Le jeu vidéo « Football Manager » veut encourager le coming out de footballeurs homosexuels
Le jeu vidéo « Football Manager » veut encourager le coming out de footballeurs homosexuels
Le célèbre jeu de gestion sportif permettra pour la première fois à des footballeurs virtuels de révéler leur homosexualité. Un parti pris sociétal assumé.
Dans « Football Manager 2018 », le coming out d’un joueur de son équipe est présenté comme un événement positif.
La prochaine version du jeu vidéo de gestion Football Manager, prévue le 10 novembre sur PC, intégrera pour la première fois une option permettant aux footballeurs virtuels de faire leur coming out. Cette simulation footballistique annuelle consiste à gérer un club de football, des questions financières jusqu’au moral des athlètes. C’est la première fois que la question de l’homosexualité est abordée.
« L’une des raisons de ce choix, c’est parce que des footballeurs homosexuels, il y en a », a expliqué à la BBC Miles Jacobson, chef de projet sur le jeu, avant de détailler :
« Nous savons au vu de la quantité de professionnels qu’il y a forcément des joueurs qui sont homosexuels mais préfèrent ne pas le dire. Je trouve cela étrange que cela soit encore un problème dans le football. Donc nous avons décidé d’essayer de montrer aux gens qu’un coming out n’est pas un problème et peut être quelque chose de positif. Je trouve ça fou qu’en 2017 nous vivions dans un monde où les gens ne peuvent pas être eux-mêmes. »
Dans le jeu, seuls les footballeurs fictifs générés automatiquement pourront faire leur coming out, et pas les stars réelles. Le studio responsable de Football Manager a souhaité éviter tout risque de poursuite judiciaire. Un joueur virtuel officialisant son homosexualité apportera des rentrées financières supplémentaires en provenance de la communauté LGBT, précise Miles Jacobson.
Un sujet toujours tabou dans le football
Dans le fil d’actualité de « Football Manager 2018 », un joueur fictif annonce son homosexualité. / SEGA
La BBC rappelle que le milieu de terrain allemand Thomas Hitzlsperger est le premier footballeur ayant évolué en première division anglaise à avoir fait son coming out depuis le suicide de Justin Fashanu, en 1998. C’était en 2014, quatre mois après sa retraite, et le sujet est depuis demeuré tabou. L’international français Antoine Griezmann s’en était inquiété cette année dans le magazine ICON :
« Je pense que ce n’est pas habituel parce que nous faisons les durs et les forts. Et nous avons peur de ce qui pourrait se dire. Je n’ai rien contre, je respecte tout le monde. Il y a beaucoup de mauvaises personnes dans le football. Ils [les homosexuels] peuvent avoir peur d’aller dans les stades et qu’on les insulte. Je crois que je le ferais [révéler son homosexualité], mais bien sûr, c’est facile de le dire quand tu ne l’es pas. »
Selon une enquête réalisée en 2013 par l’ancien club Paris Foot Gay, 43 % des footballeurs professionnels et 50 % des jeunes en centre de formation ont une image négative de l’homosexualité. L’association a été dissoute en octobre 2015, trois mois après que son président, Julien Pontes, a été victime d’une agression à caractère homophobe.
Ses anciens membres ont depuis créé l’association Rouge Direct. En janvier 2017, dans une tribune sur le site de Marianne, celle-ci s’est adressée aux footballeurs gays pour les « met[tre] en garde contre des risques de coming out sauvages auxquels leur clandestinité les expose », en référence à l’affaire de la sextape de Mathieu Valbuena et aux risques de coming out par des tiers, comme cela s’était produit lors des Jeux olympiques de Rio pour les athlètes utilisant des applications de rencontre. « Dans la perspective des Coupes du monde de football en Russie (2018) ou au Qatar (2022), deux pays aux législations homophobes, ces risques sont redoutables », prévenait l’association.