Avec « Soma », le fitness brûle les planches
Avec « Soma », le fitness brûle les planches
M le magazine du Monde
La chorégraphe Raphaëlle Delaunay a mis en scène sa découverte du fitness dans un spectacle qui mixe allègrement théâtre et danse, électro, jazz et Berlioz.
Danseuse, Raphaëlle Delaunay a eu l’idée de son spectacle « Soma » en s’adonnant à la pratique du sport en salle. | Herman Diephuis
Raphaëlle Delaunay, 41 ans, est une gourmande de danse, de toutes les danses. Passée par l’École de l’Opéra national de Paris, elle bifurque chez l’Allemande Pina Bausch en 1997, puis se frotte au néoclassique de Jiri Kylian, à La Haye, avant de se risquer dans la gestuelle extrême d’Alain Platel, à Gand. Parallèlement, elle plonge dans les traditions caribéennes pour Jeux d’intention (2005) ou endosse le style de Joséphine Baker dans Chez Joséphine (2013).
La voilà aujourd’hui qui met en scène sa découverte du fitness dans son spectacle Soma. « Je passe du temps à m’échauffer et suis toujours en recherche de nouvelles pratiques, explique-t-elle. J’avais envie de rendre ce rituel quotidien plus funky, de retrouver une forme d’endurance et de tonicité. Mais lorsque, en 2015, j’ai franchi les portes d’une salle de sport pour la première fois, je me suis demandé ce que je faisais là. » Raphaëlle Delaunay ne se pose pas longtemps la question. Elle enchaîne les trainings : fitness, body-combat, zumba, abdos-fessiers, machines en tout genre… « J’ai trouvé dans ces pratiques une forme de plénitude entre mon corps et mon esprit. » Pendant les cours, elle est frappée par le vocabulaire des professeurs. « Il y avait des expressions comme “on va chercher la brûlure”, “gardez le périnée engagé”, “faites connaissance avec la douleur et apprivoisez-la”. »
Naît l’idée du spectacle, intitulé Soma, pour « somatique » mais aussi pour l’anagramme « maso » et « Samo », le pseudonyme du peintre Jean-Michel Basquiat. Elle écrit un texte sur son expérience et ce rapport au corps sous pression vécu par ceux et celles qui fréquentent les salles de sport, puis fonce dans le mouvement. Entre danse « stakhanoviste » et théâtre pour « apporter avec les mots le décalage et l’humour », Delaunay met le paquet sur une musique électro et jazz. « Avec Berlioz en apothéose finale ! » s’amuse-t-elle. Une déferlante d’énergie et un cardio d’enfer.
« Soma », de et avec Raphaëlle Delaunay. Maison des métallos, 94, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e. Du 11 au 15 juillet. www.maisondesmetallos.paris