TV : « High Maintenance », les tribulations d’un dealer à New York
TV : « High Maintenance », les tribulations d’un dealer à New York
Par Renaud Machart
Notre choix du soir. La minisérie de Ben Sinclair et Katja Blichfeld est un régal de finesse, de drôlerie et d’excentricité (sur OCS à la demande).
High Maintenance: Tease (HBO)
Durée : 00:36
Comme d’autres séries – EastSiders, de Kit Williamson (2012-2014) par exemple –, High Maintenance (2012-2015), des époux Ben Sinclair et Katja Blichfeld, a commencé sa carrière sur Internet. La plate-forme de vidéo à la demande Vimeo en a d’abord diffusé les cinq premiers « cycles » – car il est difficile de parler de « saisons » pour cet ensemble de 5 x 3 épisodes (ou 4, dans le cas du cycle 2) de huit à vingt minutes – entre novembre 2012 et février 2015.
Chaque numéro conte une histoire différente, jouée par des acteurs non récurrents, à l’exception de « The Guy » (« le mec », une allusion probable à « The Dude » du film The Big Lebowski des frères Coen), un dealer new-yorkais de marijuana à bicyclette, « aux allures de John Malkovich jeune » (ainsi que le décrit un personnage), formidablement interprété par Ben Sinclair lui-même.
Ben Sinclair dans la série « High Maintenance » (2012-2015). / OCS
L’originalité du ton, du scénario et la fantaisie des auteurs ont convaincu la chaîne câblée nord-américaine HBO, qui n’a pas froid aux yeux en matière de sujets « sensibles », d’en commander un nouveau cycle de six épisodes de quelque trente minutes chacun. Proposés par OCS en septembre 2016, ils sont à nouveau mis à disposition par la chaîne d’Orange sur son site de replay.
Les sujets sont assez « olé olé », l’usage de la drogue montré sans parti pris même si, dès le premier épisode, les ravages des stupéfiants synthétiques, la « meth » et le « crystal », en particulier, sont autant énoncés que dénoncés.
Dans les épisodes suivants, les situations cocasses se succèdent. Chaque visite du dealer chez ses clients est l’occasion pour lui d’être l’oreille plus ou moins consentante de leurs névroses. Et certaines sont carabinées. On croise un groupe de bobos intellos et partouzeurs, un couple de colocataires dont le garçon est homo et la fille hétéro, un célibataire qui en pince pour son dealer tout en vouant un culte à l’actrice Helen Hunt, une famille musulmane, un mauvais payeur – et coucheur – afro-américain qui règle sa came en pièces jaunes…
Samsung – The New Normal
Durée : 00:31
L’un des épisodes les plus intéressants et excentriques se concentre sur l’existence morose d’un chien – son maître, dépressif et boulimique, n’étant que rarement filmé au-dessus des épaules. La caméra suit l’animal, qui retrouve la joie de vivre au contact d’une « dog walker » (une « promeneuse de chiens ») avant de s’enfuir, recueilli par de nouveaux maîtres. Cet épisode n’entretient qu’un rapport tout à fait ténu avec la drogue, qui semble ne constituer qu’un simple et allusif prétexte à inclure ce petit bijou au propos.
La distribution, excellente, de ces merveilleux portraits sociologiques du New York actuel (Brooklyn en particulier) est plutôt bigarrée. On y retrouvera, entre autres, l’une des comédiennes de la série Orange Is the New Black (Yael Stone, de nouveau dans un rôle de douce-dingue), un acteur de films pornographiques gay (Colby Keller, également performeur), le gagnant de l’avant-dernière saison du concours de travestis « RuPaul’s Drag Race » (Bob The Drag Queen, de son vrai nom Christopher Caldwell).
High Maintenance, de Ben Sinclair et Katja Blichfeld. Avec Ben Sinclair, Yael Stone, Colby Keller (EU, 2016, 6 x 30 minutes).