Brigitte Macron et Emmanuel Macron, début juillet, au G20 de Hambourg (Allemagne). / Wolfgang Rattay / REUTERS

Le statut de Brigitte Macron n’en finit pas de faire polémique. Alors que de plus en plus de voix s’élèvent contre les moyens alloués à l’épouse du président – une pétition en ligne a réuni plus de 288 000 signatures en deux semaines –, Emmanuel Macron a promis de préciser, dans « une charte transparente », le « rôle public » de l’épouse du président de la République.

Le document, sur lequel l’Elysée travaille depuis plusieurs semaines, doit être rendu public « fin août, début septembre » sur le site internet de l’Elysée, fait savoir l’entourage de Brigitte Macron, qui précise que le rôle public de l’épouse du président ne fera pas l’objet d’une loi. Pendant la campagne électorale, Emmanuel Macron avait pourtant proposé que soit crée un statut officiel pour elle.

  • Pourquoi la question du statut fait polémique ?

Le statut de l’épouse du président a plusieurs fois été évoqué sous les présidences de Nicolas Sarkozy puis de François Hollande, dont les vies sentimentales étaient moins conventionnelles que celles de leurs prédécesseurs. Le sujet a refait surface cet été, au moment de l’examen à l’Assemblée des projets de loi de moralisation de la vie publique, qui, notamment, interdisent l’emploi de collaborateurs familiaux pour les parlementaires.

A l’avant-garde de la contestation, les députés de La France insoumise, pour qui Brigitte Macron « se voit attribuer des moyens publics et financiers, alors qu’elle n’a été élue par personne ». Ils ont défendu un amendement pour que des moyens ne puissent pas être donnés au conjoint du président, des membres du gouvernement ou des parlementaires. Amendement rejeté, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, opposant notamment que le sujet « ne relève pas a priori du domaine de la loi ».

Par ailleurs, la pétition en ligne « Contre le statut de première dame pour Brigitte Macron », a déjà réuni plus de 288 000 signatures. « Il n’y a aucune raison pour que l’épouse du chef de l’Etat puisse obtenir un budget sur les fonds publics », dénonce son auteur, l’artiste Thierry Paul Valette.

« Ça rentre dans le cadre de la loi sur la moralisation de la vie publique. On demande aux députés et sénateurs de ne pas employer leur épouse mais on fait une exception pour la femme d’Emmanuel Macron. C’est contradictoire. »
  • Que disent les textes ?

Le rôle du conjoint du chef de l’Etat n’est pas inscrit dans la Constitution. Aucun texte juridique ne détaille ses prérogatives ni les avantages auxquels il peut prétendre et il ne figure pas non plus dans l’ordre protocolaire au sommet de l’Etat. Son rôle repose sur la tradition. La première épouse d’un président ayant joué un rôle public est Michelle Auriol, femme de Vincent Auriol, président (1947-1954) sous la IVe République.

Le conjoint présidentiel dispose néanmoins de moyens : il bénéficie d’un bureau, de collaborateurs, d’un chauffeur et d’un service de protection. La Cour des comptes a évalué en 2014 le coût de ce dispositif à 450 000 euros par an, prélevés sur le budget de l’Elysée. Le personnel mis à disposition pour Carla Bruni-Sarkozy atteignait même la somme de 60 000 euros par mois (720 000 euros par an).

Brigitte Macron est d’ores et déjà assistée, outre des gardes du corps détachés à sa protection, d’un directeur et d’un chef de cabinet, Pierre-Olivier Costa et Tristan Bromet, ainsi que d’une assistante.

Aux Etats-Unis, le statut de First Lady, sans être inscrit dans la Constitution, est institutionnalisé. La loi du 2 novembre 1978 accorde en effet à l’épouse du président américain une équipe de douze personnes et un chef de cabinet. Si elle ne reçoit aucun salaire ni n’a de fonctions officielles, la première dame s’engage souvent dans le domaine caritatif, et peut parfois, comme Hillary Clinton avec son mari Bill, se montrer très influente dans les prises de décision.

  • Que propose Emmanuel Macron ?

Le but de la charte transparente sur le rôle public de Brigitte Macron, selon l’Elysée, sera de rendre publics « les moyens dont dispose l’épouse du chef de l’Etat », ce qui n’a jamais été fait dans le passé. Elle devrait notamment préciser le nombre de collaborateurs qui l’entourent.

Le texte ne donnera aucun rôle politique à Brigitte Macron : « Jamais elle n’interviendra à la place de ministres ou de son mari sur des dossiers. Elle tient son rôle et n’en sortira pas », assure-t-on du côté de l’Elysée.

Pas de rôle politique, mais un rôle public donc. L’épouse du chef de l’Etat aura notamment un rôle de représentation, les moyens pour répondre aux 140 lettres qu’elle reçoit chaque jour, se consacrer à ses actions personnelles et caritatives… Brigitte Macron s’est montrée sensible ces dernières semaines aux actions touchant à l’intégration des différences (maladie, handicap, autisme, etc.). Elle a, par exemple, récemment rencontré des enfants malades à l’institut Gustave-Roussy, à Villejuif, dans le Val-de-Marne.

Aucun budget spécifique ne sera non plus attribué à Brigitte Macron, qui ne sera pas rémunérée, et aucune modification de la Constitution n’est envisagée, fait-on valoir dans l’entourage de l’épouse du président.

  • Qu’avait déclaré Emmanuel Macron pendant la campagne ?

En pleine campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait plaidé début mars pour un « statut de la première dame ou du premier homme » afin de mettre fin à « une forme d’hypocrisie ».

« Je pense que c’est important de le clarifier sinon on se retrouve dans des pratiques d’entre-deux, de dissimulation, qui sont impossibles à vivre pour l’intéressé et qui sont une forme d’hypocrisie. Donc rémunéré par la république non. Avoir un rôle, un vrai statut, une vraie capacité à faire, oui. »

Emmanuel Macron avait alors souhaité qu’« un cadre soit défini » et qu’« un travail soit conduit en la matière ». Interrogé sur le rôle que tiendrait son épouse s’il était élu, il avait répondu : « Elle ne sera pas cachée parce qu’elle partage ma vie, que son avis est important. » Brigitte Macron, avait-il soutenu, « n’a jamais été rémunérée par la république de près ou de loin » et « ne sera pas rémunérée ».

Quel rôle pour l’épouse du président de la République ?
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