Résultats du bac le 5 juillet à Cherbourg-Octeville. | CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Résultats meilleurs ou moins bons qu’attendus au bac 2017, inquiétudes sur son orientation sur Admission post-bac (APB), possibilités d’études supérieures avec ou sans le bac… Ferroudja Kaci, conseillère en orientation scolaire au Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ) a répondu aux questions des internautes du Monde.fr, lors d’un tchat à l’occasion des résultats du bac, mercredi 5 juillet. Voici le compte rendu de cet échange.

Est-ce que les résultats du bac sont transmis automatiquement aux établissements du supérieur qu’on a demandés sur APB ? Est-ce que ces résultats peuvent avoir des répercussions sur l’ordre des listes d’attentes, notamment si on obtient une mention ?

Il n’y a pas de lien direct entre les sites des résultats du bac et la plate-forme APB : celle-ci sert à se pré-inscrire dans l’enseignement supérieur mais il faudra de toute façon se déplacer pour s’inscrire et justifier de l’obtention du diplôme du bac.

Obtenir une mention, quand on sort d’un bac technologique ou professionnel, permet d’accéder de droit à des filières sélectives (BTS) de la spécialité du bac. Faire partie des 10 % des meilleurs bacheliers de sa filière et de son lycée peut aussi permettre de bénéficier du dispositif « meilleurs bacheliers », quelle que soit sa filière (bac général S, ES ou L, bac technologique et bac pro). Mais en dehors de ces cas, avoir obtenu son bac de justesse ou avec une mention n’influencera pas les réponses obtenues sur APB.

Plus de détails dans cet article : Les « meilleurs bacheliers » pourront accéder à une filière sélective sur APB

Je veux être soignante auprès des personnes âgées ou des personnes handicapées. Y a-t-il des filières services à la personne, paramédicales ou santé-social accessibles sans bac ? Est-il trop tard pour s’inscrire ?

Oui, il existe des formations accessibles sans le bac. Je pense par exemple au DE (diplôme d’Etat) d’aide-soignant et à celui d’accompagnant éducatif et social, de niveau CAP, qui permettent d’accéder à l’emploi après un an de formation, avec de grandes chances de trouver un travail.

Si cela vous intéresse, nous organisons au CIDJ, à Paris, une journée des métiers des services à la personne, mardi 26 septembre.

Ma petite-fille vient d’échouer à son bac S avec 7,78, et avis favorable, mais elle n’est pas au rattrapage. Elle avait son école et son emploi pour un BTS. Est-ce normal qu’elle ne soit pas au rattrapage pour 2 dixièmes de points ?

Ne pas avoir son bac n’est pas un obstacle infranchissable pour accéder au BTS : comme je viens de le rappeler, il n’est pas obligatoire d’avoir le bac pour débuter un BTS, surtout en alternance. Il est en revanche possible que son établissement lui demande de le présenter à nouveau l’an prochain en candidat libre. Il faut qu’elle se rapproche rapidement de l’établissement qu l’a acceptée, pour s’assurer qu’il est en mesure de l’accueillir.

A savoir cependant : dans les établissements publics et privés sous contrat, pour faire un BTS en formation initiale (hors alternance) un échec au bac risque de coûter sa place. Le grand nombre de candidats conduit ces établissements à privilégier les bacheliers.

Un bac qu’on a eu au rattrapage a-t-il moins de valeur dans l’enseignement supérieur ?

Rattrapage ou pas, c’est le fait d’obtenir le bac qui est essentiel pour poursuivre dans l’enseignement supérieur. D’ailleurs les candidats sont pré-inscrits avant même les résultats du bac, sur la base du dossier scolaire, et pourront s’y inscrire du moment qu’ils réussissent l’examen.

Notre fille est en liste d’attente pour 12 écoles en alternance DUT techniques de commercialisation ou BTS tourisme, elle est à Londres depuis onze mois et cherche une entreprise mais ne trouve pas ; où peut-elle s’adresser ? Peut-elle bénéficier de la bourse si elle poursuit ses études à Londres si elle envisage de le faire ?

