Campement de La Chapelle, le 17 août 2017 à Paris. / Francois Mori / AP

Lundi 11 septembre, le Haut-Commissariat aux réfugiés a demandé aux pays européens de s’engager en 2017 à réinstaller 40 000 Africains en route vers l’Europe. Pourtant leader sur les initiatives concernant la Libye, la France n’a toujours pas décidé combien de migrants elle ferait venir du Tchad et du Niger. D’ailleurs, si le plan migrants annoncé le 12 juillet par le premier ministre prévoyait la nomination d’un ­délégué interministériel aux réfugiés, chargé d’assurer ces réinstallations en France, personne n’a encore été nommé. Quant aux engagements pris sous la précédente mandature, ils ne semblent pas préoccuper l’exécutif, alors qu’ils sont loin d’être honorés.

Accueil au compte-gouttes

Côté réinstallation, 2 700 personnes majoritairement syriennes ont bénéficié d’un aller simple pour la France. Il s’agit surtout de Syriens installés en Jordanie, au Liban et en Turquie. Reste que, à côté de ces « chanceux », plusieurs milliers d’autres, déjà « sélectionnés » par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), attendent toujours un visa délivré par la France pour venir. Pour l’aide aux pays de première arrivée, la France s’était engagée à relocaliser 30 000 migrants avant fin 2017 ; seuls 4 278 sont déjà arrivés en provenance d’Italie (330) et de Grèce (3 948). Face à ce bilan, la Commission européenne classe la France dans le groupe des pays qui « devraient de toute urgence accélérer les transferts », dans son 15e rapport sur la relocalisation et la réinstallation, publié le 6 septembre.

Au total, 27 695 personnes ont été relocalisées à ce jour en Europe, sur les 160 000 attendues. Plusieurs Etats, tels Malte ou la Lettonie, ont déjà rempli leur quota attribué depuis la Grèce, talonnés par la Finlande, la Lituanie, le Luxembourg et la Suède. Malte et la Finlande ont également presque relocalisé le nombre total de personnes qui leur avait été attribué depuis l’Italie, alors que la France est à moins de 5 % des arrivées attendues depuis ce pays (où elle renvoie volontiers tous ceux qui y ont laissé des empreintes).

Cet accueil au compte-gouttes interroge sur la volonté du président d’honorer les accords européens pris par son prédécesseur, mais aussi sur l’ouverture d’une voie d’accès en France depuis le Tchad ou la Libye, annoncée en juillet. « Si les réfugiés sélectionnés en Afrique doivent attendre aussi longtemps pour arriver en France que les Syriens de Grèce, ils continueront à se mettre entre les mains des passeurs et à traverser la Méditerranée », s’inquiète un haut fonctionnaire pourtant favorable à l’idée défendue par Emmanuel Macron d’aller chercher des réfugiés en Afrique.