Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik sont les premiers Nord-Coréens à se qualifier pour PyeongChang. / MICHAEL DALDER / REUTERS

En se qualifiant vendredi 29 septembre pour les prochains Jeux olympiques d’hiver, qui auront lieu de Pyeongchang (Corée du Sud) du 9 au 25 février 2018, le couple nord-coréen de patinage artistique formé par Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik a laissé ouverte la possibilité d’une participation d’une délégation de leur pays. Grâce à une belle performance dans le programme libre du trophée Nebelhorn, à Oberstdorf (Allemagne), le couple a terminé 6e de la compétition, un rang suffisant pour se qualifier pour ces JO. En 2014, aucun athlète nord-coréen n’avait réalisé les minima pour les Jeux de Sotchi (Russie).

Membres du club sportif Taesongsan, sis dans la capitale Pyongyang, les deux patineurs se sont entraînés tout l’été à Montréal (Canada). Ils y ont suivi les conseils de Bruno Marcotte et de sa sœur Julie. Celle-ci a réalisé la chorégraphie du couple, leur proposant comme accompagnement musical du programme libre le titre Je ne suis qu’une chanson, interprété par le monument de la chanson québécoise Ginette Reno. Cette qualification marque une nouvelle progression pour ce couple qui a fini 15e aux championnats du monde organisé en mars à Helsinki et 3e aux Jeux asiatiques de février à Sapporo (Japon).

Leur qualification a été saluée par le gouvernement sud-coréen, qui souhaite que d’autres athlètes nord-coréens aient l’opportunité de participer aux Jeux. Toujours favorable à une reprise du dialogue avec Pyongyang, le président Moon Jae-in y voit une « bonne opportunité pour la paix et la réconciliation ». Séoul comme le Comité international olympique (CIO) espèrent la participation d’athlètes nord-coréens aux jeux de Pyeongchang.

Le Nord autorisera-t-il ses athlètes à concourir ?

La question reste pourtant de savoir si Pyongyang acceptera de laisser une délégation se rendre dans cette ville située à 80 km au sud de la zone démilitarisée (DMZ). A Oberstdorf, les deux patineurs et leur entourage sont restés discrets sur ce point. « Il revient au comité olympique nord-coréen de décider de leur participation », a rappelé leur entraîneur Kim Hyon-son.

En 2017, les équipes nord-coréennes de hockey et de taekwondo ont participé à des compétitions en Corée du Sud. Mais la République populaire et démocratique de Corée (RPDC) avait boycotté les Jeux de Séoul, en 1988, choisissant d’organiser en contrepoint l’année suivante la 13e édition du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants.

Le fait d’envoyer ses patineurs s’entraîner à Montréal montre pourtant une volonté d’obtenir des résultats et laisse penser que la Corée du Nord conserve la possibilité d’envoyer ses athlètes à Pyeongchang. En visite aux Etats-Unis pour promouvoir les Jeux, le vice-ministre des sports sud-coréen, Roh Tae-kang, a rappelé que les échanges intercoréens avaient toujours pâti des « provocations », mais que, souvent, « le Nord participe après une décision prise à la dernière minute ».

La paire nord-coréenne est allée s’entraîner au Canada pour se préparer aux Jeux olympiques. / Matthias Schrader / AP

Cette ambition traduirait également l’importance accordée par le régime de Pyongyang au sport. Dans un discours tenu devant l’Assemblée suprême du peuple, en avril 2014, Kim Jong-un, chef suprême de la Corée du Nord, en avait fait une des priorités nationales. Il s’agit pour la RPDC d’améliorer son image internationale et pour le dirigeant de se montrer énergique et proche de la population.

Dans cette optique, des installations sportives ont été construites, notamment le parc aquatique Munsu et le parc équestre Mirim. Des aménagements modernes – salles de tennis de table et de musculation, piscine – ont été réalisés dans des usines comme, à Pyongyang, la fabrique de fil de soie Kim Jong-suk, du nom de la première épouse de Kim Il-sung (1912-1994), grand-père du dirigeant actuel et fondateur de la RPDC.

Des stars internationales du sport sont également sollicitées. Le basketteur américain Dennis Rodman s’est ainsi rendu à plusieurs reprises à Pyongyang, tout comme l’ancien catcheur japonais Antonio Inoki. Aujourd’hui parlementaire, ce dernier a fait le déplacement en Corée du Nord en septembre malgré les réserves du gouvernement nippon. « L’un des objectifs de ma visite est d’empêcher la rupture totale des communications avec le Nord », a-t-il déclaré.