Venezuela : pression maximale sur le président Maduro
Venezuela : pression maximale sur le président Maduro
Le Monde.fr avec AFP
La première des deux journées de grève générale, avant le vote de dimanche pour l’Assemblée Constituante, a été massivement suivie selon l’opposition.
Des manifestants devant un graffiti « A bas la dictature » sur un mur des quartiers Est de Caracas lors de la première journée de générale le mercredi 26 juillet. | ANDRES MARTINEZ CASARES / REUTERS
L’opposition vénézuélienne se prépare le jeudi 27 juillet à sa deuxième journée de grève générale, très suivie mercredi, pour accroître la pression sur le président Nicolas Maduro et le faire renoncer à son projet d’Assemblée constituante.
L’appel à la grève, lancé pour 48 heures, a été suivi à 92 % à travers le pays au cours des premières 24 heures, a estimé mercredi la coalition de l’opposition, la Table de l’unité démocratique (MUD), à l’origine du mouvement.
Les principales centrales syndicales ont apporté leur soutien à la mobilisation.
« La tentative de grève générale indéfinie a été vaincue », a assuré à l’inverse Nicolas Maduro, qui fait face depuis plus de quatre mois à des manifestations quasi quotidiennes, parfois violentes, pour réclamer son départ. Au total, 104 personnes y ont été tuées, dont un homme de 30 ans mercredi.
Après une première grève générale de 24 heures la semaine dernière, l’opposition a convoqué une grande marche à Caracas vendredi et boycottera dimanche l’élection des 545 membres de la Constituante.
Les antichavistes (du nom d’Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013, dont Nicolas Maduro est l’héritier) voient dans ce projet de réécrire la Constitution un moyen pour M. Maduro de se cramponner au pouvoir, de contourner le Parlement élu, où l’opposition est majoritaire, et d’éviter l’élection présidentielle de fin 2018.
Quelque 70 % des Vénézuéliens sont opposés à cette assemblée constituante, selon l’institut de sondage Datanalisis.
Sanctions américaines
Sur le front diplomatique, les Etats-Unis ont annoncé mercredi des sanctions contre treize actuels et anciens hauts responsables gouvernementaux vénézuéliens, dont « Tibisay Lucena Ramirez, président du conseil national électoral » et « Elias Jose Jaua Milano, à la tête de la commission présidentielle pour l’Assemblée nationale constituante ».
Leurs éventuels patrimoines et comptes bancaires seront gelés aux Etats-Unis et ils ne pourront plus commercer avec des Américains. Le président Nicolas Maduro a rejeté cette « insolente » sanction.
La Table de l’unité démocratique (MUD), la coalition de l’opposition qui a déjà convoqué une grève générale de 24 heures la semaine dernière, organise depuis près de quatre mois des manifestations presque quotidiennes contre M. Maduro, dont elle réclame le départ. Au total, 104 personnes y ont été tuées.
Sur le terrain, mercredi, un homme de 30 ans, Rafael Vergara, est donc mort dans la matinée « pendant une manifestation » à Ejida, dans l’Etat de Mérida (ouest), selon le ministère public, qui n’a pas précisé les circonstances de ce drame.
Affrontements à Caracas
Alors que le mouvement devait se poursuivre toute la journée de jeudi, de nombreuses rues étaient bloquées, principalement dans le sud-est et l’est de Caracas, la capitale vénézuélienne, bastions traditionnels de l’opposition. Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté dans divers points du pays.
A Bello Campo, dans l’est de Caracas, de violents heurts se sont poursuivis jusque tard dans la nuit. Une pluie de cailloux, de bouteilles et d’objets a été jetée depuis des immeubles sur un contingent militaire.
« Finie la dictature ! », pouvait-on lire sur des banderoles accrochées dès 06 heures du matin à Caracas et dans d’autres villes.
« L’apathie, ça suffit… C’est toujours pire, avec les files d’attente et la pénurie. Je compte être en grève pendant 48 heures », a déclaré à l’AFP Maria Auxiliadora, qui vit dans le quartier cossu de Chacao.
A la veille de cette grève, des Vénézuéliens craignant de nouvelles violences et avaient soit stocké des provisions, soit préféré quitter leur pays.
« Les élections ont lieu dimanche et on ne sait vraiment pas ce qui va se passer. Pour être plus en sécurité, on a préféré passer » de l’autre côté, en Colombie, a déclaré à l’AFP Maria de Los Angeles Pichardo, une jeune femme de 29 ans, partie avec son mari et son fils, mais sans ses deux filles.
Préoccupation de l’UE
Un autre chef des antichavistes, Leopoldo Lopez, sorti de prison le 8 juillet après trois ans et cinq mois de détention, mais assigné à résidence, a pour sa part exhorté l’armée, le principal soutien du président Maduro, à désavouer le projet de Constituante.
Les principales centrales syndicales ont apporté leur soutien à la mobilisation organisée par l’opposition.
De son côté, le gouvernement contrôle la très stratégique industrie pétrolière et la fonction publique, qui compte près de trois millions de salariés.
Simultanément, la communauté internationale a accru ces derniers jours la pression sur Caracas.
La responsable de la diplomatie européenne Federica Mogherini a fait part mercredi de sa « préoccupation » sur les « violations des droits de l’Homme et l’usage excessif de la force » au Venezuela.
Treize pays de l’Organisation des Etats américains (OEA) ont enjoint Nicolas Maduro à renoncer à son projet d’Assemblée constituante.
Par ailleurs, une nouvelle compagnie aérienne, la Colombienne Avianca, a annoncé mercredi la suspension de ses opérations dans ce pays sud-américain toujours plus isolé.
Mais le chef de l’Etat vénézuélien, dont le mandat s’achève en janvier 2019, a réaffirmé sa détermination, sommant l’opposition de « respecter le droit du peuple à voter librement » et « sans violence ».
Il a trouvé un soutien auprès des autorités cubaines, qui ont rejeté mercredi toute participation à une médiation au Venezuela, proche allié de l’île communiste, arguant de la légitimité du président Maduro.