Dans les camps de réfugiés syriens fuyant Rakka, « des enfants jouent dans des déchets toxiques »
Dans les camps de réfugiés syriens fuyant Rakka, « des enfants jouent dans des déchets toxiques »
Le Monde.fr avec AFP
Le Comité international de la Croix-Rouge a dénoncé les conditions de vie « terribles » des civils qui quittent les derniers bastions du groupe Etat islamique.
Une fillette dans le camp d’Ain Issa, au nord de Rakka. / ZOHRA BENSEMRA / REUTERS
La bataille de Rakka et de ses alentours continue de pousser les Syriens sur les routes. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dénoncé, lundi 14 août, les conditions de vie « terribles » des civils qui fuient les derniers bastions du groupe Etat islamique (EI) dans le pays.
Selon l’ONG, les combats pour chasser les djihadistes de la ville de Rakka ont déplacé des dizaines de milliers de personnes. Une grande partie d’entre eux a trouvé refuge dans des camps improvisés, installés dans les province de Rakka et de Hassaké.
Des tentes « en plein désert »
Ingy Sedky, porte-parole du CICR à Damas, a expliqué qu’environ 70 000 personnes vivent dans ces camps informels, dont beaucoup manquent d’équipements élémentaires du fait de leur grand isolement. « Ces tentes sont littéralement en plein désert. Les serpents et les scorpions sont une menace quotidienne pour ces gens », a expliqué la responsable après une visite qu’elle a effectuée afin que CICR évalue les conditions de vie.
Certains de ces camps sont même dépourvus de tentes. Les nouveaux arrivants doivent y dormir à la belle étoile, parfois pendant dix jours, en attendant un abri.
« La moitié de la population de ces camps sont des enfants. Ils vivent dans de terribles conditions en raison de la chaleur car la température peut atteindre les 50 degrés durant la journée ».
La responsable du CICR a notamment évoqué le sort des personnes vivant dans le camp d’Aricha, dans la province de Hassaké. Le lieu est « une ancienne raffinerie de pétrole. Vous pouvez y voir des enfants qui jouent dans des déchets toxiques, qui boivent et se baignent dans de l’eau contaminée », a expliqué Mme Sedky. Elle a précisé que le CICR allait agir pour améliorer l’accès à l’eau et aux médicaments dans ces camps.
Une famille fuyant la ville de Deir Ezzor, le 12 août. / ZOHRA BENSEMRA / REUTERS
Frontière syro-jordanienne
Le CICR n’est pas la seule institution à mettre en garde sur la situation dramatique des réfugiés syriens, notamment dans le sud du pays. Les Nations unies ont exprimé, dimanche 13 août, leur « profonde inquiétude » pour la sécurité de près de 50 000 Syriens bloqués à la frontière syro-jordanienne, en raison de l’intensification des combats dans cette zone. La plupart sont massés autour du point de passage de Rokbane, et près de 4 000 sont coincés autour de celui de Hadalat.
« Il y a eu des informations sur des frappes aériennes dans la zone ces derniers jours, causant la panique » chez les réfugiés, a souligné l’ONU dans un communiqué. Si aucune victime n’a été recensée parmi les Syriens bloqués, « la zone devient de plus en plus dangereuse », a déploré l’ONU.
Des millions de déplacés
Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pour la démocratie et la liberté, puis opposant armée et rebelles, le conflit en Syrie s’est complexifié au fil des ans avec l’implication d’acteurs régionaux, de puissances étrangères et de groupes djihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 330 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
Plus de 650 000 réfugiés syriens ont été enregistrés auprès du Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) en Jordanie, qui partage avec la Syrie quelque 370 kilomètres de frontière. Mais les autorités jordaniennes évaluent leur nombre à plus d’un million.