Son inscription ne sera définitive qu’à la conclusion d’un contrat d’alternance avec une entreprise partenaire. Si elle ne parvient pas à en trouver, on pourrait lui conseiller de postuler en procédure complémentaire sur APB, pour une formation initiale à temps plein. Elle pourra l’an prochain demander à effectuer sa deuxième année en alternance : elle aura d’ailleurs plus de facilité à convaincre les entreprises de signer un tel contrat (elle bénéficiera de l’expérience de son stage de première année).

Concernant la bourse, j’imagine que vous parlez d’une bourse du Crous, sur critères sociaux ? Si oui, et que votre fille ne part pas à Londres dans le cadre d’un échange, elle ne devrait pas pouvoir en bénéficier dès sa première année d’études à l’étranger. Elle peut se rapprocher de notre service relations internationales par e-mail, eurodesk@cidj.com, pour construire son projet de mobilité.

Une connaissance vient de rater son bac pour la troisième fois… Que peut-elle faire si elle souhaite continuer par la suite ? Merci d’avance !

Je signale l’existence du « module de repréparation à l’examen par alternance » (Morea), un dispositif destiné aux candidats qui ont échoué à deux reprises au bac et souhaitent le repasser hors du système classique : ils ne repasseront que les matières où ils ont échoué (moins de 10/20), et alterneront semaines en entreprise et semaines de formation au lycée, en effectif réduit. Ils passeront l’examen en candidat libre, mais avec un statut d’élève. Il faut se rapprocher de la MLDS (mission de lutte contre le décrochage scolaire) de son académie.

A savoir également : il est possible de poursuivre ses études, en BTS par exemple, sans avoir le bac.

Est-ce que le bac français vaut plus ou moins que d’autres bacs, pour entrer dans une université étrangère ?

Cela reste un diplôme de bon niveau et un passeport pour rejoindre des universités étrangères. Seules certaines demandent des mentions ou des notes minimales dans certaines matières. Ce qui importe aussi est le niveau dans la langue du pays ciblé, test à l’appui. Un projet de mobilité se construit en général durant une année, on commence souvent ses études en France pour partir plus tard, avec un niveau d’études souvent plus élevé que le bac.

Et l’année de césure alors, vous n’en parlez pas ? Si on a pas le bac ça vaut vraiment le coup. Croyez en mon expérience…

Bac ou pas bac, l’année de césure vaut le coup, à condition de bien la préparer ! Il ne faut pas qu’elle consiste à ne rien faire durant un an.

De mon temps il existait une équivalence du bac pour entrer à la fac. Cela est-il toujours le cas ? Si oui, comment cela se passe ?

Il y a plusieurs possibilités d’entrer à l’université : il existe notamment le DAEU, qui est un équivalent au bac. Mais il n’est pas une solution pour ceux qui seraient recalés lors du bac 2017 : la première condition d’accès est d’avoir 20 ans et deux ans d’arrêt de scolarité, ou 24 ans sans cette condition d’arrêt de scolarité.

Que valent toutes ces écoles privées qui disent qu’il n’y a pas besoin d’avoir le bac pour y entrer ou au moins qu’elles acceptent un certain pourcentage de non-bacheliers dans leur promo ? Tout ceci est-il bien contrôlé ?

Il y a de tout, donc vigilance ! Plutôt que de s’intéresser seulement au statut de l’établissement, il faut prendre le temps d’étudier le parcours qu’on vous propose. Les diplômes sont-ils visés par l’Etat, ou certifiés, ce qui est déjà un premier critère qui incite à la confiance.

Quand on a raté son bac aujourd’hui, on se doutait bien, depuis plusieurs mois, que ça allait être chaud… Pourquoi personne ne nous a proposé de solution d’orientation sans le bac ?

