« Mon garçon » : Guillaume Canet en vengeur familial
« Mon garçon » : Guillaume Canet en vengeur familial
Par Thomas Sotinel
Semi-improvisé, le film de Christian Carion jette son protagoniste sur les traces des ravisseurs de son fils, au risque de toutes les bavures.
Après Charles Bronson et Jodie Foster, voici Guillaume Canet, dernier rejeton de la triste lignée des vengeurs privés (vigilantes, en bon hollywoodien). Que l’auteur de Rock’n’roll, revenu ici à son métier d’acteur, le fasse sous la direction de Christian Carion, ne fait qu’ajouter au légitime inconfort que l’on peut ressentir à la vision de Mon Garçon. Auteur qui jusqu’ici s’est intéressé aux grands et bons sentiments, Carion jette sans ménagement son héros dans les eaux troubles de la vengeance encore obscurcies par le dispositif qu’il a mis en place.
Faute de temps (Guillaume Canet était pris par la confection de Rock’n’roll), le tournage n’a duré que six jours. Pour lui donner un peu d’allant, il a été décidé de ne faire qu’une prise de chaque plan, que Canet abordait sans avoir lu le scénario, dont ses partenaires avaient eu connaissance.
Julien Perrin est ingénieur, son métier l’oblige à voyager dans le monde entier, au point d’avoir dû se séparer de sa femme et de son fils. Cette conscience professionnelle ne l’empêche pas de rentrer dare-dare lorsque Marie (Mélanie Laurent), son ex, lui apprend que leur enfant a disparu pendant une classe de neige. Le père revenu à son devoir se lance à sa recherche
Scénario caché et fausses pistes
Au festival d’Angoulême, Guillaume Canet a expliqué en présentant Mon Garçon qu’il n’avait « pas joué, mais vécu » les situations que lui imposaient ce scénario caché. Après une petite heure et demie passée en compagnie de Julien Perrin, on se dit qu’il ne ferait pas bon de côtoyer Guillaume Canet en période de crise.
Pendant un court moment, on voit un homme désorienté, fou de rage plus que de chagrin, un personnage dont on peut se demander s’il verse dans un délire de persécution ou un surhomme capable de rendre la justice dans une société incapable de l’administrer. Très vite Julien/Guillaume lève le doute : la clef de toute interrogation se trouve dans la violence physique. Sans doute par scrupule, Christian Carion sème d’erreurs le chemin montagnard (paysages enneigés, mélèzes sinistres, le décor idéal) de son héros. Mais qu’importe qu’on ait rudoyé le compagnon de sa femme où un promeneur si l’enquête avance. Qu’importe même si l’on mutile un suspect.
De toute façon, arrivé à ce moment du film, le personnage central a perdu toute cohérence. Le scénario multiplie les fausses pistes, et la mise en scène à l’arraché (le principe de la prise unique se paie, surtout dans un genre qui réclame une précision horlogère) met en évidence leur invraisemblance. Arrivé à la conclusion étonnamment lénifiante de Mon Garçon (qui relève du sous-genre « vigilante et remariage »), on se dit que certaines expériences gagneraient à ne pas sortir du laboratoire.
MON GARÇON - bande annonce
Durée : 01:13
Film français de Christian Carion, avec Guillaume Canet, Mélanie Laurent (1 h 24). Sur le web : www.nord-ouest.com/films/mon-garcon, www.facebook.com/MonGarcon.lefilm