Ai Weiwei, l’art du scandale
Ai Weiwei, l’art du scandale
Par Roxana Azimi
L’artiste dissident chinois hérisse depuis longtemps le poil des autorités de son pays. Mais pas seulement. Son œuvre, souvent provocatrice, est jalonnée de petites et grandes polémiques.
Installations, performances ou photos : on ne compte plus les œuvres d’Ai Weiwei qui ont pu choquer une partie du public, en Asie, en Europe ou en Amérique. Sélection des plus marquantes de ces dernières années.
2017, l’arche de la discorde à New York
L’installation « Les bonnes barrières font les bons voisins », à New York, en 2017. / AI WEIWEI STUDIO/FRAHM & FRAHM
Une association new-yorkaise de Washington Square s’émeut. Ai Weiwei prépare une installation sur le thème de l’immigration et des frontières sous le libellé Les bonnes barrières font les bons voisins. Des voisins, justement, estiment que la cage métallique qui doit être installée sous l’arche d’une place de Manhattan va nuire à son intégrité… et empêcher l’illumination du sapin de Noël.
2016, des flots d’indignation à Florence
Le Palazzo Strozzi, à Florence, paré de canots pneumatiques, en septembre 2016. / LAURA LEZZA/GETTY IMAGES
Ai Weiwei s’est donné une mission : dénoncer le drame des migrants qui traversent la Méditerranée. Début 2016, il accroche des milliers de gilets de sauvetage sur les colonnes de la Konzerthaus de Berlin sans susciter la moindre grogne. Mais quand il pare, en septembre 2016, le Palazzo Strozzi, à Florence, de canots pneumatiques, le musée est inondé de messages hurlant à l’affront esthétique.
2016, la reconstitution qui s’en va à vau-l’eau
L’artiste s’est photographié dans la position du petit Aylan, retrouvé noyé sur une plage turque en 2015. / COURTESY AI WEIWEI
La photo de trop, ou une provocation utile ? Ai Weiwei se représente échoué sur une plage dans la position d’Aylan Kurdi, Syrien de 3 ans retrouvé noyé sur une plage turque en 2015. Le malaise est immédiat. Peut-on reconstituer une tragédie qui a ému le monde entier ? S’agit-il d’une récupération inappropriée ? Son exposition dans le contexte marchand d’une foire en Inde en février 2016 attise la polémique.
2015, le bras de fer avec Lego
En 2015, Ai Weiwei a composé en briques Lego des portraits de dissidents politiques. / THOR SWIFT/« THE NEW YORK TIMES »-REDUX-REA
En 2015, Ai Weiwei contacte la firme Lego pour acheter des pièces. Refus du géant danois du jouet, qui dit ne pas approuver l’usage de ses briques pour les œuvres politiques. Ai Weiwei crie à la censure et rappelle que le fabricant projette de créer un parc à thème à Shanghaï. Une mobilisation mondiale permet à l’artiste de collecter plus d’un million de briques pour former des portraits de dissidents politiques.
2011, des nus honnis par Pékin
En 2009, Ai Weiwei a posé nu en compagnie de femmes dévêtues. / COURTESY OF AI WEIWEI/AFP
Les autorités chinoises ne savent pas quoi inventer pour faire taire Ai Weiwei. En novembre 2011, elles l’accusent de pornographie. En cause, des photos prises deux ans plus tôt, dans lesquelles l’artiste s’exhibe dévêtu, entouré de femmes nues (à droite, la blogueuse d’« Hooligan Sparrow »). En riposte, des dizaines d’internautes ont posté des images dénudées sur un blog intitulé « Ecoute, gouvernement chinois : la nudité n’est pas de la pornographie ».