La Française des jeux va quitter la « capitale du Loto »
La Française des jeux va quitter la « capitale du Loto »
Par Denis Cosnard
L’entreprise s’apprête à vendre son site historique de Moussy-le-Vieux, construit lors du lancement du Loto.
Pose de la première pierre des bâtiments du Loto à Moussy-le-Vieux (Seine-et-Marne), en 1975. / Association des Gueules cassées
Au sein du personnel, l’affaire suscite autant d’émoi que la possible privatisation de l’entreprise : la Française des jeux s’apprête à vendre son site historique de Moussy-le-Vieux (Seine-et-Marne), l’une de ses trois implantations avec le siège de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) et l’antenne de Vitrolles (Bouches-du-Rhône). Le dossier est présenté, jeudi 7 septembre, au comité central d’entreprise, avant d’être soumis au conseil d’administration prévu vendredi.
Une affaire marquante, tant le village de Moussy-le-Vieux, à 35 kilomètres au nord de Paris, a des liens anciens avec l’exploitant du Loto. Le château de Moussy est la demeure historique de l’association des « Gueules cassées », créée en 1921 pour venir en aide aux soldats mutilés du visage et qui se trouve à l’origine de la création de la Loterie nationale (elle détient toujours 9 % du capital de la Française des jeux).
En 1975, lorsque la Loterie nationale se relance en créant le Loto, c’est logiquement à Moussy, sur les terres des « Gueules cassées », que l’entreprise installe son tout nouveau Centre Mécano-Informatique pour le traitement des bulletins.
C’est là, dans un bâtiment à ossature métallique très moderne pour l’époque, que les bulletins remplis venus de la France entière sont microfilmés, triés, enregistrés sur bande magnétique, classés entre gagnants et perdants au rythme de 1 200 bulletins par minute et par machine. Abri des « Gueules cassées », Moussy devient soudain la « capitale du Loto ».
Petit musée interne
L’informatisation et un important plan social en 1991 ont eu raison de tout ce dispositif. Au fil des années, l’activité de Moussy a diminué, et changé. La Loterie nationale, devenue Française des jeux, y a installé des équipes administratives, du personnel chargé de développer de nouveaux jeux ou encore de suivre l’équipe cycliste professionnelle. Au sous-sol, deux pièces abritent aussi un petit musée interne, où sont conservés des sphères contenant les boules du Loto, un distributeur automatique de Banco ou encore la véritable roue du Millionnaire.
Problème : conçus pour abriter plus de 800 personnes, les bâtiments emploient aujourd’hui moins de 200 salariés. Depuis des années, l’entreprise envisageait donc de déménager, et cherchait un locataire pour reprendre ces lieux très surdimensionnés, situés à 8 kilomètres de l’aéroport de Roissy.
Quand, cet été, la présidente Stéphane Pallez a reçu une offre d’achat inattendue émanant d’un groupe français dont le nom n’est pas encore connu, elle n’a donc guère hésité. « C’est une offre ferme, forte, et nous pensons y donner suite », explique-t-on au siège. « Ce déménagement présente une vraie logique économique », reconnaît un syndicaliste.
Pour ce qui est du personnel, la direction se veut très rassurante. Tous les salariés seront reclassés dans un site voisin encore à louer ou à acheter. Aucun poste n’est menacé.