Un écrivain, critique du président turc, interpellé en Espagne
Un écrivain, critique du président turc, interpellé en Espagne
Le Monde.fr avec Reuters
Allemand d’origine turque, Dogan Akhanli faisait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par Interpol à la demande d’Ankara.
En mars 2017, l’écrivain allemand d’origine turque Dogan Akhanli. / HENNING KAISER / AFP
L’écrivain allemand d’origine turque Dogan Akhanli, critique de l’homme fort d’Ankara, Recep Tayyip Erdogan, a été interpellé samedi 19 août à Grenade, en Espagne. Il faisait l’objet d’un mandat émis par Interpol à la demande de la Turquie. Cette arrestation s’inscrit dans le cadre d’une « traque ciblée contre les détracteurs du gouvernement turc vivant à l’étranger en Europe », a déclaré son avocat, Ilias Uyar, au magazine allemand Der Spiegel, qui a le premier fait état de cette information.
Un représentant du ministère allemand des affaires étrangères a fait savoir que Berlin était en contact avec les autorités espagnoles pour exiger d’être impliqué dans toute procédure d’extradition, tout en soulignant qu’aucune extradition ne devait justement avoir lieu. Tout pays peut émettre une « notice rouge » auprès d’Interpol mais la Turquie va désormais devoir convaincre la justice espagnole du bien-fondé d’une demande d’extradition.
Emprisonné en Turquie dans les années 1980
Cet épisode devrait dégrader un peu plus les relations entre Berlin et Ankara, très tendues en raison de la répression engagée par le président Erdogan, y compris contre des personnes possédant la nationalité allemande, depuis qu’il a échappé à une tentative de coup d’Etat en juillet 2016.
Dogan Akhanli, emprisonné dans les années 1980 en Turquie pour ses activités d’opposant, notamment pour avoir dirigé un journal rangé à gauche, a fui son pays en 1991. Il vit et travaille à Cologne depuis 1995.
Début août, le journaliste et écrivain turc Hamza Yalçin avait lui aussi été arrêté et placé en détention en Espagne, en application d’un mandat d’arrêt international émis par la Turquie qui l’accuse d’avoir insulté le président Erdogan et d’être lié à un groupe d’ extrême gauche illégal.