Plutôt que de parler de solutions d’orientation, il vaut mieux évoquer la construction d’un parcours. Et vous devez être au cœur de cette construction ! N’hésitez pas à vous rapprocher des structures d’orientation (CIO, CIDJ, CRIJ) pour rencontrer un conseiller et faire le point.

La première solution serait d’envisager le redoublement (il est de droit si l’on reste dans son établissement), peut-être en changeant de filière ?

Pour les études de médecine, que conseillez-vous quand on a pas eu le bac vraiment haut-la-main ?

Ce sont des études difficiles, avec 90 % d’échec en première année. Ceux qui réussissent sont plutôt des élèves sortant d’un bac S avec un bon niveau. Il ne faut pas se décourager pour autant, préparez votre rentrée, mettez à jour vos connaissances. Il existe aussi des prépas d’été, ainsi que des prépas durant l’année de Paces, qui fonctionnent comme des cours de soutien. Ils peuvent aussi bénéficier du système de tutorat proposé au sein de leur université. Dès le premier semestre, des passerelles existent pour ceux qui ne trouveraient pas leur place en Paces et souhaitent se réorienter ou se remettre à niveau en sciences, avant de rejoindre un autre parcours qu’une Paces.

Le coup de la liste complémentaire d’APB, ça mène que vers des formations pas top !

La procédure complémentaire permet d’accéder aux places vacantes des établissements, ce n’est pas une seconde chance d’accéder à toutes les formations qui étaient proposées lors de la procédure normale. Côté formations, il y a un peu de tout, même si les licences de l’université qui ne sont pas sélectives dominent. ll y a des places en prépa, en DUT, BTS, mais il faut savoir que vous ne pourrez pas postuler dans une formation d’un établissement que vous n’avez pas obtenu via la procédure normale d’APB.

Pour avoir une chance d’obtenir une place en procédure complémentaire, il est important de se connecter très régulièrement, voire tous les jours, pour regarder les places qui se sont libérées et sur lesquelles vous pouvez candidater. Il faut aussi être réactif en respectant les délais de réponse, qui varient au cours de la procédure.

J’ai 26 ans et pas le bac. J’aime bien le commerce. Que puis-je faire sans le bac ?

Vous pouvez passer un DAEU [diplôme d’accès aux études universitaires], évoqué tout à l’heure dans ce tchat, puis rejoindre un BTS en commerce. Selon votre parcours, il y a aussi des titres professionnels, qui permettent en quelques mois d’acquérir des compétences et un niveau de formation équivalent au bac et plus. Il faut regarder par exemple du côté de l’AFPA.

Mieux vaut-il être au chômage avec ou sans le bac ?

Toutes les études montrent que plus on est diplômé, et moins on a de risque d’être au chômage. Mais cela dépend aussi de la spécialité du diplôme. Certains bacs professionnels permettent d’accéder directement et facilement au marché de l’emploi, tandis qu’une licence très généraliste n’intéressera pas forcément tout de suite un employeur.

Si on a échoué au bac ES ou STMG, quels sont les diplômes « niveau bac » reconnus comme équivalents et permettant de reprendre plus tard des études à la fac ? Est-il trop tard pour s’inscrire ?

En théorie, pour s’inscrire à l’université il suffit d’avoir le bac, vous pouvez envisager de préparer un bac professionnel. Mais les chances de réussir en première année de licence avec un bac pro sont minces.

Il existe d’autres diplômes permettant d’entrer à l’université, outre le DAEU évoqué tout à l’heure : les capacités en droit et gestion, qui durent deux ans, et qui permettent dans le meilleur des cas de rejoindre une deuxième année de licence de droit ou de gestion. Il n’est pas exclu qu’il reste des places, il faut se rapprocher des universités qui les proposent.

On parle enfin de formation tout au long de la vie, il faut se projeter au-delà des deux ou trois années à venir, et savoir qu’on peut reprendre des études après quelques années à travailler, notamment via la VAE (validation des acquis de l’expérience) et la VAP (validation des acquis professionnels).