Jeff Immelt, un patron emblématique de l’ancienne économie, au secours d’Uber
Jeff Immelt, un patron emblématique de l’ancienne économie, au secours d’Uber
LE MONDE ECONOMIE
L’ancien patron de General Electric pourrait succéder à Travis Kalanick, brutalement évincé. Ce choix serait le signal fort d’un changement radical de stratégie pour la plate-forme de VTC.
Jeff Immelt, en septembre 2016. / CHIP SOMODEVILLA / AFP
Deux mois après le départ forcé de Travis Kalanick, son fondateur et patron, Uber se cherche toujours un nouveau pilote. Selon le site spécialisé Recode, Jeff Immelt, l’ancien PDG de General Electric (GE), est aujourd’hui le mieux placé, même si deux autres candidats restent en course. Le dénouement est proche : une décision est attendue au cours des deux prochaines semaines. A condition toutefois que le conseil d’administration, qui affiche ses dissensions au grand jour, parvienne à s’entendre.
M. Immelt, qui a quitté son poste en juin, ne correspond pas à l’archétype du dirigeant de la Silicon Valley. A 61 ans, il a en effet passé l’intégralité de sa carrière dans l’industrie. Avant de prendre les rênes de GE, il avait successivement supervisé ses activités dans le plastique, l’électroménager puis le matériel médical. Mais les responsables de la plate-forme de voitures avec chauffeur (VTC) souhaitent avant tout recruter un dirigeant d’expérience, capable de faire face aux multiples scandales – révélations sur la culture d’entreprise sexiste, plainte de Google dans le domaine des voitures autonomes… – qui ont entraîné la chute, impensable il y a encore six mois, de M. Kalanick.
Consolider les positions acquises
Le choix de M. Immelt constituerait par ailleurs le signal fort d’un changement radical de stratégie. L’objectif ne serait plus la croissance effrénée, financée par des pertes massives et qui justifiait certaines pratiques peu éthiques. Mais plutôt de consolider les positions acquises, de progresser vers la rentabilité puis vers une introduction en Bourse. « Il est probable que M. Immelt se concentre sur les activités déjà existantes au lieu de se lancer dans des projets futuristes », ajoute Arun Sundararajan, professeur à l’université de New York.
Le conseil d’Uber doit également trancher le futur rôle de M. Kalanick. Les administrateurs sont divisés. D’un côté, l’ancien patron et ses soutiens, qui espèrent qu’il puisse à nouveau occuper un poste opérationnel. De l’autre, des investisseurs qui souhaitent tourner définitivement la page et réclament le départ total de M. Kalanick pour limiter son influence et laisser le champ libre à son successeur.
Règlement de comptes
Ces dernières semaines, le sujet a tourné au règlement de comptes. Début août, le fonds de capital-risque Benchmark Capital, qui détient 13 % du capital, a lancé une procédure judiciaire contre le fondateur d’Uber. Il l’accuse d’avoir caché sa mauvaise gestion au conseil d’administration et d’opérer désormais en coulisses pour tenter de reprendre le pouvoir « au détriment des actionnaires, des employés, des chauffeurs et des clients ».
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La semaine dernière, M. Kalanick a répliqué. Il assure que Benchmark lui a « tendu un piège » en obtenant sa démission au « moment le plus honteux », juste après la mort de sa mère. Plusieurs investisseurs de l’entreprise lui ont apporté leur soutien, demandant publiquement au fonds de céder une partie de ses actions et de renoncer à son siège au sein du conseil d’administration. Au futur patron de calmer le jeu.