L’inévitable disparition de Flash Player, ancien logiciel phare du Web
L’inévitable disparition de Flash Player, ancien logiciel phare du Web
L’éditeur Adobe a annoncé que l’application permettant de créer animations, jeux, publicités, éléments interactifs et leur lecture disparaîtrait à la fin de 2020.
L’outil d’installation de Flash Player. | Adobe
Tous les internautes l’ont bien connu. A partir de la fin des années 1990, Flash s’était imposé comme un couteau suisse quasi indispensable du Web. Ce logiciel permettant de créer des animations, des jeux, des publicités ou des éléments interactifs faisait partie des outils les plus utilisés par les créateurs de site dans les années 2000. Mais après un âge d’or d’une petite dizaine d’années, les critiques s’étaient accumulées contre ce logiciel iconique, et Adobe, son propriétaire, a annoncé, mardi 25 juillet, qu’il mettrait définitivement fin à son développement en 2020.
Flash est né sous le nom FutureSplash Animator en 1995. Créé par une start-up rapidement rachetée par Macromedia, le logiciel, qui permet à l’époque de réaliser des animations basiques, évolue très vite : après une première version sous le nom de Flash en 1996, des évolutions successives ajoutent des fonctions permettant de programmer des scripts, de gérer le son, les interactions… Le succès est colossal : à une époque où même la vidéo est un format complexe à manier sur le Web, Flash ouvre des possibilités créatives gigantesques. A tel point que le lecteur Flash Player est rapidement fourni de base sur Windows XP. En 2005, au summum de son succès, Macromedia est rachetée par Adobe – pour l’équivalent à l’époque de 3,7 milliards de dollars en actions.
Mais Flash souffre aussi de nombreux défauts. Les chercheurs en sécurité informatique y découvrent très fréquemment des failles de sécurité qui nécessitent de multiples et agaçantes mises à jour. Le système est fermé, ses animations sont souvent lourdes et ralentissent le chargement des pages Web, voire font « planter » les navigateurs lorsqu’elles sont mal optimisées.
A la fin des années 2000, les critiques sont omniprésentes, et Apple décide de ne pas intégrer Flash sur son nouvel iPhone. Steve Jobs expliquera sa décision en 2010, dans une lettre ouverte qui fait grand bruit : le fondateur d’Apple y estime que le système fermé de Flash est dangereux, que le logiciel est inutilement lourd, et que l’avenir est aux standards ouverts du Web.
Développement de standards ouverts
Car, en parallèle, les langages HTML et JavaScript ont grandement évolué. Le HTML 5 – la dernière version du langage qui sert de base aux pages Web – a introduit de nombreuses fonctionnalités qui permettent de manipuler de la vidéo, du son ; JavaScript, un langage simple permettant de réaliser des objets complexes longtemps considérés comme insuffisamment aboutis, a vu le développement de librairies de codes qui permettent de créer des objets Web très finis. Ces technologies sont plus légères, plus ouvertes que Flash, et des développeurs, de plus en plus nombreux, les préfèrent à Flash. Même Adobe, qui ne souhaite pas mettre tous ses œufs dans le même panier, a commencé à investir dans la création d’outils HTML 5 en 2010.
Dans les années qui suivent, c’est la dégringolade pour Flash : Android, le concurrent d’iOS conçu par Google, abandonne lui aussi Flash, en 2012. Reste un domaine où Flash est encore incontournable : la publicité en ligne. Mais là aussi, les annonceurs et diffuseurs se plaignent de ce format lourd qui ralentit le chargement des pages et alimente les critiques contre la publicité sur Internet. Au fil des années 2010, de nombreux annonceurs passent, eux aussi, au HTML 5 pour diffuser leurs annonces et les rendre compatibles sur mobile.
Flash continue toutefois d’être largement utilisé pour la diffusion de vidéos, mais, même constat, les progrès des technologies standards – et notamment du HTML 5 – y mettent un coup d’arrêt : en janvier 2015, Google annonce que YouTube utilisera désormais un lecteur HTML 5 par défaut. Les abandons se multiplient : en septembre de la même année, Chrome bloque l’activation par défaut des objets Flash – l’internaute doit cliquer pour les lancer. En décembre, Facebook passe à son tour à un lecteur vidéo entièrement HTML.
En parallèle, de hauts responsables de géants du Web (dont le chef de la sécurité de Facebook, Alex Stamos) incitent Adobe à fixer une « date de fin pour Flash ». Les problèmes de sécurité liés au logiciel sont nombreux et, malgré la multiplication des correctifs, semblent insolubles – en 2015, le piratage et la publication de nombreux documents de la société d’espionnage informatique Hacking Team avait révélé l’existence d’une faille de sécurité majeure, exploitée depuis quatre ans, et qui n’avait pas encore été découverte ni corrigée.
Après vingt ans d’existence, la « date de fin » est donc fixée à la fin de 2020. « Quand un format n’existait pas, nous l’avons inventé, dit Adobe dans son communiqué annonçant la fin de Flash. Avec le temps, au fur et à mesure que le Web évoluait, ces nouveaux formats ont été adoptés par la communauté et, dans certains cas, ont formé la base de standards ouverts, et sont devenus une part essentielle du Web. »