LES CHOIX DE LA MATINALE

Menu très anglo-saxon cette semaine avec Turn, qui revisite la naissance de l’espionnage aux Etats-Unis ; Mildred Pierce qui offre une plongée dans le Los Angeles de la Grande Dépression et la saison 3 de Unbreakable Kimmy Schmidt sur Netflix.

Il était une fois… les premiers espions d’Amérique

Turn - Season 4 Promo

Il est encore temps de découvrir une série qui, sans prétendre se hisser à la hauteur d’autres créations de l’écurie AMC (Mad Men, Breaking Bad), mérite beaucoup plus que l’indifférence. OCS en propose, depuis dimanche 18 juin, la quatrième et dernière saison.

Adaptée du roman Washington’s Spies, d’Alexander Rose, basée sur des faits réels, Turn a su conquérir la ferveur du public américain en entremêlant une série historique et un récit contant la naissance de l’espionnage aux Etats-Unis, au XVIIe siècle, alors que les « patriotes » américains, menés par le général George Washington, prennent les armes pour bouter définitivement les Britanniques hors de ce que ces derniers nomment encore leurs « colonies ».

Commentant récemment les atouts de cette série, son créateur, Craig Silverstein, n’a pas manqué de rappeler combien le contrôle des médias de l’époque, à savoir les journaux, a joué un rôle majeur lors de cette guerre d’indépendance. « Les “fake news” n’ont rien de nouveau. En fait, le pouvoir du mot écrit est un des facteurs clés de la fondation des Etats-Unis », a ajouté Ian Kahn, interprète du général Washington. Martine Delahaye

Turn, saison 4, série créée par Craig Silverstein. Avec Jamie Bell (Etats-Unis, 2016, 10 x 45 min). Sur OCS Max et GO.

Mildred Pierce magnifiée par Todd Haynes

Mildred Pierce Trailer #1 (HBO)

A suivre la minisérie Mildred Pierce, adaptée du roman de James M. Cain par le réalisateur Todd Haynes, on pense moins au film ultra-noir que Michael Curtiz tira de ce roman en 1945, avec Joan Crawford en tête d’affiche, qu’aux douces couleurs et belles ambiguïtés du long-métrage Carol – que Todd Haynes présenta en sélection officielle au Festival de Cannes en 2015, quatre ans après avoir tourné Mildred Pierce pour HBO.

Tout, ici, joue de la nuance, d’une ambiguë transparence, de faux reflets : des couleurs chaudes et crémeuses de ses décors californiens à leur mise en lumière, des fibrillations psychologiques des personnages jusqu’au jeu de Kate Winslet en Mildred Pierce, sans oublier celles qui interprètent sa fille Veda (Morgan Turner quand le personnage est ado, puis par Evan Rachel Wood pour l’âge adulte).

Que vous ayez lu ou non le roman, vu ou non le film de Michael Curtiz, peu importe, c’est à une toute nouvelle lecture d’un terrible et passionnant rapport mère-fille qu’invite ici Todd Haynes. Une minisérie qu’OCS a regroupée en trois parties de quelque deux heures chacune, quand HBO l’avait diffusée sous forme de cinq épisodes. M.De.

Mildred Pierce, minisérie adaptée et réalisée par Todd Haynes. Avec Kate Winslet, Morgan Turner (EU., 2011, 3 x 120 min environ). Sur OCS GO.

Kimmy Schmidt s’ennuie et lasse

Unbreakable Kimmy Schmidt | Season 3 Official Trailer [HD] | Netflix

Lors de la première saison, on avait suivi avec le sourire aux lèvres la sortie de Kimmy Schmidt (Ellie Kemper) de son bunker, où elle avait été enfermée pendant quinze ans avec d’autres filles par un « révérend » un peu barge, qui avait décidé de les protéger de l’apocalypse. Isolée de la civilisation, la brave Kimmy redécouvrait à New York un monde qu’elle avait quitté à la fin des années 1990. La situation se nourrissait de son lot de quiproquos et de gags qu’alimentait aisément la candeur de l’héroïne, que son inébranlable optimisme aidait à sortir des situations les plus invraisemblables.

Lors de la deuxième saison, les fondements de la série s’étaient un peu fissurés, mais la galerie de personnages qui s’agitait dans l’entourage de l’héroïne permettait d’alimenter en rebondissements cette sitcom loufoque.

Malheureusement, la recette ne fonctionne plus pour le troisième volet. Même si quelques bonnes répliques parviennent à provoquer de rares rires, l’ensemble demeure assez poussif, voire gênant à force de bêtise. A tel point que cette brave Kimmy semble s’ennuyer sec, et ce malgré les (trop) nombreuses facéties lourdingues et répétitives de Titus, son colloque homo envahissant. Un calvaire que Netflix semble vouloir prolonger, la plate-forme ayant d’ores et déjà commandé une quatrième saison. Joël Morio

Unbreakable Kimmy Schmidt, saison 3, série créée par Tina Fey et Robert Carlock. Avec Ellie Kemper, Tituss Burgess, Carol Kane (EU, 2017, 13 X 28 min). Sur Netflix à la demande.