Le Finlandais Valtteri Bottas devant les murs de la vieille ville de Bakou, le 23 juin lors des essais libres. | DARKO BANDIC / AP

Après la Chine et Bahreïn en avril, la formule 1 poursuit dimanche 25 juin son tour du monde des régimes autoritaires avec une escale à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. La première édition de la course, en 2016, avait suscité une polémique balayée par le grand argentier de la formule 1, Bernie Ecclestone, en ces termes : « J’ai l’impression que tout le monde est heureux. Il ne semble pas y avoir de gros problèmes. »

Le changement de propriétaire de la formule 1, rachetée par le groupe américain Liberty Media, n’a pas modifié la présence au calendrier du Grand Prix d’Azerbaïdjan – maladroitement baptisé « Grand Prix d’Europe » l’an passé –, outil de promotion d’un régime touché par la baisse du prix du pétrole.

Selon le rapport 2017 de l’ONG Human Rights Watch, les autorités azéries ont libéré 17 détenus politiques depuis l’année dernière, mais « au moins 25 opposants restent derrière les barreaux », et des cas de torture et autres mauvais traitements sont toujours signalés. Même constat global d’Amnesty International, qui note que « plusieurs prisonniers d’opinion ont été libérés, mais 14 au moins [sont] toujours en détention. »

Le Grand Prix d’Azerbaïdjan sera encore au calendrier en 2018, avancé au 29 avril, loin des 24 Heures du Mans qu’il « percutait » l’an dernier, programmé le même jour.

Circuit urbain

Malgré ce contexte, Bakou avait séduit par son parcours lors de sa première apparition. Le circuit, fini in extremis l’an dernier et peaufiné cette année, présente l’énorme avantage d’être en ville. Un retour au cœur des cités que plébiscitent les pilotes et les écuries, et encouragé par le nouveau patron de la formule 1, l’Américain Chase Carey, alors que monte la fronde contre les circuits plats, bordés de zones zébrées et sans réel obstacle.

« Nous ne voulons pas courir sur des circuits qui sont comme des parkings de supermarché », déclarait ainsi le directeur exécutif de Mercedes Toto Wolff le 26 mai, à l’issue du Grand Prix de Monaco. Ajoutant, quitte à choquer : « Quand on manquait un virage autrefois, on mourait ou on était blessé. Aujourd’hui, on manque un virage, on part au large et on reprend la piste. Mais pas à Monte Carlo, peut-être pas à Spa, peut-être pas à Monza, et peut-être pas à Suzuka. »

Nico Rosberg Onboard Pole Lap - F1 2016 Baku [HD]

Il aurait pu ajouter Bakou, dont le tracé a la particularité d’enchaîner, sur six kilomètres, les passages sinueux dans la vieille ville et celui, plus rapide, dans une zone plus moderne de la capitale. Comme si son designer, Herman Tyle, avait synthétisé ses multiples créations – les circuits d’Austin au Texas, Buddh (Inde), Yeongam (Corée du Sud), Yas Marina (Abou Dhabi)… et Monaco. « Il existe une section inspirée de Monaco, mais elle est entourée de longues lignes droites. C’est un peu bosselé, ce qui corse les réglages et le pilotage », dit Nick Chester, directeur technique châssis de Renault, qui compte en profiter pour tester quelques nouveautés.

Cette mixité excite les pilotes. « C’est vraiment un défi [de courir] ici, expliquait le pilote Mercedes Valtteri Botta, lors d’une conférence de presse jeudi 22 juin. C’est l’un de ces endroits où vous ne pouvez pas vous permettre de faire des erreurs lorsque vous vous approchez si près des murs, parfois même en les touchant légèrement. »

La prime au pilotage

Bakou accueille pour la deuxième fois une étape du championnat du monde de formule 1 dimanche 25 juin 2017 sur son circuit urbain. | FIA

Pour certains, c’est un baptême du feu. Ainsi Stoffel Vandoorne, dont la McLaren-Honda n’est pas faite pour affronter les lignes droites mais peut se révéler compétitive sur les sections plus lentes : « Ce circuit est un vrai mélange avec les caractéristiques d’autres pistes – de grandes vitesses de pointe et de longues lignes droites – mais aussi un pilotage proche des murs, avec de gros freinages pour les virages très serrés. » Le Belge, comme son partenaire chez McLaren Fernando Alonso, sera pénalisé de 15 places sur la grille de départ après que leur moteur Honda a été modifié pour la sixième fois déjà cette saison, contre quatre autorisés.

Sur ce circuit mixe qui valorise les pilotes, chacun espère montrer de quoi il est capable, comme le Français Esteban Ocon (Force India), dont les tensions avec son coéquipier Sergio Perez sont officiellement aplanies, deux semaines après leur spectatulaire passe d’armes au Canada.

Kimi Räikkönen (Ferrari), 4e l’an dernier avoir été pénalisé pour avoir franchi une bande blanche à la sortie des stands, ou l’impétueux Max Verstappen (Red Bull), qui insiste sur le caractère piégeux de certains secteurs « avec quelques-uns des virages les plus étroits de la saison », pourraient aussi trouver terrain à leur convenance. Le Néerlandais a réalisé avec son coéquipier Daniel Ricciardo les deux meilleurs temps de la première séance d’essais libres, vendredi 23 juin.

L’écurie Sauber vivra le Grand Prix dans une atmosphère particulière après la confirmation du départ de sa patronne, Monisha Kaltenborn, fille spirituelle du fondateur de l’écurie, Peter Sauber, et première femme à diriger une écurie de formule 1. Selon L’Equipe, un différend l’aurait opposée au nouveau propriétaire, le fonds d’investissement suédois Longbow Finance.

A suivre dimanche 25 juin sur Canal+ dès 14 h 25 ; départ de la course à 15 heures.