« Cavale vers les étoiles » : plus cyberpunk, tu meurs
« Cavale vers les étoiles » : plus cyberpunk, tu meurs
Par Morgane Tual
Ce manga de Ryoma Nomura met en scène une héroïne indomptable dans une course-poursuite survoltée.
- « Qui t’a mis dans cet état ? »
- « Mon bras gauche, c’est la martienne. Les jambes, l’armée britannique. Le tronc, un soldat du bataillon du 5ème hiver. »
Ce dialogue pioché dans Cavale vers les étoiles résume bien l’esprit de ce manga de Ryoma Nomura. Dans la pure tradition cyberpunk, les 336 pages de ce one-shot sont habitées de corps perpétuellement déglingués et réparés, de chair et de métal, de sang et de robotique, dans un monde où l’on ne distingue plus vraiment l’humain du cyborg, ni du martien d’ailleurs.
Et c’est bien ce dont il est question dans ce titre : Kinu est une jeune martienne créée sur Terre en éprouvette, dans le but de servir l’armée de l’empire. Mais ce personnage intrépide ne l’entend pas de cette oreille : elle s’échappe dans le but de rejoindre Mars, dont tous les liens avec la Terre sont pourtant rompus. Sur sa route, elle se fera plusieurs compagnons, notamment Roku, une jeune vendeuse de ramens dotée de jambes en métal.
La particularité et le sel de ce manga reposent dans la figure de Kinu, 193 jours au compteur, gamine ingérable à la brutalité innée : chaque problème est réglé à coup de poings dans la figure – pour les plus chanceux.
Mais cette violence tient plus du grotesque assumé que du sadisme, et il y a un tantinet de Tarantino dans la manière dont les scènes les plus absurdes nous font esquisser un sourire à peine coupable. Que signifie d’’ailleurs la violence dans un monde où les corps ne ressentent plus et où un bras coupé se remplace au commerce du coin ?
Le personnage de Kinu est le principal intérêt de « Cavale vers les étoiles ».
Si on finit un peu par se lasser de cette course-poursuite survoltée, le manga de Ryoma Nomura rappelle avec joie ses légendaires prédécesseurs Gunnm et Blame, tout en apportant un nouveau regard au genre. Seule certitude : avec Cavale vers les étoiles, comme l’annonce fièrement la quatrième de couverture, « Cyberpunk is not dead ».
« Cavale vers les étoiles » dépeint une course poursuite survoltée.
Cavale vers les étoiles, Ryoma Nomura, Casterman, 336 pages, 11,95 €.