Au Liberia, le Réseau des femmes pour la paix jeûne et prie pour des élections sans violences
Au Liberia, le Réseau des femmes pour la paix jeûne et prie pour des élections sans violences
Le Monde.fr avec AFP
L’organisation de Leymah Gbowe, colauréate du prix Nobel de la paix 2011, se réunit à nouveau depuis trois semaines pour appeler au calme lors de la présidentielle.
Mercredi 4 octobre, une centaine de Libériennes vêtues de tuniques ou de tee-shirts blanches proclamant « Souvenez-vous du passé » prient agenouillées au terme d’une nouvelle journée de jeûne, débuté il y a trois semaines pour exhorter leurs compatriotes à éviter toute violence lors des élections générales du 10 octobre.
Ces femmes de tout âge se réunissent de l’aube au coucher du soleil en bord de route dans la capitale, Monrovia, devant les quartiers généraux de plusieurs candidats à la présidentielle, rappelant les manifestations pacifistes qui avaient aidé à en finir avec les guerres civiles (1989-2003).
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Durée : 01:54
« Nous avions mené le processus en 2002 et 2003 pour le mouvement de masse des femmes en faveur de la paix. Nous voulons poursuivre cette action en participant au maintien de cette paix obtenue », explique Delphine Morris, coordinatrice nationale du Réseau des femmes pour la paix (Women in Peacebuilding Network, WIPNET). « Pendant cette période électorale, nous pensons qu’il est sage de se rassembler à nouveau, pour unir nos fois et nous assurer que les élections seront bien libres et transparentes », ajoute-t-elle.
Dans leur petit campement, les militantes de WIPNET terminent la journée en chantant et ont même enregistré un clip vidéo musical, pour le plus grand plaisir des passants et des automobilistes. Les femmes aux slogans « Souvenez-vous du passé » et « Le viol est un crime » dansent au passage de convois appelant à voter pour les différents candidats, qui klaxonnent à plein volume.
« Nous ne voulons plus de guerre ! »
Au cours de la guerre civile particulièrement cruelle dans ce pays, le WIPNET avait mené des sit-in et des prières publiques pour obtenir la fin des violences et la réconciliation, et l’une de ses fondatrices, Leymah Gbowee, a obtenu, en 2011, le prix Nobel de la Paix au côté de la présidente Ellen Johnson Sirleaf. « Pendant la guerre, nous priions, et nous jeûnions, et la guerre a cessé », se souvient Jassah Ganyan, une vieille dame qui se repose à l’abri d’une bâche. « Nous ne voulons plus de guerre ! », lance-t-elle.
Mais beaucoup de participantes pensent que le spectre d’un conflit rôde toujours, dans la mesure où la présidente Sirleaf se retire après douze années de pouvoir.
« Nous craignons des violences électorales, confie Delphine Morris, tout en regardant un véhicule blindé de la police passer sur la route. En 2011, une fois le résultat annoncé, il y a eu des scènes de violence, et une ou deux personnes sont mortes. Nous ne voulons plus voir ça. »
A Monrovia, le 5 octobre 2017, militantes du Réseau des femmes pour la paix (WIPNET) qui se réunissent depuis trois semaines pour prier et répéter inlassablement un message de calme et de respect du pluralisme politique durant les élections générales du 10 octobre. / ZOOM DOSSO / AFP
En 2011, Winston Tubman, le candidat devancé par Ellen Johnson Sirleaf, avait appelé ses partisans à boycotter le second tour. Deux personnes avaient été tuées devant son quartier général la veille du scrutin.
Delphine Morris craint surtout que certains candidats n’enveniment la situation en proclamant prématurément leur victoire, dans la mesure où le scrutin semble cette année très ouvert. Ils sont vingt candidats à se présenter. « Tous les partis à qui vous parlez vous disent qu’ils doivent gagner et ils pensent déjà avoir gagné ! », s’inquiète-t-elle.
Le mouvement des femmes a rédigé un memorandum contre la violence et l’a présenté aux candidats, mais Mme Morris n’a pas été en mesure de préciser si tous les partis avaient signé cet engagement. « Si vous ne gagnez pas, c’est peut-être que ce n’est pas votre moment, ou que vous devez mieux faire votre travail », lance-t-elle d’ores et déjà à l’adresse des candidats.