Assemblée générale de l’ONU : Hassan Rohani réplique à Donald Trump
Assemblée générale de l’ONU : Hassan Rohani réplique à Donald Trump
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Aux yeux du président iranien, la nouvelle administration américaine « détruit sa propre crédibilité et sape la confiance internationale à son égard ».
Hassan Rohani à la tribune de l’ONU, mercredi 20 septembre. / ANGELA WEISS / AFP
Téhéran « répliquera avec détermination » à toute violation de l’accord sur le nucléaire de 2015. C’est le message qu’a adressé le président iranien, Hassan Rohani, à la tribune de l’Organisation des nations unies (ONU), mercredi 20 septembre. Après le discours très offensif de Donald Trump, la veille, contre un texte qu’il a qualifié de « honteux », M. Rohani a insisté sur le fait que l’Iran n’avait « trompé personne » et n’avait « pas été malhonnête ».
« Il serait dommage que l’accord soit détruit par des voyous qui viennent d’arriver sur la scène internationale », a déclaré le président iranien, visant directement M. Trump, qui avait fustigé, la veille, des « Etats voyous ». L’Iran est un pays « qui prône la modération, le respect des droits de l’homme et un engagement constructif dans le monde », a affirmé M. Rohani, répliquant point par point au président américain. Le discours du président Trump est une « rhétorique haineuse » qui « porte atteinte à la confiance internationale », a encore dit M. Rohani.
Mais le bras de fer était prévu pour un peu plus tard dans la journée. Une réunion des pays signataires du texte historique se tient à New York, et elle donnera lieu à la première rencontre entre le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, depuis le changement d’administration américaine, en janvier.
Les Etats-Unis isolés
Le président américain pourrait, à la mi-octobre, ne pas certifier que l’Iran respecte ses obligations, ce qui ouvrirait la voie à une réactivation de sanctions levées dans le cadre de l’accord. A la fin d’août, l’Agence de l’énergie atomique a pourtant certifié que Téhéran respectait bien ses engagements.
Le texte, signé le 14 juillet 2015 à Vienne entre Téhéran et six grandes puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France, Allemagne) après une douzaine d’années d’âpres négociations, prévoit un caractère strictement civil du programme nucléaire iranien, en échange de la levée des sanctions.
Si le milliardaire républicain a assuré avoir déjà pris sa décision, il n’en a pas dit davantage. « Ce qui est clair, c’est qu’il n’est pas heureux de cet accord », a expliqué l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Nikki Haley, sur la chaîne de télévision CBS. « En violant ses engagements internationaux, la nouvelle administration américaine détruit sa propre crédibilité et sape la confiance internationale à son égard », a rétorqué M. Rohani.
Hormis le soutien d’Israël, les Etats-Unis sont isolés sur cette question. La France, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine et l’Allemagne n’ont de cesse de rappeler l’importance de cet accord. Ce texte « est un résultat important du multilatéralisme. C’est un exemple de la façon de résoudre une crise internationale à travers la politique et la diplomatie », a ainsi insisté la diplomatie chinoise.
« L’accord appartient à la communauté internationale et pas à un ou deux pays », a lancé M. Rohani mercredi.
« Ligne rouge » pour l’Iran
Les Etats-Unis ne resteront dans l’accord que si des « changements » sont « introduits », car le texte « doit vraiment être revisité », a prévenu mardi Rex Tillerson. Selon lui, « le défaut le plus flagrant » est qu’il « ne fait que remettre le problème à plus tard ».
« Nous devons garder l’accord de 2015, car c’est un bon accord », a plaidé mercredi le président français, Emmanuel Macron. Mais il a proposé d’« ajouter deux ou trois autres piliers », semblant répondre aux préoccupations américaines. « Un pour un meilleur contrôle des missiles balistiques et des activités balistiques, qui ne sont pas couverts par l’accord de 2015 ; un deuxième pour l’après-2025, parce que l’accord ne couvre pas la situation après 2025 ; et un troisième pour ouvrir des discussions avec l’Iran sur la situation actuelle dans la région ».
Le président Rohani n’a pas répondu à ces propositions dans son discours. Mais selon des diplomates français, toute réouverture des débats reste pour l’instant une « ligne rouge » pour les Iraniens.