LES CHOIX DE LA MATINALE

Après Game of Thrones lundi, c’est au tour d’un autre monstre sacré des séries, Twin Peaks, de faire son retour, à partir du 20 juillet sur Canal+. En attendant, on peut revoir les épisodes d’En analyse et se plonger dans la liste des nominés aux Emmy Awards pour dénicher de nouvelles pépites.

« Twin Peaks : The Return » : étrange, comme c’est étrange…

A la fin de la saison 2 de Twin Peaks (1990-1991), la série télévisée légendaire de David Lynch et Mark Frost, l’agent spécial Dale Cooper, joué par Kyle MacLachlan, disait : « J’ignore où cela nous mènera mais ce sera un endroit à la fois merveilleux et étrange. »

Et à ce qu’on peut en juger, après neuf épisodes de Twin Peaks : The Return – pardon : neuf « parties », ainsi qu’il est demandé de dire et d’écrire, on ne sait trop pourquoi, par la production et la chaîne Canal+ –, l’étrangeté est bel et bien au rendez-vous.

Il semble que Lynch, qui dirige tous les épisodes de ce qui n’est donc pas une saison 3 mais une nouvelle salve de « parties », se laisse aller à une inspiration parfois désorientante et qu’on pourrait croire sous l’influence de produits hallucinatoires. Ainsi, dans la très longue séquence atomique de la partie 8, le réalisateur semble, avec son compositeur, refaire les expériences des années 1960 en matière d’images et de sons synthétiques…

Osera-t-on dire qu’après neuf épisodes on a décroché depuis un moment et qu’on suit la chose essentiellement par devoir professionnel ? Mais on est qu’à mi-parcours des dix-huit parties et l’on peut espérer que ce qui paraît souvent comme un galimatias rhizomatique prenne sens et forme. Renaud Machart

« Twin Peaks : The Return », chaque jeudi à 21 heures sur Canal+. Et sur Canal+ à la demande.

« En Analyse » : quatre patients et un psychanalyste

Voici une série qui, par sa nature même, sans cesse renouvelée par ses personnages, aurait pu continuer quelques saisons de plus… Mais In Treatment (« En Analyse », 2008-2010), remake nord-américain créé par Rodrigo Garcia d’une série israélienne, BeTipul (2005-2008), créée par Hagai Levi, Ori Sivan et Nir Bergman, s’est arrêtée après la troisième.

Chaque saison, les rapports entre un psychanalyste (Paul Weston, joué par Gabriel Byrne) et quatre patients (voire davantage quand ceux-ci viennent en couple) sont décrits, au jour le jour, au fil de leurs séances. A ces quatre jours, il faut ajouter un cinquième, le vendredi, qui voit Paul, chaviré par un mariage qui bat de l’aile et troublé par sa relation borderline avec une patiente séduisante en plein transfert érotique, se rendre chez Gina (jouée par Dianne Wiest), son ancienne professeure et mentor, qui fait office de superviseur de son collègue.

Mais est-ce une amie, une consœur ou véritablement une praticienne consultée professionnellement ? Cette indécision est à la base d’épisodes passionnants où deux immenses comédiens jouent en huis clos l’un de leurs plus beaux rôles. R. Ma.

« En Analyse », sur OCS GO à la demande.

Emmy Awards : et les nominés sont…

The Night Of: Seeing Trailer (HBO)

Les commentaires rageurs vont bon train, dans la presse américaine, depuis qu’ont été publiées, jeudi 13 juillet, les nominations aux Emmy Awards, qui priment les meilleurs programmes de télévision diffusés en début de soirée.

La liste des nominés a beau faire 65 pages, avec six à sept noms par catégorie, et l’Academy of Television Arts and Sciences peut bien compter sur la force de ses 20 000 membres, critiques et commentateurs n’ont pas manqué de pointer le manque d’audace, voire la « fainéantise » des votants face à certains choix clés, parmi la foule de catégories que comptent les Emmy Awards.

Tout au moins faut-il reconnaître qu’en cette faste période où sont produites plusieurs centaines de séries par an, il est devenu impossible de tout repérer, suivre et distinguer.

Big Little Lies - Official Trailer - HBO

L’éligibilité aux Emmy supposant pour un programme d’avoir été diffusé avant le 31 mai, exit, cette année, le mastodonte Game of Thrones. Un siège vide qu’a investi Westworld, série qui rafle 22 nominations, devant Feud (18) et Stranger Things (18).

S’il était prévisible que les votants s’emballent pour le western d’anticipation Westworld, pour The Crown, qui retrace la carrière de la reine d’Angleterre, ou pour la comédie Veep, ce l’était un peu moins pour d’excellentes séries qui ont néanmoins réuni de larges suffrages dans différentes catégories : Big Little Lies, Fargo, et, surtout, The Handmaid’s Tale.

A titre personnel, nous nous réjouissons que des séries apparemment moins ambitieuses, plus intimes, aient elles aussi donné lieu à un consensus : autour du petit bijou qu’est The Night of, par exemple, ou de la charmante et grinçante Atlanta.

Westworld Trailer (HBO) - MATURE VERSION

Les oubliés, les mal traités ? The Leftovers, de Damon Lindelhof (Lost), mais aussi Transparent et The Americans, qui méritaient mieux que quelques hochets. On notera aussi que la série qui a le plus commotionné les réseaux sociaux cette année, 13 Reasons Why, sur les raisons du suicide d’une ado et lancée par Netflix, ne reçoit aucune nomination. Une question d’âge des membres de l’académie de télévision ?

Une question : que viennent faire, encore et encore, House of Cards et Kevin Spacey parmi les sept meilleures séries dramatiques et lui parmi les sept meilleurs acteurs principaux ? Lobbying de Netflix ? Paresse des jurés, qui n’ont pas suivi assez de séries pour lui substituer un autre nom, au moins cette année ? Peut-être un peu des deux. Martine Delahaye

« Game of Thrones » (diffusé depuis lundi 17 juillet sur OCS). « Westworld », « Big Little Lies » et « The Handmaid’s Tale » (disponible sur OCS). « Stranger Things » et « Fargo » (sur Netflix).