Avec le transfert de Mbappé, le fair-play financier vient-il de voler en éclats ?
Avec le transfert de Mbappé, le fair-play financier vient-il de voler en éclats ?
Par Clément Martel, Clément Guillou
Le dispositif de l’UEFA visant à lutter contre le surendettement des clubs n’a pas fait reculer le PSG dans ses recrutements pharaoniques.
« FPF ». Ce n’est pas l’anagramme de la nouvelle attaque qui va terroriser l’Europe du football, après la « MSN » (Messi-Suarez-Neymar) du FC Barcelone ou la « BBC » (Bale-Benzema-Cristiano Ronaldo) du Real Madrid. « FPF », comme fair-play financier, c’est l’ombre qui plane sur le Paris Saint-Germain depuis qu’il a formé une attaque Cavani-Neymar-Mbappé dont il reste à trouver le surnom.
L’officialisation, jeudi 31 août, du prêt par l’AS Monaco de l’attaquant français de 18 ans Kylian Mbappé, assorti d’une option d’achat d’un montant estimé à 180 millions d’euros (bonus compris), ravive l’intérêt pour ce dispositif. Mis en place par l’UEFA en 2011, ce mécanisme interdit aux clubs de dépenser chaque année plus qu’ils ne gagnent, sous peine de sanctions. Il avait été instauré alors que nombre d’équipes étaient criblées de dettes et régulièrement renflouées par des mécènes ou des Etats.
En 2012, Michel Platini, alors président de l’UEFA, expliquait que la création du FPF avait été motivée par l’arrivée d’Etats dans le football, comme les Emirats arabes unis, propriétaires de Manchester City depuis 2008, ou le Qatar, dont le fonds souverain a racheté le Paris Saint-Germain en 2011.
Face à cette contrainte, les responsables parisiens ont fait preuve de créativité. L’Autorité du tourisme du Qatar a ainsi versé 200 millions d’euros par an au PSG dans le cadre d’un contrat d’image, le club parisien et ses stars faisant la promotion du pays. Un montant surévalué, selon les experts de l’UEFA, pour qui cette somme ne correspondait ni à l’aura du PSG, ni au marché du sponsoring sportif.
Hausse des revenus
Paris avait alors été sanctionné en 2014, comme Manchester City, d’une amende de 60 millions d’euros dont 20 ferme. Depuis, les revenus du PSG ont bondi (521 millions d’euros en 2016, selon le cabinet Deloitte) et correspondent davantage à ses investissements. Mais ils restent insuffisants face aux 237 millions d’euros d’indemnités de transfert signés durant le mercato de l’été 2017 (Neymar, Yuri Berchiche…) tout en payant les salaires des joueurs, dont trois figurent parmi les plus élevés du football mondial.
D’où l’arrangement trouvé avec Monaco. L’accord avec le club de la Principauté, qui prête gratuitement Kylian Mbappé cette saison, permet au PSG de ne débourser les 180 millions qu’à l’été 2018. C’était, côté parisien, la condition sine qua non pour pouvoir réaliser l’opération.
Le système du FPF permet par ailleurs à Paris d’étaler dans ses comptes l’indemnité de transfert sur la durée du contrat. Autrement dit, si la clause libératoire de 222 millions d’euros payée au FC Barcelone pour recruter Neymar est considérée comme un transfert – le joueur s’étant lui-même libéré de son contrat en payant la clause, remboursée par Paris, un mécanisme inédit dans le football –, le PSG pourra budgéter 44 millions d’euros sur ses cinq années de contrat.
Paris va aussi bénéficier du fait que l’UEFA commencera en octobre à disséquer l’exercice comptable clôturé en juin… avant le recrutement du Brésilien et du Français. Le contrat de Neymar ne sera donc pris en considération que dans un an, et il faudra attendre 2019 pour l’intégration dans les comptes du transfert de Kylian Mbappé. De quoi donner plusieurs années au club parisien pour diminuer son énorme masse salariale et augmenter ses revenus avec la vente de joueurs, la signature de nouveaux contrats de sponsoring ou… une victoire en Ligue des champions.