Paris : les cinémas indépendants lancent une carte prépayée
Paris : les cinémas indépendants lancent une carte prépayée
Par Marine Desquand
A partir du 23 août, deux formules d’abonnement permettront d’accéder à plusieurs salles de la capitale.
La façade du cinéma Le Brady à Paris, en décembre 2011. / PATRICK NOUHAILLER/FLICKR/CC BY-SA 2.0/COMMONS.WIKIMEDIA.ORG
Après quatre ans de consultation et de préparation, l’association des cinémas indépendants parisiens (CIP) lance, mercredi 23 août, son offre de carte prépayée. Déjà en phase de test dans trois cinémas de la capitale – Le Brady, La Clef, et le Grand Action –, le projet s’étendra à vingt-quatre cinémas indépendants parisiens comme le Majestic Passy (16e arrondissement), le cinéma L’Entrepôt (14e), ou encore le Luminor Hôtel de Ville (4e). Une carte de cinq places à 30 euros, et une autre de neuf à 48 euros, seront proposées, soit 6 et 5,33 euros la place, au lieu d’une dizaine d’euros (tarifs variables en fonction des cinémas) si l’on achète une place à l’unité.
Selon Fabien Houi, trésorier de l’association et directeur du cinéma Le Brady, « ce projet sert à marquer l’unité des cinémas indépendants ». Ces cartes permettront d’aller d’une salle à une autre dans les cinémas partenaires, sans pour autant avoir en sa possession la carte de fidélité de chacun. Financé par le biais de l’association et par des subventions, le projet espère à la fois fidéliser des clients et amener un nouveau public.
Mais l’objectif principal de cette initiative est de faire face aux grands groupes et à leurs offres attractives. Les leaders du marché du cinéma – UGC, Gaumont-Pathé, MK2 – ont, depuis longtemps, mis en place un système de cartes de fidélité offrant un accès illimité aux salles et des cartes forfaitaires prépayées.
Les cinémas indépendants parisiens étaient jusqu’ici partenaires de certaines de ces offres, chaque client UGC, ou Gaumont-Pathé, fidélisé, pouvait ainsi aller dans les salles indépendantes sans payer son ticket . Un manque à gagner pour ces petites structures qui survivent principalement grâce à leurs revenus et aux subventions accordées par la mairie de Paris. La part qui leur était redistribuée sur les cartes de fidélités UGC et Gaumont était plus que minime.
« Une alternative à l’illimité »
« Lors de la montée en puissance des cartes illimitées, il y a quelques années, nos revenus ont complètement basculé », souligne Fabien Houi. Selon les chiffres du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), en dix ans, les salles indépendantes ont vu leurs entrées baisser de 32 % et leurs recettes d’autant. En 2016, les grands groupes possédaient 88,6 % des parts de marché parisiennes avec 71,5 % des écrans, contre 11,4 % des parts de marché et 28,5 % des écrans pour les cinémas indépendants.
« Notre but est d’offrir aux gens une alternative à l’illimité. Nos propositions sont à peu près 40 % moins chères que celles des grands concurrents », poursuit Fabien Houi. Un avantage qui semble pour l’instant bien fonctionner. Selon lui, « les trois cinémas dans lesquels nous avons testé le dispositif ont de bons retours, et de nombreuses personnes ont commencé à profiter de l’offre. Cela nous laisse de l’espoir pour la suite. »
Au-delà de l’avantage financier, le but de l’opération est aussi de faire connaître une offre de cinéma différente de celles des grandes salles. « Nos moyens sont restreints. La carte veut mettre en avant le côté qualitatif de ce que l’on propose », ajoute Fabien Houi. Le Brady avait déjà instauré des programmations spéciales destinées aux enfants et des avant-premières. « C’est le choix des films qui nous met en état de risque, insiste-t-il, mais ce n’est pas pour autant que nous proposerons des blockbusters. On veut revendiquer notre indépendance dans le marché parisien. Chaque cinéma a une identité, et nous voulons les faire découvrir aux spectateurs. »