Cet Euro néerlandais était annoncé comme celui de la consécration du développement du football féminin français. Il a tourné au fiasco sportif avec une équipe de France incapable de marquer dans le jeu (trois buts sur coups de pied arrêtés) et qui n’a réussi à battre qu’une seule équipe en quatre matchs, la modeste Islande.

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Sorties dimanche 30 juillet par l’Angleterre, les Bleues échouent pour la troisième fois consécutive en quart de finale. En six championnats d’Europe, elles n’ont jamais franchi ce stade de la compétition, qui commence à devenir même un écueil infranchissable si l’on rajoute des éliminations en quart au Mondial 2015 et aux Jeux olympiques 2016.

Echouafni, pari raté

A deux ans d’un Mondial que la Fédération française de football (FFF) organisera dans neuf villes, l’élimination fait tâche, surtout que le tableau n’avait jamais semblé aussi ouvert après les éliminations de l’Allemagne (nonuple vainqueur de l’Euro) et de la Suède.

La nomination, en septembre dernier, d’Olivier Echouafni à la tête de la sélection féminine avait quelque peu surpris. L’ancien footballeur professionnel n’avait jusqu’alors entraîné que deux saisons : une en National avec Amiens et une en Ligue 2 avec Sochaux. Il n’avait aucune connaissance particulière du football féminin et n’était plus en poste depuis mai 2015.

Sarah M’Barek, seule entraîneure en poste en Division 1 à Guingamp, ne masquait pas sa surprise au Monde après cette nomination : « Nous avons souvent l’impression d’être un peu oubliées. J’ai été étonnée par cette nomination. Je viens de regarder et il est vrai que son CV est assez peu rempli. Mais c’est un choix à respecter et il faut espérer que ça va fonctionner. »

Il fallait, nous disait-on, juger sur pièce. L’Euro 2017, qui vient de s’achever prématurément et sans briller pour les footballeuses françaises, a de quoi laisser songeur sur le choix du président de la FFF, Noël Le Graët. L’invincibilité des Bleues depuis la nomination d’Echouafni, avec en point d’orgue les victoires à la SheBelives Cup face à l’Angleterre et aux Etats-Unis, n’est plus qu’un lointain souvenir. L’homme a paru perdu, sans solution face aux difficultés offensives de son équipe. Pis, ses déclarations ont semblé lunaires, loin d’une prise de conscience des lacunes affichées par son équipe.

Après la qualification miraculeuse obtenue contre la Suisse en phase de groupes, il avait mis en avant « le jeu incroyablement bon » des Bleues, qu’il avait été le seul à déceler. Hier soir, il s’est déclaré « surtout déçu par la qualité de jeu de nos adversaires ». Manque criant de lucidité ou échappatoire facile ? « Dans notre groupe, on n’avait que des équipes qui attendaient, qui ne produisaient pas de jeu, donc pas de spectacle, et malgré cela, on a réussi à se créer des situations », a-t-il ajouté.

Des joueuses en dessous de leur niveau

Du côté des joueuses, dur de mettre en avant des points positifs tant les satisfactions ont été rares. Elles sont plutôt à trouver du côté des jeunes. Les Parisiennes Kadidiatou Diani (22 ans) et Grace Geyoro (20 ans) ont assuré et montré que l’avenir passait par elles.

C’est au niveau des leadeuses que le bât blesse. Hormis face à l’Autriche, où elle avait excellé, Amandine Henry n’a pas pesé autant que son statut parmi les meilleures joueuses du monde aurait pu le faire penser. Titulaire en début de compétition, Elise Bussaglia, 174 sélections et 31 ans, a rapidement perdu sa place. Camille Abily a mieux terminé l’Euro qu’elle ne l’avait commencé, marquant notamment le coup franc de la qualification in extremis contre la Suisse.

En défense, Jessica Houara, 29 ans, n’a pas vraiment brillé tandis que les défenseuses centrales, Griedge M’bock et Wendie Renard, n’ont pas communiqué une grande sérénité et ont été en difficulté dans la relance. La capitaine, Wendie Renard, a affiché une fébrilité inhabituelle et a même été suspendue pour le quart. Laura Georges, qui l’a remplacé contre les Anglaises, a répondu présente dans les duels.

C’est surtout l’animation offensive des Bleues qui a posé question. Les occasions de but ont été rares et presque toujours consécutives à des coups de pied arrêtés. Devant, Eugénie Le Sommer, meilleure buteuse de D1, n’a marqué qu’un but, sur penalty. Parfois sur l’aile gauche, parfois dans l’axe, la Lyonnaise a semblé en deçà de ses possibilités et son entente avec Marie-Laure Delie a été très décevante. La Parisienne a d’ailleurs, elle, traversé cet Euro comme un fantôme.

Séduisantes lors des précédentes compétitions, les footballeuses françaises ont été méconnaissables aux Pays-Bas. Est-ce de leur seule responsabilité ou de celle d’Olivier Echouafni qui n’est pas parvenu à les faire jouer ? Il y a certainement un peu des deux.

Avant le début de l’Euro, le président Noël Le Graët, qui mise sur le football féminin depuis son arrivée grâce, notamment, au plan de féminisation lancé en 2011, avait affiché ses objectifs : « Je crois qu’il faut être dans le dernier carré, on a cette possibilité en tous les cas au niveau de la valeur. On est classé troisième par la FIFA. On est invaincu depuis quelque temps. »

L’avenir d’Olivier Echouafni à la tête des Bleues est-il en suspens ? | TOBIAS SCHWARZ / AFP

Le Mondial 2019 en ligne de mire

Les deux précédents sélectionneurs ont été écartés après des échecs en quart de finale : Bruno Bini suite à l’Euro 2013 et Philippe Bergeroo suite aux JO 2016. Il est vrai que le règne du premier durait déjà depuis six ans, couronné de deux demi-finales au Mondial 2011 et aux JO 2012. Le second avait disposé de quatre ans et avait subi deux éliminations en quart dont, l’une méritoire face à l’Allemagne aux tirs au but au Mondial 2015 et l’autre décevante contre le Canada à Rio en 2016.

Au moment de sa nomination, Olivier Echouafni avait évoqué au Monde son désir de Mondial : « Cette Coupe du monde est forcément dans un coin de ma tête. Avant cela, d’autres étapes se présentent. On fera le bilan après. » Si on le prenait au mot, il paraîtrait difficile de lui renouveler la confiance après les prestations de l’équipe de France dans cet Euro.

Mais Noël Le Graët a fait un autre choix. Lundi 31 juillet, il a conforté son sélectionneur en prenant rendez-vous avec lui après ses vacances. « Je trouve que c’est quelqu’un qui s’est impliqué énormément dans cette équipe, il n’avait pas une connaissance exceptionnelle du foot féminin, il y a un an. Il a fait quinze matches, et connu une défaite, a-t-il défendu. Il est très motivé, les joueuses l’apprécient. Il tirera lui aussi les conséquences de ce tournoi pour s’améliorer, trouver les formules. C’est un garçon intelligent qui doit certainement nous faire progresser tous. »

Alors qu’il avait signé initialement pour deux ans, il n’y a aucun intérêt à garder Olivier Echouafni pour le laisser partir à la fin de son contrat, en septembre 2018, à un an de la Coupe du monde. Les déclarations de Noël Le Graët sous-entendent donc que le sélectionneur français devrait se voir prolongé pour le Mondial 2019.