Espagne : les séparatistes catalans poursuivis restent en liberté et les tensions, vives
Espagne : les séparatistes catalans poursuivis restent en liberté et les tensions, vives
Le Monde.fr avec AFP
Carles Puigdemont a l’intention de s’exprimer, mardi, devant le Parlement catalan, dont la session a été suspendue par la Cour constitutionnelle espagnole.
L’impasse semble totale dans ce qui est la pire crise que l’Espagne ait connue depuis des décennies. A trois jours de la date envisagée en Catalogne pour une déclaration unilatérale d’indépendance qui alarme aussi l’Europe, le chef de la police catalane et les dirigeants du mouvement des séparatistes catalans étaient entendus, vendredi 6 octobre, à Madrid, pour sédition. Ils sont sortis libres du tribunal, le parquet n’ayant pas requis leur placement en détention, selon une source judiciaire.
« Aucun délit commis »
Aucune mesure de contrôle judiciaire n’a été imposée, selon une porte-parole de l’Audience nationale, le tribunal où étaient entendus le chef de la police Josep-Lluis Trapero, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, qui restent inculpés. Teresa Laplana, l’adjointe du chef de la police, également poursuivie, a été entendue par vidéoconférence. Le chef de la puissante Association nationale catalane (ANC), Jordi Sanchez, a souligné que son groupe ne reconnaissait pas « la compétence de ce tribunal » et estimait n’avoir « commis aucun délit ».
La justice reproche aux quatre inculpés de n’avoir pas évité, voire d’être directement responsables, des troubles ayant suivi l’arrestation des organisateurs présumés du référendum, les 20 et 21 septembre à Barcelone. Des gardes civils avaient été empêchés de quitter le bâtiment qu’ils avaient perquisitionné et des leaders des associations séparatistes avaient tenu un meeting devant les locaux, installés sur les voitures de la garde civile. Celles-ci avaient, en outre, été endommagées et recouvertes d’autocollants séparatistes.
Une crise qui divise la Catalogne
L’absence de placement en détention provisoire évite sans doute de nouveaux troubles en Catalogne, où la rue est particulièrement agitée depuis les violences policières qui ont émaillé la tenue, dimanche, d’un référendum interdit sur l’indépendance. Madrid et Barcelone sont plongés dans la crise politique la plus grave en Espagne depuis que ce pays est redevenu démocratique, en 1977. Une crise qui divise la Catalogne, où vivent 16 % des Espagnols et où la moitié de la population n’est pas indépendantiste selon les sondages.
Le président catalan, Carles Puigdemont, a l’intention de s’exprimer, mardi, devant le parlement catalan dont la session a été suspendue par la Cour constitutionnelle espagnole, a rapporté, vendredi, la porte-parole de l’assemblée régionale. Il prévoit d’évoquer la situation politique de la région. Les indépendantistes continuent à avancer vers la sécession dans la foulée du référendum de dimanche, mais le gouvernement central de Mariano Rajoy écarte toute médiation tant qu’ils n’auront pas renoncé à leur ambition.