Environ trois-cents représentations dans le « in », 1500 pour le « off ». Pour se distinguer à Avignon, l’une des clés est d’avoir su faire parler de soi pendant les répétitions, bien avant que la salle ne se remplisse. Que ce soit par les thèmes abordés ou par leur forme, les dix événements que nous avons retenus font partie de la liste des spectacles les plus attendus de cette 71ème édition.

  • Des marionnettes sur les rails : Ramona de Rezo Gabriadze

« Des marionettes sur les rails » qui racontent l’enfance de Rezo Gabriadze | © Irakli Sharashidze

Dans la biographie de l’artiste multi-facettes géorgien Rezo Gabriadze, la légion d’honneur arrive en bonne place et pour cause, c’est en France qu’il a étudié la sculpture. Passé par le cinéma, la littérature ou encore la peinture, c’est peut-être dans les spectacles de marionnettes qu’il s’est rapproché le plus de sa discipline initiale. Ramona en est un. En URSS, une locomotive s’entiche d’un « engin de fer » dont elle est séparée par l’inéluctable parallélisme des rails de chemin de fer. Une pièce qui « raconte l’enfance » du Géorgien.

Du 11 au 17 juillet à la Maison Jean Vilar

  • Le feuilleton théâtral : On aura tout, par Christiane Taubira et Anne-Laure Liégeois

Feuilleton, ge, les mots ne manquent pas pour essayer de définir ce que Christiane Taubira proposera au public d’Avignon. Invitée par Olivier Py à sélectionner des textes de théâtre, mais pas seulement, l’ancienne Garde des Sceaux a collaboré avec Anne-Laure Liégeois à la mise en scène pour que se succèdent comédiens amateurs et professionnels à la tribune. Une tribune horizontale puisque c’est dans le jardin Ceccano que seront présentés chaque soir ces morceaux choisis.

Du 8 au 23 juillet au Jardin Ceccano

  • Haussmann dans la Cité des Papes : Les Parisiens, d’Olivier Py

Représentation de "Les Parisiens" d’Olivier Py le 5 juillet à Avignon. | BORIS HORVAT / AFP

Olivier Py est né plus près d’Avignon que de Paris où il est arrivé pour sa deuxième année de prépa littéraire. Directeur du Festival d’Avinon depuis 2014, il y amène cette année les immeubles haussmanniens. Adaptée de son roman éponyme, la pièce décrit et questionne pendant plus de quatre heures le microcosme culturel de la capitale. La comédienne Laure Calamy a multiplié les rôles à l’écran ces dernières semaines mais c’est sous la direction d’Olivier Py, qu’elle retrouve cette année à Avignon, qu’elle a commencé sa carrière en 2001.

Du 8 au 15 juillet à la FabricA

  • Un échappatoire commun : Face à la mer, pour que les larmes deviennent des éclats de rire, de Radhouane El Meddeb

L’eau comme un « échappatoire ». C’est ce que partagent ceux qui habitent face à la mer. La chorégraphie du Tunisien Radhouane El Meddeb tente de montrer que, selon la côte depuis laquelle on regarde la mer, on n’échappe pas aux mêmes conflits, qu’ils soient intérieurs ou politiques. C’est la première fois que Radhouane El Meddeb vient présenter son travail à Avignon avec une production française qui s’interroge sur son rapport à sa double culture.

Du 20 au 25 juillet au Cloître des Carmes

  • L’année Barbara : Vaille que vivre, (Barbara) par Juliette Binoche et Alexandre Tharaud

Le nom est entre parenthèse, et c’est plutôt rare. Pour commémorer les vingt ans de la mort de la chanteuse, les hommages se sont multipliés cette année. Avignon a choisi deux invités de marque pour célébrer à sa façon la mémoire de Barbara: la comédienne Juliette Binoche, qui revient à Avignon après six ans d’absence, et le pianiste Alexandre Tharaud. Un choix presque logique pour interpréter les textes du récit autobiographique Il était un piano noir, publié un an après la mort de la chanteuse.

