Formule 1 : à Austin, le début de la fin
Formule 1 : à Austin, le début de la fin
Par Catherine Pacary
Un titre possible, un mercato actif, de jeunes pilotes à l’essai : à quatre courses de la fin de saison, le Grand Prix des Etats-Unis anticipe déjà sur la saison de 2018.
En remportant le Grand Prix du Japon, le 8 octobre, le pilote Mercedes Lewis Hamilton a fait un grand pas vers le titre. / TORU HANAI / REUTERS
Un parfum de fin de saison flotte déjà sur le Grand Prix des Etats-Unis qui se court dimanche 22 octobre à Austin. A quatre courses de la fin, on pourrait déjà assister au couronnement du Britannique Lewis Hamilton. Après sa victoire il y a deux semaines à Suzuka, le pilote leader de Mercedes compte désormais 59 points d’avance sur son poursuivant, Sebastian Vettel. Mathématiquement, il suffit donc que ce dernier ne fasse pas mieux que 6e et que Lewis Hamilton s’impose pour que le Britannique remporte son 4e titre de champion du monde des pilotes, et Mercedes celui des constructeurs.
Sebastian Vettel n’a pas voulu s’avouer vaincu au Japon, le 8 octobre, après son deuxième abandon en trois courses. Comme son compatriote Michael Schumacher plusieurs années avant lui, il s’est refusé à s’en prendre à ses mécaniciens. Le pilote Ferrari et son écurie voient néanmoins s’envoler leur rêve de titre mondial pour couronner leur 70e saison en F1.
Dernier tours de roues pour Carlos Sainz Jr. sous les couleurs de Toro Rosso à Suzuka, ici le 6 octobre, avant de passer chez Renault. / TORU TAKAHASHI / AP
Fin de saison réelle, cette fois, pour le pilote Renault Jolyon Palmer, qui courait à Suzuka son dernier Grand Prix. Il est remplacé dès ce week-end par l’Espagnol Carlos Sainz Jr. Ce n’est rien de dire que l’Espagnol, transfuge de Toro Rosso, est attendu, après deux courses décevantes pour le constructeur français, au cours desquelles il n’a marqué aucun point. « C’est très important, cela va me donner l’opportunité de connaître tout le monde au sein de l’équipe et de prendre mes marques dans la voiture, a commenté le jeune pilote. J’ai quatre courses pour préparer la saison à venir, mais si je peux aider l’équipe à marquer des points, cela serait merveilleux. »
A tout juste 23 ans, Carlos Sainz Jr. n’est pas le seul à anticiper le mercato hivernal. A l’image du Français Pierre Gasly, embarqué par Toro Rosso (à moteur Honda) dans le championnat le 1er octobre à Singapour, en remplacement de Daniil Kvyat. Le garçon de 21 ans, quasiment certain de retrouver son baquet chez Toro Rosso la saison prochaine, se permet de « sauter » l’étape Austin.
Egalement engagé dans le Super Formula, le championnat de monoplaces exclusivement nippon, Red Bull a préféré l’envoyer courir la double finale qui se dispute justement à Suzuka les 21 et 22 octobre. Pierre Gasly peut en effet y conquérir le titre asiatique puisqu’il aborde ce week-end avec seulement un demi-point de retard au général sur le leader. Une décision prise par l’écurie autrichienne contre l’avis du motoriste Honda de Toro Rosso. Helmut Marko, le patron de Red Bull, souhaite en effet en profiter pour tester un autre pilote, en vue des attributions pour 2018.
Le pilote néo-zélandais Brendon Hartley a surtout une expérience en endurance (ici lors des 6 Heures de Spa, en mai). / WEC
Les débuts de Brendon Hartley
Pierre Gasly et Carlos Sainz Jr partis, Toro Rosso fait ainsi appel à un duo de pilotes inédits. Le Russe Daniil Kvyat, évincé fin septembre au profit de Gasly, retrouve un volant. A ses côtés, le Néo-Zélandais Brendon Hartley fait ses grands débuts en F1 à l’âge de 27 ans. Vainqueur des 24 Heures du Mans en juin, vainqueur des 10 Heures d’Atlanta dimanche dernier, le premier « Kiwi » à courir dans la catégorie reine depuis 1984 s’est déjà essayé à la F1 en tant que pilote essayeur pour Red Bull, en 2009 et 2010. « Cette opportunité est quand même une surprise, mais je n’ai jamais fait une croix sur mon rêve d’enfant qui était d’atteindre la F1 », a-t-il expliqué.
Le COTA, Circuit Of The Americas, accueille la 17 e étape du championnat du monde de F1, du 20 au 22 octobre. / FIA
Les écuries ne sont pas les seules à profiter de la fin de saison anticipée pour « tester » de nouvelles idées. Ainsi le patron de la F1 Chase Carey organise, à domicile, sur ce que les Américains appellent le COTA (Circuit of the Americas, le circuit des Amériques) ce qu’il espère préfigurer le championnat du monde de F1 du futur. Des stars comme Justin Timberlake et Stevie Wonder sont annoncées pour jouer en concert aux côtés de groupes locaux, dans le but d’attirer un public plus large dans une atmosphère familiale. Un succès populaire ce week-end serait de bon augure pour Austin, déficitaire sur l’accueil du Grand Prix des Etats-Unis, et pour le promoteur Formula One, qui vient par ailleurs de signer un contrat de retransmission avec la chaîne sportive ESPN.
Le retour d’une écurie américaine dans le championnat en 2016 participe de cette logique d’évolution – même si cela n’a pas l’impact d’un pilote victorieux « made in USA ». Avec 43 points à quatre Grand Prix de la fin du championnat, Haas a nettement progressé en un an, puisqu’elle a bouclé 2016 avec 29 unités au compteur. « On a trouvé de la constance et on marque plus souvent des points, mais on peut encore faire mieux et qu’est-ce qui serait plus gratifiant que d’y parvenir à domicile ? » a espéré son propriétaire, Gene Haas.
Avec tous ces nouveaux venus, on en oublierait presque le rooky de Force India Esteban Ocon, 21 ans, pour lequel Austin lance le sprint final, vers le podium, qu’il s’est promis d’atteindre avant décembre.