Le double de luxe Nadal-Federer, la double fracture de Rossi, ce que vous avez raté du week-end de sport
Le double de luxe Nadal-Federer, la double fracture de Rossi, ce que vous avez raté du week-end de sport
Par Youmni Kezzouf
L’actualité sportive ne s’est pas limitée à la victoire de Peter Sagan et à Montpellier-PSG ce week-end. La preuve par Le Monde.fr
Oui, Cyrille Guimard a failli, à 70 ans, mener l’équipe de France cycliste au titre mondial.
Oui, le Kényan Eliud Kipchoge a remporté le marathon de Berlin (sans record du monde).
Oui, les sportifs américains ont répondu aux insultes de Donald Trump.
Mais il s’est passé autre chose ce week-end dans le monde du sport. Et vous êtes peut-être passé à côté.
Les trois leçons du week-end
- Quand ils jouent ensemble, Nadal et Federer gagnent aussi
Les fans de tennis en rêvaient, alors ils l’ont fait. Pour la première édition de la Laver cup, compétition-exhibition mettant aux prises les tennismen européens et ceux du reste du monde, sur un format qui rappelle la Ryder Cup en golf, Rafael Nadal et Roger Federer ont été partenaires de double. Porté entre autres par Roger Federer, ce projet de compétition qui pourrait à terme concurrencer la Coupe Davis a fait le plein dans l’O2 Arena de Prague, où plus de 16 000 spectateurs se sont massés pour admirer les meilleurs tennismen du monde.
Opposés au duo américain Querrey-Sock, Nadal et Federer ont remporté leur match en trois sets, malgré quelques ratés et un manque d’automatisme. Mais tout de même, 35 titres du Grand Chelem qui se côtoient du même côté du filet, c’est un événement rare dont il faut profiter. Grands enfants, les deux stars étaient visiblement ravies de partager le court, dans une ambiance de colonie de vacances affichée sur les réseaux sociaux. C’est d’ailleurs Roger Federer qui a donné la victoire finale aux joueurs européens, en battant l’Australien Nick Kyrgios lors du dernier match.
Just testing @RafaelNadal's reaction time, obviously 🙄 https://t.co/IATmeZacCJ
— rogerfederer (@Roger Federer)
La première édition de cette nouvelle compétition semble en tout cas avoir rencontré son public. Elle aura en tout cas réussi ce que la Coupe Davis peine de plus en plus à faire : atirer les stars, pourtant pas les dernières à se plaindre de calendriers surchargés. On a ainsi vu Tomas Berdych, absent la semaine dernière pour un barrage avec la République tchèque, disputer cette compétition très marketting. L’édition 2018 aura lieu au United Center de Chicago, une salle qui peut accueillir 23 500 spectateurs.
- Valentino Rossi est très solide
Valentino Rossi est du genre obstiné, pas loin de l’inconscience parfois. Nonuple champion du monde, le pilote de moto GP s’est blessé, il y a exactement 25 jours, lors d’une séance d’entraînement. Bilan des courses, ou plutôt de la course : une double fracture tibia péroné et une intervention chirurgicale obligatoire. Mais celui qui est fort à propos surnommé « The Doctor » n’a pas perdu son temps en convalescence.
À la surprise générale, l’Italien s’est aligné au départ des qualifications du grand prix d’Aragon ce week-end. À l’arrivée, il a bluffé tout le monde, y compris lui-même : samedi, il finissait les qualifications avec le troisième meilleur temps, un chrono lui permettant de partir ensuite de la première ligne. « C’est une énorme surprise pour moi. Il y a encore une semaine, je commençais à me sentir capable de concourir mais sans savoir du tout à quoi m’attendre. »
Cinquième à l’arrivée du Grand Prix, dimanche, Rossi a perdu du terrain sur le leader du championnat, Marc Marquez, mais a marqué les esprits. Si bien qu’une théorie a émergé sur les réseaux sociaux, sous-entendant que Rossi ne s’était pas vraiment fracturé la jambe. Après les qualifications, l’Italien de 38 ans a dévoilé ses cicatrices aux caméras pour prouver qu’il s’était bel et bien fait opérer trois semaines plus tôt.
En 1976, cette fois en Formule 1, le pilote Niki Lauda avait pris le départ d’un Grand Prix 42 jours seulement après un terrible accident sur le circuit de Nürburgring. Grièvement brûlé, il avait frôlé la mort et s’était classé quatrième du Grand prix d’Italie pour son retour à la compétition.
