Heurts aux abord de la mosquée Al-Aqsa, dans la vieille ville de jérusalem, le 27 juillet. | Mahmoud Illean / AP

La trêve aura été de courte durée. Le retour des fidèles musulmans sur l’esplanade des Mosquées, jeudi 27 juillet, devait marquer la fin des tensions et des violences à Jérusalem-Est et en Cisjordanie depuis deux semaines autour de la question controversée des détecteurs de métaux, installés puis évacués par Israël. Espoir vite envolé : la réouverture du troisième lieu saint de l’islam (mont du Temple pour les juifs) a été émaillée de nombreux affrontements entre la police israélienne et les Palestiniens. Signe que le mouvement de contestation palestinien révélé par l’affaire des portiques n’est pas terminé.

La décision de la police israélienne de retirer les portiques sonnait pour les Palestiniens comme une victoire symbolique. « La police est revenue aux mesures de sécurité en vigueur avant l’attaque terroriste [qui avait abouti à la mort de deux policiers druzes israéliens] sur l’esplanade des Mosquées, le 14 juillet », selon les mots de sa porte-parole, Luba Samri avec l’emploi – inhabituel – du terme utilisé par les musulmans pour désigner le site. Aux premières heures du jour, les rails et échafaudages métalliques où avaient été installées des caméras de surveillance, censées se substituer aux portiques, démantelés deux jours auparavant, ont été retirés par les autorités israéliennes.

Le cheikh Omar Kiswani, directeur de la mosquée Al-Aqsa, située sur l’esplanade, avait rejoint les manifestants palestiniens, qui se réjouissaient de la « capitulation » israélienne après quinze jours de mobilisation et de violences meurtrières à Jérusalem et en Cisjordanie. « N’entrez [sur l’esplanade des Mosquées] qu’après la confirmation du comité technique », a-t-il prévenu. Lequel comité devait vérifier que la police israélienne avait retiré l’ensemble des infrastructures installées aux abords de l’esplanade après l’attaque du 14 juillet. Une fois la vérification validée par le Waqf, la fondation religieuse jordanienne qui gère le site, le mufti de Jérusalem, Mohammed Hussein, avait officiellement déclaré la reprise des prières à Al-Aqsa.

Colère

En effet, depuis l’installation du dispositif sécuritaire par Israël, les leaders musulmans de la ville sainte avaient appelé au boycottage du site pour signifier leur opposition à la manœuvre israélienne, perçue comme une prise de contrôle à peine dissimulée de l’esplanade. Les fidèles musulmans avaient suivi le mouvement et les cinq prières quotidiennes avaient lieu dans la rue, en vieille ville de Jérusalem.

Jeudi, la première prière sur Al-Aqsa depuis près de quinze jours avait été fixée pour l’après-midi. A 16 heures, les ruelles de la vieille ville près des entrées de l’esplanade grouillaient de monde. Lorsque le chant du muezzin s’est élevé depuis l’un des minarets de l’esplanade, pour la première fois depuis deux semaines, certains ont pleuré. Les portes se sont enfin ouvertes, sous des cris d’acclamation. Toutes les entrées sauf une, la police israélienne gardant fermée Bab Al-Houta, non loin de la porte des Lions, celle-là même où les deux gardes-frontières israéliens avaient été tués par balles le 14 juillet.

La colère a commencé alors à gronder. Bab Al-Houta sera ouverte quelques minutes avant d’être refermée par la police israélienne. Les premiers affrontements ont alors commencé entre jeunes Palestiniens et forces de l’ordre israéliennes. Ils se sont poursuivis sur l’esplanade où sont entrés les policiers. Lancers de pierres côté palestinien contre grenades assourdissantes de la police israélienne. Certaines pierres seraient tombées du côté du mur des Lamentations, où viennent prier les juifs. Les affrontements se sont poursuivis jusqu’au soir. Selon le Croissant-Rouge palestinien, 115 Palestiniens ont été blessés, la plupart par des balles en caoutchouc. Une quinzaine d’entre eux a été évacuée à l’hôpital.

Dans ce climat de tensions, la police israélienne prévoit une poursuite des violences vendredi 28 juillet, jour de la prière musulmane hebdomadaire. En effet, les autorités islamiques de Jérusalem ont annoncé que toutes les autres mosquées de la ville sainte seraient fermées pour que les fidèles se rassemblent à Al-Aqsa. La prière du vendredi sur l’esplanade des Mosquées réunit habituellement près de 30 000 fidèles. Or, la police israélienne a interdit l’accès de la vieille ville et de l’esplanade des Mosquées aux hommes de moins de 50 ans, afin de contenir les violences en vieille ville. Les jeunes, interdits d’accès à l’esplanade, prieront donc dans les rues alentour. « Nous avons résisté deux semaines, nous pourrons nous battre encore pendant longtemps », assure l’un d’entre eux.

En deux semaines, cinq Palestiniens ont été tués et des centaines blessés dans des affrontements avec les forces de l’ordre israéliennes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée. Jeudi, le ministère palestinien de la santé a fait état du décès d’une sixième personne, Mohammed Kanaan, 26 ans, blessé lundi dans des heurts avec les forces israéliennes près de Bethléem en Cisjordanie. Trois colons israéliens avaient en outre été poignardés à mort le 21 juillet en Cisjordanie par un Palestinien. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a réclamé jeudi sa condamnation à mort.