se voient remettre une mallette contenant des documents, tels que le règlement de l’Assemblée nationale, mais aussi des insignes précieux : une écharpe tricolore, une cocarde à poser à l’arrière de leur véhicule, et un « baromètre », un insigne porté lors des cérémonies publiques.

Les députés ne sont pas convoqués, ils viennent quand ils le souhaitent, mais La République en marche, soucieuse d’accompagner ses députés, pour bon nombre novices en politique, va inviter ses ouailles à ne pas se précipiter à Paris et à rester dans leur circonscription au moins lundi. Le parti pourrait concentrer leur accueil entre mercredi et vendredi.

Les députés ont ensuite quinze jours pour procéder à d’autres démarches classiques : affiliation à la Sécurité sociale ou ouverture du crédit qui leur permettra de rémunérer leurs collaborateurs.

  • Tractation pour les groupes

Même s’ils ne seront pas officialisés avant mardi 27 juin, durant cette première semaine pourraient se dessiner les premières tractations concernant les futurs groupes parlementaires. C’est notamment l’enjeu pour les parlementaires qui, avec leur seul parti, n’ont pas le nombre requis d’élus pour former un groupe (quinze). En cas de catastrophe dimanche soir, ce pourrait être le cas du Parti socialiste (PS). Plus vraisemblablement ce seront La France insoumise et le Parti communiste qui devront s’entendre, en vue notamment, de l’élection de leur président de groupe.

Une autre bataille de chefferie essentielle se jouera dans le groupe Les Républicain (LR), divisés entre ceux qui ont ouvertement affiché leur volonté de travailler avec la majorité d’Emmanuel Macron, et ceux qui lui sont plus hostiles. La bataille devrait commencer dès mardi matin, avec la première réunion de groupe en vue de l’élection, dès mercredi, de leur président de groupe.

  • Week-end d’intégration

Le mouvement La République en marche (LRM) organisera un séminaire de formation pour ses nouveaux députés le week-end des 24 et 25 juin. A cette occasion, le parti précisera aux députés le calendrier des réformes mais aussi la façon dont s’articuleront les relations avec le gouvernement, le parti, le groupe parlementaire… C’est également lors de ce séminaire que devrait être formellement désigné le président du groupe parlementaire LRM.

Selon les informations du Monde, Edouard Philippe prononcera un discours à cette occasion. Le premier ministre devrait par ailleurs recevoir ultérieurement les élus par petits groupes, à Matignon.

  • Election du président de l’Assemblée nationale

La rentrée formelle des députés aura lieu mardi 27 juin à 15 heures. Rangés par ordre alphabétique, les élus se réuniront pour la première fois lors d’une séance qui sera présidée par le futur doyen de l’Assemblée. Le groupe majoritaire devra s’être prononcé auparavant sur le nom de son candidat au perchoir. Le soir même les groupes devront déposer la liste de leurs membres et députés apparentés, le nom de leurs présidents ainsi que leurs déclarations politiques. Ces listes et déclarations sont publiées au Journal officiel le lendemain.

  • Répartition dans les commissions

Dès mercredi 28 juin commencera la stratégique répartition des autres postes-clés : vice-présidents, questeurs et secrétaires. Enfin, jeudi 29 auront lieu les premières réunions des huit commissions permanentes. Les sièges en commission sont répartis de manière proportionnelle entre les différents groupes. Les députés qui y siégeront sont, eux, choisis sur proposition des présidents de groupe. Lors de leur première rencontre, les commissions élisent leur bureau et en particulier leur président, qui doit, pour la commission des finances, être un membre de l’opposition.

  • Discours de politique général

L’ultime étape du coup d’envoi de cette nouvelle législature est fixée au mardi 4 juillet, date à laquelle Edouard Philippe devrait se rendre dans l’hémicycle pour procéder à son discours de politique générale, à l’issue duquel aura lieu le vote de confiance. Nul doute que celui-ci aura la majorité nécessaire, le suspense repose pour l’heure sur l’identité de ceux qui, hors les rangs de La République en marche, afficheront leur « macron-compatibilité » en la lui accordant.