En Centrafrique, nouvelle alerte sur les risques de génocide
En Centrafrique, nouvelle alerte sur les risques de génocide
Le Monde.fr avec AFP
Le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires humanitaires a de nouveau appelé, mardi, le Conseil de sécurité à agir dans le pays.
Des membres des casques bleu dans un camp de réfugiés musulmans à Bangassou, dans le sud-est de la Centrafrique, le 14 août. / ALEXIS HUGUET / AFP
En Centrafrique où les violences s’étendent, des signes avant-coureurs de génocide existent, a alerté devant le Conseil de sécurité, mardi 22 août, le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les affaires humanitaires, Stephen O’Brien. Lors de ces discussions fermées à la presse, qui ne figuraient pas à l’agenda officiel de l’exécutif onusien et avaient été réclamées en urgence par la France, le Britannique « a répété ce qu’il avait dit » début août lors d’une précédente réunion, a rapporté une source diplomatique.
M. O’Brien avait alors rendu compte d’un récent voyage mené dans le pays. Il avait réclamé davantage de militaires et de policiers pour l’opération de paix de l’ONU (Minusca) dans cet Etat de 4,5 millions d’habitants. Ses propos avaient suscité des remous au sein de la communauté internationale, toujours traumatisée par son échec à prévenir le génocide survenu au Rwanda en 1994. Les Nations unies maintiennent quelque 12 500 militaires et policiers en Centrafrique pour aider à protéger les civils et soutenir le gouvernement du président Faustin-Archange Touadera, élu en 2016.
Contrôle des ressources naturelles
Selon Stephen O’Brien, cité par un diplomate, le nombre de déplacés dans le pays atteint aujourd’hui « 600 000, soit 40 % de plus que l’an dernier ». Le responsable de l’ONU a aussi mis en garde le Conseil de sécurité contre les attaques qui visent les acteurs humanitaires sur le terrain, obligeant à suspendre plusieurs de leurs actions. Les affrontements s’étendent dans le pays, comme dans la région de Bangassou (sud-est), a-t-on précisé de même source.
La Centrafrique subit un regain de violences des factions de l’ex-Séléka, prétendant défendre la minorité musulmane, et groupes d’« autodéfense » anti-balaka, majoritairement chrétiens. Le contrôle des ressources naturelles est aussi un enjeu des tensions. Selon un autre diplomate, lors des échanges mardi, « des membres du Conseil de sécurité ont proposé une visite » sur place pour qu’elle se fasse une idée plus précise de la situation.
Début août, Stephen O’Brien avait exhorté le Conseil de sécurité à « agir maintenant, ne pas réduire l’effort de l’ONU et prier pour ne pas avoir à vivre en le regrettant ». Mardi, selon des diplomates, il a réaffirmé que l’objectif de 497 millions de dollars pour financer l’aide humanitaire destinée cette année à la Centrafrique était loin d’être atteint.