Le prix médian d’une maison à Saint-Malo est désormais de 247 000 euros, contre 301 000 euros en 2007. | Pom Angers (Flickr, Licence Creative Commons)

Le littoral nord de la Bretagne est de nouveau une destination prisée. Résultat : après des années 2013, 2014 et 2015 moroses, le marché immobilier, essentiellement porté, sur ce territoire, par les résidences secondaires, se réveille.

Dans certains endroits, comme sur la Côte d’Emeraude, qui va du cap Fréhel à Cancale, « nous retrouvons en 2016 les mêmes volumes de vente qu’en 2007, avant la crise », se réjouit Pierre-Yves Chevalier, président de la chambre syndicale Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier) de Bretagne. « Et l’année 2017 devrait ressembler à 2016 », ajoute-t-il.

Ce rebond est en grande partie dû au niveau bas des taux d’intérêt nominaux de crédits immobiliers, qui s’établissaient encore à 1,56 % en moyenne en mai 2017, selon l’Observatoire crédit logement/CSA. Mais pas seulement. La perspective de l’arrivée de la nouvelle ligne à grande vitesse (LGV) Paris-Rennes a incité des ménages franciliens proches de la retraite à passer à l’acte.

Les Franciliens constituent un tiers des acheteurs de résidences pincipales sur le littoral du nord de la Bretagne. | Baromètre immobilier des Notaires de l'Ouest d'avril 2017, spécial résidences secondaires

Sans compter que le développement des plates-formes de locations saisonnières ouvre la voie à de nouveaux usages des résidences secondaires. « De nouvelles opportunités s’offrent aux propriétaires pour tirer profit de leur bien en le louant ou l’échangeant sur des plates-formes telles que Airbnb ou Trocmaison », note Loïc Lecuyer, du conseil régional des Notaires de l’Ouest, dans une étude sur l’immobilier secondaire publiée en avril.

Derniers mois pour de « bonnes affaires » ?

Enfin, le marché du littoral breton ne se serait pas redressé de la sorte sans une prise de conscience des vendeurs qui ont (enfin) accepté de revoir leurs exigences à la baisse. « Clairement, en 2016, le marché était très favorable aux acheteurs », confirme Pierre-Yves Chevalier. Mais cette situation pourrait n’être qu’éphémère, car « les biens disponibles se font de plus en plus rares, donc les vendeurs reprennent du pouvoir », ajoute-t-il.

En conséquence, les tarifs ont amorcé une remontée depuis peu : le prix médian d’une maison ancienne sur la Côte d’Emeraude est en hausse de 5,7 % sur an, à 185 000 euros, selon les derniers chiffres des Notaires de l’Ouest, publiés en juin.

Toutefois, ces niveaux de prix « restent globalement inférieurs à ceux pratiqués avant la crise de 2008 », rappellent les Notaires de l’Ouest. Exemple : le prix médian d’une maison à Saint-Malo est désormais de 247 000 euros, contre 301 000 euros en 2007. De même, à Pléneuf-Val-André, dans les Côtes-d’Armor, il atteint 215 000 euros, contre 289 057 euros il y a dix ans. Il reste donc de bonnes occasions.

« Les prix sont redevenus raisonnables », résume M. Chevalier. « Mais depuis peu, ils remontent. Ces mois-ci sont donc peut-être les derniers pour réaliser de bonnes affaires. ». Dans la vallée de la Rance, à Plouër-sur-Rance et au Minihic-sur-Rance, ou sur les bords de mer à Lancieux et à Saint-Lunaire, notre expert note cependant que les prix n’ont pas amorcé de hausse franche, contrairement à certaines villes voisines.

A l’ouest, c’est plus abordable

Reste que pour acheter des biens à des prix serrés sur le littoral breton, mieux vaut aller plus à l’ouest. « Historiquement, le littoral a toujours été moins cher dans les Côtes-d’Armor qu’en Ille-et-Vilaine, à l’exception du Val-André et de Saint-Cas-le-Guildo », rappelle Pierre-Yves Chevalier.

C’est encore plus vrai pour la moitié nord du Finistère, où beaucoup de Franciliens ayant des attaches bretonnes achètent des biens à des prix attractifs. Il est possible de trouver dans ces contrées de belles maisons pour à peine 150 000 euros, explique Me Gaït Martin-Veilhan, dont l’étude notariale est à Roscoff. Seule Carantec, l’une des villes les plus chères du département, fait exception.

Plus globalement, « sur ce littoral du Finistère Nord, les vendeurs ont également accepté de revoir leur prix à la baisse depuis 2016. Et le marché a retrouvé une dynamique », dit Me Gaït Martin-Veilhan. De même, « nous commençons à manquer de biens. Cela aura forcément un effet sur la hausse des prix prochainement », redoute-t-elle. Pas de quoi, toutefois, gripper le marché dans les prochains mois.

Pour ceux qui souhaiteraient profiter au maximum de la tranquillité de la région, Me Martin-Veilhan recommande l’Île de Batz, qui abrite principalement de petites maisons.