TV : « Tosca » de Puccini capté par Zeffirelli
TV : « Tosca » de Puccini capté par Zeffirelli
Par Renaud Machart
A voir cette nuit. La soprano, disparue à Paris en septembre 1977, était filmée en 1964 par le cinéaste Franco Zeffirelli dans sa propre mise en scène de « Tosca » pour le Covent Garden de Londres (sur Arte à 1 h 25).
Maria Callas - Vissi D'arte - Tosca - 1964
Durée : 03:24
Maria Callas est morte à Paris il y a quarante ans. Depuis, cette incandescente artiste – qui s’est brûlé les ailes et les cordes vocales en donnant aux rôles extrêmes abordés pendant sa courte carrière toute la force possible et imaginable – est un immarcescible mythe.
Chaque réédition de ses enregistrements – pirates ou officiels – trouve un nouveau public, fasciné autant par la carrière et les interprétations extraordinaires de la soprano que par sa vie privée haute en couleur et en scandales.
Mariée depuis 1949 à son manageur italien, Giovanni Battista Meneghini, de presque trente ans son aîné, la soprano gréco-américaine, née le 2 décembre 1923 à New York, divorcera dix ans plus tard pour officialiser une relation avec le milliardaire Aristote Onassis. Celui-ci la lâchera à son tour pour Jackie Kennedy – qu’il épousera en 1968.
Image en noir et blanc restaurée
A l’occasion de l’anniversaire de sa mort, Arte propose la diffusion du deuxième acte de Tosca, de Giacomo Puccini, l’un des opéras fétiches de Callas, mis en scène par Franco Zeffirelli au Covent Garden de Londres, en 1964. Le seul acte à avoir été enregistré et qui est proposé dans une image – en noir et blanc – restaurée.
En 1964, Callas n’a pas la voix dans le meilleur des états. Elle est à un an d’abandonner la scène. Rudolf Bing, le directeur du Metropolitan Opera de New York, à qui elle s’opposa souvent de manière polémique, disait – rappelle René de Ceccatty dans son Maria Callas (Gallimard, « Folio Biographies », 2009) – , évoquant son interprétation du rôle-titre de l’opéra de Puccini quelques mois plus tard au Met : « Elle ne chanta pas bien, mais ça n’avait aucune importance – il n’y avait jamais eu de Tosca semblable. »
Ceccatty ajoute : « Les images télévisées donnent une idée de l’intensité de ces représentations, où l’excitation du public était accrue par l’attente d’une nouvelle défaillance, d’un nouveau scandale, d’une manifestation de cabale. » Mais cette captation ne fait entendre aucune manifestation ni les applaudissements.
Maria Callas chante « Tosca », acte II, au Royal Opera House, à Covent Garden en 1964. / © MARIA CALLAS GREEK SOCIETY
La chanteuse, parfois au bord du cri, qui fut autant actrice que cantatrice – cantactrice ? – montre, à l’occasion de certains gros plans, son incroyable investissement dramatique, une sublime hystérie. (En 2012, Zeffirelli dira au quotidien britannique TheGuardian qu’il y voit « ici ou là du mauvais jeu d’acteur. Mais personne ne fit quoi que ce soit qui ne fût prescrit par la musique ».)
Dans les moments qui précèdent l’air Vissi d’arte et l’assassinat de Scarpia (incarné par le mythique Tito Gobbi), les expressions de la chanteuse sont presque celles, outrées, qu’on pouvait voir chez les actrices du cinéma muet. Callas saura pourtant jouer avec un minimum d’effets quand Pier Paolo Pasolini la fera tourner, muette et sublime, dans son Médée (1969). En sus du visionnage de cette captation mythique, on recommandera la lecture de Maria Callas, l’ultime tournée (1999), de Robert Sutherland, qui vient de paraître en français (L’Archipel, 362 p., 22 €).
Celui qui fut son dernier pianiste, lors d’une tournée de récitals avec le ténor Giuseppe di Stefano, raconte les dernières années et même les derniers instants de la vie de celle qui, à bout de force, entre tranquillisants et amphétamines, s’effondra dans son appartement de l’avenue Georges-Mandel, le 16 septembre 1977.
Callas était usée et avait les traits d’une femme âgée. Mais elle n’avait que 53 ans.
Tosca, de Giacomo Puccini, deuxième acte. Captation réalisée par Franco Zeffirelli (Allemagne, 1964, 50 min). Egalement sur Arte + 7.