Disparition de Maëlys : violent accrochage entre la justice et la gendarmerie
Disparition de Maëlys : violent accrochage entre la justice et la gendarmerie
Par Service société
Le procureur de Grenoble « excédé de voir tous les jours dans la presse tous les détails de l’enquête » a ouvert une enquête pour violation du secret de l’instruction.
Des gendarmes opèrent une battue dans le secteur de Pont-de-Beauvoisin, où Maëlys, 9 ans a disparu deux jours auparavant. / PHILIPPE DESMAZES / AFP
Entre le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, et le patron de la gendarmerie, le général Richard Lizurey, la guerre est déclarée. Le premier ne supporte plus « les fuites organisées » vers la presse sur l’affaire de la disparition de Maëlys lors d’un mariage fin août. Le second n’a pas du tout apprécié que ces hommes soient visés par ces accusations.
« Je suis excédé de voir tous les jours dans la presse tous les détails de l’enquête, y compris ceux que le parquet ne connaît pas, des choses qui n’ont pas à être connues », a déclaré Jean-Yves Coquillat. Ce dernier a décidé d’ouvrir une enquête pour violation du secret de l’instruction, dans l’affaire de la disparition de Maëlys, et l’a confiée à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et à la direction interrégionale de la police judiciaire de Lyon (DIPJ).
Une procédure « assez rare », selon le magistrat, qui fait suite à une plainte, déposée vendredi 20 octobre, de Me Alain Jakubowicz, le nouvel avocat de Nordahl L., suspecté d’avoir enlevé la petite fille de 9 ans, lors d’un mariage, fin août à Pont-de-Beauvoisin (Isère). Il a été mis en examen et écroué, le 3 septembre, pour enlèvement et séquestration. « C’est la première fois qu’une enquête n’est pas confiée à l’inspection du service en question [l’inspection générale de la gendarmerie nationale] », a assuré à l’AFP, le procureur de Grenoble.
« Il y aura des sanctions »
Dernier « détail » en date publié dans plusieurs médias : une image du véhicule du suspect, captée la nuit de la disparition de Maëlys par une vidéosurveillance privée et en cours d’analyse. Les enquêteurs s’intéressent à une forme blanche sur le siège passager, qui aurait pu correspondre à la fillette. Elle était vêtue d’une robe blanche le soir du mariage. Jean-Yves Coquillat s’est refusé à confirmer cette information. Mais, pour lui, aucun doute : « Ces fuites sont au niveau local et parisien, au niveau de la direction de la gendarmerie, de la section de recherches et de l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. »
Pour la justice, ces fuites sont d’autant plus problématiques que le suspect, un ancien militaire de 34 ans, qui nie toute implication en dépit d’éléments troublants, a depuis le début de cette affaire réponse à tout. Fin septembre, des images de vidéosurveillance dans une station-service montraient Nordhal L. nettoyant avec une certaine obsession (pendant une heure et demie) sa voiture au lendemain du mariage. Parce qu’il avait rendez-vous avec un acheteur pour la vendre, avait-il expliqué aux enquêteurs.
Si les auteurs de ces fuites sont « identifiés, il y aura des sanctions », a prévenu Jean-Yves Coquillat. La réponse du général Richard Lizurey ne s’est pas fait attendre. Excédé lui aussi : « Je juge scandaleuses ces accusations péremptoires de la part d’un magistrat, a-t-il déclaré à l’AFP. On est déjà condamné avant même qu’il y ait une enquête. » Le général est formel : « Ses enquêteurs, jusqu’à preuve du contraire, n’ont pas fait de faute. »
Selon Le Parisien, Me Alain Jakubowicz va demander le dessaisissement de la gendarmerie.