Du 23 au au 26 juillet dans la Cour du Lycée Saint-Joseph

  • Die kabale der scheinheiligen das leben des herrn de Molière (Le roman de monsieur Molière) de Frank Castorf d’après d’après Mikhaïl Boulgakov

Jeanne Balibar a, elle aussi, rendu hommage à Barbara cette année en l’interprétant sous la direction de Mathieu Amalric dans un film qui sortira à la rentrée, mais c’est pour un tout autre projet qu’elle sera à Avignon. C’est aux ordres de Frank Castorf qu’elle s’est pliée pour l’adaptation de textes du russe Mikhaïl Boulgakov… mais aussi de ceux de Fassbinder, Racine, Corneille et Molière. De quoi tenir un questionnement de presque six heures sur le rapport du théâtre à l’autorité politique.

Du 8 au 13 juillet au Parc des Expositions d’Avignon

  • Homme moderne, homme aveugle : Figninto, l’oeil troué, de Seydou Boro et Salia Sanou

« Figninto - L'oeil troué », de Seydou Boro et Salia Sanou. | Margo Tamizé

Le spectacle proposé par les chorégraphes burkinabés Seydou Boro et Salia Sanou a été créé il y a vingt ans mais continue d’afficher sa contemporanéité dans la réflexion qu’il propose: « la condition de l’homme pressé [...] qui ne prend plus le temps de la rencontre, de l’amitié, de l’amour ». Navigant entre la France et l’Afrique où ils ont participé à la création du Centre de développement chorégraphique, Seydou Boro et Salia Sanou font partie des nombreux autres artistes africains invités à Avignon pour un focus sur l’Afrique subsaharienne.

Du 9 au 15 juillet au Théâtre Benoît-XII

  • L’Europe en émission de télé-réalité : Dans les ruines d’Athènes, par le Birgit Ensemble

Comme à son habitude, le Birgit Ensemble proposera sans doute le spectacle le plus participatif du « in » d’Avignon. Dans les ruines d’Athènes s’inspire de l’univers de la télé-réalité pour construire un spectacle-émission dans lequel les spectateurs pourront voter pour celui dont ils veulent « effacer la dette bancaire ». Les metteuses en scène Julie Bertin et Jade Herbulot ont toutes deux étudié la philosophie ou les lettres. Elles interrogent doublement l’Europe grâce au théâtre, cette année à Avignon, puisqu’elles y présenteront aussi Memories of Sarajevo.

Du 9 au 15 juillet à la FabricA

  • Les enfants du génocide rwandais : Unwanted, de Dorothée Munyaneza

« Unwanted », non désirés. La rwandaise Dorothée Munyaneza est allée à la rencontre des femmes violées pendant le génocide qui a décimé son pays d’origine. La performance est classée dans la catégorie « Indiscipline » de la programmation puisque la chorégraphe et danseuse sera accompagnée sur scène par les musiciens Alain Mahé et Holland Andrews et par le plasticien Bruce Clark.

Du 7 au 13 juillet à Chartreuse de Villeneuve lez Avignon

La cours d’honneur du Palais des Papes, en 2016,  avant  « Les Damnés » de Visconti. | BORIS HORVAT / AFP

  • La parade du « Off »

Avec près de 1500 spectacles proposés cette année, il aurait été cruel de devoir choisir seulement quelques extraits d’une programmation aussi dense. Il existe toutefois un moment privilégié qui permettra au public d’Avignon de voir un maximum de compagnies réunies sur un minimum de temps: la parade d’ouverture qui, chaque année, rassemble des milliers de personnes. Dans ce joyeux bazar, les troupes se doivent de donner le meilleur d’elles-mêmes pour inviter les spectateurs à venir les retrouver quelques jours plus tard dans les différents lieux du festival.

Le 7 juillet à 17h30