Après des années difficiles, le marché du mobilier urbain repart
Après des années difficiles, le marché du mobilier urbain repart
Le Monde.fr avec AFP
Les aménagements lancés par de nombreuses villes – piétonnisation, pistes cyclables, limitation de la circulation automobile, refonte des quartiers de gares – font décoller les entreprises de mobilier urbain.
Le marché français du mobilier urbain affiche une forte croissance après plusieurs années difficiles. / josfor - Fotolia
Le marché français du mobilier urbain affiche une forte croissance après plusieurs années difficiles, grâce au regain d’intérêt des élus et des Français pour l’aménagement des centres-villes. Il doit cependant s’adapter à ce retournement de tendance.
« Aujourd’hui, avec la volonté de réinvestir les centres-villes, il y a une vraie reprise du marché, même assez violente », a constaté jeudi 12 octobre Dominique Weber, président de l’Union nationale des industries de l’ameublement français (Unifa).
« Piétonniser les centres-villes, arrêter la voiture, promouvoir le vélo, tout cela nécessite un habitat urbain nouveau, explique-t-il. Il y a des vraies opportunités [pour répondre à] une demande de propreté, de sécurité et d’un mobilier qui crée de la convivialité. »
Nouveaux usages, matériaux renouvelés comme la céramique ou le fil d’acier, attention portée au design : les industriels du mobilier urbain veulent accompagner ce mouvement, confirme Gilles Boudou, président du groupement des professionnels du mobilier urbain (Promu), qui a rejoint l’Unifa il y a quatre ans.
Ce secteur regroupe en France 25 entreprises, essentiellement des PME, pour un chiffre d’affaires cumulé de 250 millions d’euros, concernant principalement le petit mobilier urbain (bancs, tables, corbeilles, grilles de protection, potelets, barrières, etc.) hors signalétique.
Les Français affichent un point de vue positif sur le mobilier urbain, jugé de bonne qualité par 75 % d’entre eux et en bon état et robuste pour 71 %, selon une étude du cabinet Kantar Public, réalisée pour la fédération de l’ameublement et présentée jeudi à la presse.
En dépit de ce satisfecit global, les Français réclament un mobilier urbain mieux réparti dans la ville (pour 90 %), plus confortable (89 %) et plus solide (89 %), indique cette étude réalisée en juin auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 personnes résidant dans des villes de plus de 10 000 habitants.
« Il y a une réelle attente pour que leur commune accorde davantage d’importance au mobilier urbain », résume Guillaume Caline, de Kantar Public. Les Français sont soucieux de villes plus propres, avec des lieux de convivialité et de repos, offrant des tables, des bancs. Les citadins plébiscitent aussi des zones piétonnes bien délimitées et protégées des voitures, et la présence d’espaces verts.
Espace urbain en pleine mutation
« L’espace urbain est en pleine mutation » et l’innovation doit s’appuyer sur l’analyse des usages, explique Gilles Boudou, également directeur général de la PME toulousaine Area. Selon lui, le développement des transports en commun est aussi un facteur de croissance pour l’équipement urbain, notamment les tramways ou les bus à haut niveau de service.
Dans ce domaine, les projets de la métropole parisienne sont regardés avec le plus grand intérêt. « Le Grand Paris, c’est 78 gares, et autour de chacune, il y a un aménagement. C’est tout à fait considérable », observe Eric Lenoir, directeur général de Seri, un spécialiste du mobilier urbain métallique installé à Châtellerault.
La ville de Paris elle-même a engagé un projet de réaménagement de sept de ses grandes places. Mais dans l’immédiat, les entreprises du mobilier urbain doivent faire face à « des carnets de commandes en très forte progression, après des années de disette », poursuit Eric Lenoir. « Il faut accompagner le retournement » avec « des besoins de personnel et de machines ».
Le secteur avait beaucoup souffert de la réduction ces dernières années des dépenses publiques, et d’un climat moins porteur en périodes électorales. « La reprise pose un certain nombre de problèmes », confirme Daniel Weber. Le président de l’Unifa parle d’un « vrai défi », avec des besoins de trésorerie accrus et des problèmes pour recruter les compétences nécessaires.
La difficulté à répondre au rebond des commandes « risque de profiter à l’importation », relève Eric Lenoir. Comme dans d’autres secteurs industriels, une concurrence significative vient d’Europe de l’Est et d’Asie, selon les professionnels. Plus de la moitié (54 %) des Français interrogés par Kantar jugent pourtant important que le mobilier de leur ville soit produit en France.
Une exposition consacrée au mobilier urbain est en préparation au printemps prochain, dans le cadre du prochain festival du design D’Days. Une occasion de « donner un coup de projecteur sur le mobilier urbain, qui est partout et qu’on ne voit pas », selon Gilles Boudou.