Réunis en sommet à Bruxelles, les chefs d’Etat contraints de déménager
Réunis en sommet à Bruxelles, les chefs d’Etat contraints de déménager
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
Le bâtiment Europa flambant neuf, qui a coûté 320 millions d’euros, a dû être évacué à la suite de plusieurs émanations toxiques.
La salle de réunion principal du bâtiment Europa, à Bruxelles, en décembre 2016. | Geert Vanden Wijngaert / AP
Des fumées toxiques, apparues pour la deuxième fois en quelques jours dans le nouveau bâtiment du Conseil européen, à Bruxelles, entraînent un gigantesque branle-bas : les chefs d’Etat et de gouvernement appelés à se réunir jeudi 19 et vendredi 20 octobre devront être abrités dans le Juste Lipse, l’ancien siège du Conseil.
Décidé par simple « précaution » selon les services de l’institution, ce déménagement de l’Europa, un bâtiment flambant neuf qui a coûté la bagatelle de 320 millions d’euros, a été décidé mercredi après-midi, après un nouvel incident dont les causes ne sont pas déterminées. Vendredi 13 octobre déjà, des émanations s’étaient produites à la suite, apparemment, du mélange de produits antibactériens et de nettoyants industriels dans les tuyauteries de la cuisine. Une vingtaine de personnes avaient dû être soignées. Une enquête est toujours en cours.
« Il n’y a pas de craintes sécuritaires, mais quels que soient les dégâts pour notre réputation, nous avons pensé qu’il était mieux de déplacer [le sommet] pour le bien-être de tous », a expliqué à l’AFP une source européenne anonyme.
Si l’architecture de l’Europa, rue de la Loi, reste très discutée, avec une façade ornée de croisillons de teinte orange, le double « incident technique » des derniers jours interroge désormais sur la conception même de cette bulle de verre et de bois, censée abriter deux fois par an au moins la réunion des 28 plus hauts responsables politiques de l’Union.
Le bâtiment, présumé plus sûr – et en grande partie interdit aux journalistes lors des réunions – n’a été inauguré qu’en décembre 2016, après des retards dont Bruxelles est coutumière. Le Berlaymont, siège de la Commission, face à celui du Conseil, a, par exemple, été réinauguré en 2004 après avoir été fermé durant treize ans. Le vaste édifice en étoile du Rond-Point Schuman avait dû être désossé et désamianté. Les travaux auraient coûté, selon les estimations, 1,3 milliard d’euros.
Le débat se poursuit par ailleurs sur l’avenir du siège du Parlement européen. L’état du bâtiment, ironiquement baptisé « Caprice des Dieux », occupé par les eurodéputés dans le quartier de la Place du Luxembourg, nécessite d’importants travaux. L’une des hypothèses examinées est sa destruction avant reconstruction.