Senza parole. #aragongp #vr46 #valentinorossi https://t.co/JJZ3aruXuh
— vale46vale (@☀Vale)
- Laporte attaque et (se) défend
Il a d’abord attaqué « une certaine élite journalistique parisienne ». Puis « ceux qui s’improvisent procureur général sur la place publique », rappelant à ces derniers « qu’une inspection (était) en cours ». Ces mots sont ceux d’un président. Celui de la Fédération française de rugby, Bernard Laporte.
Pour rappel, Bernard Laporte fait face à des soupçons de favoritisme depuis les révélations estivales du JDD et de L’Equipe. Elu à la présidence de la « fédé » en décembre 2016, le tout nouveau président aurait demandé à la commission d’appel fédérale une bienveillance toute particulière envers le club de Montpellier, de sorte qu’elle réduise au moins de juin des sanctions prises en première instance par la Ligue nationale de rugby.
Cela, alors que Laporte avait signé un contrat d’image lui promettant un montant de 150 000 euros avec l’entreprise de Mohed Altrad, président de Montpellier (et partenaire maillot du XV de France depuis cette année). Contrat auquel Bernard Laporte a désormais renoncé.
Samedi, ce dernier avait rendez-vous dans la salle du conclave du Palais de papes, en Avignon. Un succès, malgré ses affaires actuelles. L’assemblée générale extraordinaire de la FFR a approuvé à 83 % les propositions de Laporte : instaurer un vote électronique décentralisé pour les prochaines élections fédérales, créer quatorze ligues régionales pour s’adapter à la réforme territoriale, et limiter à deux le nombre de mandats du président.
Le sien vient déjà de se compliquer singulièrement. Moins d’un an après son élection.
L’homme du week-end : Jean-Pierre Papin
Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? Vendredi soir, l’ancien attaquant marseillais était attendu au Stade des Mourets, pour remettre les « Papin d’or ». Une cérémonie à laquelle il avait été convié par Stéphane Ravier, maire Front national du VIIe secteur de la ville. S’estimant trompé, Jean-Pierre Papin a finalement décliné l’invitation : « La mairie a contacté mon agent pour m’inviter à une opération qui consistait à baptiser un stade de mon nom, a-t-il expliqué à nos confrères de La Provence. La raison avancée n’était pas la bonne, donc je ne viendrai pas. »
Des affiches annonçant sa venue avaient pourtant été placardées dans les treizièmes et quatorzièmes arrondissements de Marseille. Une opération de communication de la part du maire, dénoncent les opposants municipaux.
Désireux de se tenir éloigné de toute polémique politicienne, le Ballon d’or 1991 a préféré se tenir éloigné du Stade des Mourets. Stéphane Ravier, qui a quitté ce week-end la mairie pour respecter la loi sur le non cumul des mandats - il est aussi sénateur - n’aura pas réussi à faire venir la star olympienne avant de partir.
Le chiffre qui en dit long : 0
Comme le montant cumulé, en euros, du salaire des joueuses de rugby qui démarrent leur saison ce week-end en championnat de France. Toujours amateur, le Top 8 féminin a non seulement moins de clubs que son équivalent masculin (le Top 14), mais il a surtout moins d’argent. Pourtant, les Bleues de l’équipe de France se produisent devant de plus de plus de téléspectateurs. Pourtant, le championnat national bénéficie d’une médiatisation en léger progrès : 9 matchs ont été diffusés la saison passée.
Mais aucune de ces équipes n’est pour l’instant en mesure d’assurer aux joueuses un salaire qui leur permettrait de se consacrer à plein temps au rugby. Pas même les trois équipes qui s’adossent à des clubs professionnels masculins. Celle de Montpellier, tenante du titre chez les femmes, est dans ce cas-là, comme le Stade toulousain et Romagnat (en partenariat avec Clermont).
Allez, en cherchant bien, on peut toujours trouver dix-huit joueuses au statut semi-professionnel. Mais celles-ci sont rémunérées par la Fédération française de rugby pour s’entraîner (à 75 % de leur temps de travail) toute l’année avec l’équipe de France olympique de rugby à sept. Environ 2 000 euros par mois, somme évidemment dérisoire une fois comparée à celles du Top 14.
Pour être complet, les résultats inauguraux : Bayonne-Montpellier 10-19 ; Romagnat-Lille 7-31 ; Bobigny-Blagnac 13-16 ; Rennes-Stade toulousain 8-14.
Les wikis du week-end
Niveau : facile
Figure du championnat de France depuis longtemps, j’ai tenu en échec l’attaque parisienne ce week-end, du haut de mes quarante ans.
Niveau : difficile
Attaquant polonais âgé de 23 ans, je me suis blessé aux ligaments croisés ce week-end pour la deuxième fois en un ans.