La Chine sur la liste noire du trafic d’êtres humains établie par les Etats-Unis
La Chine sur la liste noire du trafic d’êtres humains établie par les Etats-Unis
Le département d’Etat a dévoilé, mardi, son rapport annuel sur le sujet. Pékin est, notamment, mis en cause pour le recours aux travailleurs forcés nord-coréens.
Un travailleur chinois sur un chantier de la Grande Muraille à Jiankou, dans le district de Huairou, en juin 2017. | DAMIR SAGOLJ / REUTERS
Un camouflet. La diplomatie américaine a placé la Chine sur sa liste noire du trafic d’êtres humains, au même rang que la Syrie ou la Corée du Nord. Ainsi, dans son rapport annuel sur le sujet, publié mardi 27 juin – le premier pour l’administration de Donald Trump –, le département d’Etat place le pays parmi les 23 au monde qui « ne font pas d’efforts significatifs » pour combattre la traite des personnes.
La Chine « n’a pas pris de mesures sérieuses pour mettre fin à sa complicité dans le trafic d’êtres humains, y compris les travailleurs forcés nord-coréens basés en Chine », a ainsi justifié le chef de la diplomatie états-unienne, Rex Tillerson. Grâce à ces travailleurs forcés envoyés en Chine et en Russie, « la Corée du Nord reçoit des centaines de millions de dollars par an », a-t-il poursuivi. « Cela ne peut pas continuer. » Le document pointe également la situation de la minorité musulmane ouïgour au profit de responsables chinois.
Ce rapport intervient au moment où la rhétorique hostile à Pékin entretenue pendant la campagne présidentielle par M. Trump a laissé place à un réchauffement spectaculaire, avec la levée de barrières commerciales entre les deux pays. Lors d’une conférence de presse quelques heures avant la publication du texte, Lu Kang, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, avait assuré que son pays combattait résolument le trafic d’êtres humains et qu’il souhaitait travailler avec tous les Etats intéressés pour sévir contre ce type de crimes. « La Chine s’oppose avec fermeté aux remarques irresponsables des Etats-Unis », a-t-il lancé.
Sanctions possibles
La diplomatie américaine a, dans la foulée, mis en garde contre la possibilité que les relations commerciales avec la Chine soient entachées par le travail forcé. « Les consommateurs américains doivent reconnaître qu’ils peuvent avoir à leur insu un lien avec le trafic d’êtres humains » à travers des produits qu’ils achètent, a prévenu M. Tillerson. La Russie, avec laquelle le président Trump a également formulé le souhait d’un rapprochement diplomatique, demeure sur cette liste noire pour la cinquième année consécutive.
« Mettre fin au trafic d’êtres humains est une priorité majeure de politique étrangère pour l’administration Trump », a martelé Ivanka Trump, l’une des filles et conseillère du locataire de la Maison Blanche, qui assistait à la cérémonie du département d’Etat à l’occasion de la publication de ce rapport. Les pays rétrogradés au niveau 3 – le pire possible – peuvent faire l’objet de sanctions par les Etats-Unis allant de restrictions dans l’assistance américaine à l’arrêt des échanges culturels ou éducatifs. Ces mesures punitives sont toutefois laissées à l’appréciation de la Maison Blanche.
Enfants-soldats
Trois pays africains, la République démocratique du Congo (RDC), le Congo-Brazzaville et le Mali, font également leur entrée sur cette liste noire. La diplomatie américaine leur reproche notamment une trop grande tolérance pour les enfants-soldats et la complicité des autorités locales avec ce fléau.
Haïti remonte cette année au niveau 2 grâce à « des efforts significatifs » pour lutter contre la traite des personnes, mais demeure « sous surveillance », au même titre que l’Algérie. Cuba, dénoncé par l’administration Trump comme un régime « brutal » en raison des violations des droits de l’homme, reste également sous surveillance au niveau 2 pour la troisième année consécutive.
En revanche la Birmanie, très critiquée les années précédentes pour ses enfants soldats, passe au niveau 2 en raison de mesures prises pour mettre fin à ces pratiques. L’ONG Human Rights Watch a condamné le retrait de la liste noire de la Birmanie et de l’Irak, qualifiant de « mensonges » les assurances par le département d’Etat que la situation dans ces pays s’améliorait.