Plateau de fromages dans un restaurant français de Pékin le 8 septembre. Le camembert, le brie et le roquefort ne sont plus autorisés en Chine. / GREG BAKER / AFP

La communauté française de Chine est en émoi. Depuis une semaine, plus de camembert, ni de brie, ni de bleu dans les assiettes. Le 7 septembre, la petite entreprise française Cheese Republic, qui livre des fromages européens aux particuliers dans les grandes villes chinoises, alertait : les fromages à pâte molle ne passaient plus les douanes. Après le reblochon, bloqué depuis le mois de mai, c’est l’ensemble de la famille des pâtes molles, dont la plupart sont françaises, qui restait en rade. Trop de bactéries, croient savoir les importateurs, mais aucune explication officielle n’a été donnée pour expliquer ce revirement.

Lundi 11 septembre, la Chambre de commerce européenne s’en est émue :

« Ces fromages sont importés et consommés en toute sécurité en Chine depuis des décennies », a souligné l’association dans un communiqué.

Le lobby européen a regretté ce changement soudain et inexpliqué. « Les autorités chinoises n’ont jusqu’à présent pas répondu à nos lettres et n’ont pas respecté leur engagement à s’aligner sur les normes internationales », a regretté une source à la Chambre, citée par l’agence de presse Reuters.

Réglementations ambiguës

Les fromages à pâte molle sont très peu consommés en Chine. L’essor des produits laitiers en général est relativement récent, mais se limite au lait et aux yaourts. Mais les goûts changent. D’après le cabinet Euromonitor, les ventes de fromages augmentent en Chine, et devraient progresser de 26 % cette année, pour atteindre 5,3 milliards de yuans (678 millions d’euros). Plus de 90 % de ces ventes concernent des produits importés, la plupart de Nouvelle-Zélande et d’Australie, qui fournissent l’équivalent de la mozzarella utilisée dans les pizzas. Les fromages à pâte molle, comme le camembert, le brie, alimentaient essentiellement les restaurants haut de gamme ou les boutiques ciblant les expatriés. A eux deux, ces fromages représentaient toutefois 15 % des ventes cette année.

Les réglementations chinoises sont ambiguës concernant les bactéries autorisées. En 2010, le ministère de la santé a publié une « Liste des cultures comestibles dans la nourriture », dans laquelle les bactéries utilisées dans la production de fromages à pâte molle n’apparaissent pas. Mais une autre note précisait que les moisissures utilisées traditionnellement pouvaient continuer à être employées. La Chambre de commerce européenne souligne qu’elle travaillait depuis plus de deux ans avec les autorités chinoises à la révision des standards nationaux de sécurité alimentaire au sujet du fromage.

Cela faisait plusieurs mois que les « pâtes molles » n’étaient plus acceptées par les services du port de Shanghaï. Mais les pratiques pouvaient varier d’une province à l’autre : les importateurs parvenaient jusqu’ici à faire passer les fromages incriminés par d’autres ports chinois. Ce n’est désormais plus le cas.