• Antoine Reicha
    Musique de chambre

    Solistes de la Chapelle musicale Reine Elisabeth

Pochette de l’album « Musique de chambre », d’Antoine Reicha, avec les Solistes de la Chapelle musicale Reine Elisabeth. / ALPHA CLASSICS/OUTHERE MUSIC

Plus que le lieu (Prague) de naissance, c’est l’année (1770) qui frappe à propos d’Antoine Reicha (mort à Paris en 1836). Pour un compositeur – qui plus est, passé par Bonn et par Vienne – être l’exact contemporain de Beethoven ne doit pas favoriser une carrière. Reicha s’est pourtant imposé. Plus comme pédagogue (l’élève de Haydn a enseigné à Berlioz) que comme créateur. Peu jouée aujourd’hui, sa musique est remarquablement écrite : logique puisque les Traités de Reicha ont fait autorité au XIXe siècle. Equilibrée, entre références (magnifique Trio avec piano) et inédits (étonnant Quintette avec deux altos), la présente anthologie livre un enseignement majeur. Si Reicha n’est pas Beethoven, alors qu’il possède, comme lui, l’art du développement, le sens de la mise en scène et le goût de la forme originale, c’est qu’il respecte toujours les « bonnes manières » alors que son génial contemporain cherche, littéralement, à forcer l’écoute. Pierre Gervasoni

3 CD Alpha Classics/Outhere Music.

  • The James L’Estraunge Orchestra
    Eventual Reality

Pochette de l’album « Eventual Reality », de The James L’Estraunge Orchestra. / BBE RECORDS/! K7

Constitué d’une vingtaine de musiciennes et musiciens, dont celles et ceux qui œuvrent au sein d’un quartette à cordes et d’une section de vents, The James L’Estraunge Orchestra a été fondé en 2014 par le claviériste écossais Ricky Reid. Un ensemble ambitieux par la forme dont vient d’être publié le premier album, Eventual Reality, qui fait entendre des croisements inventifs, de plein déploiement orchestral entre le jazz, la pop teintée de soul (en particulier dans See You Tonight) et un apport subtil de sonorités utilisées dans les musiques électroniques. Si l’on peut songer par moments au collectif new-yorkais Snarky Puppy, la démonstration virtuose venue du jazz-rock n’est pas de mise ici. Et c’est avant tout par le développement mélodique (Me & The Bear, Closer, Autumn Falls…), la clarté des arrangements, même les plus fournis, que s’imposent les huit compositions de Ricky Reid – auxquelles s’ajoute une reprise de Groovin’You, thème disco de 1979 écrit par Harvey Mason. Une grande réussite. Sylvain Siclier

1 CD BBE Records/! K7.

  • Simon Goubert, Ablaye Cissoko et African Jazz Roots
    Au loin

Pochette de l’album «  Au loin », de Simon Goubert, Ablaye Cissoko et African Jazz Roots. / MA CASE/L’AUTRE DISTRIBUTION

En 2011, le joueur de kora Ablaye Cissoko et le batteur et pianiste Simon Goubert avaient enregistré, avec plusieurs percussionnistes, un flûtiste et le contrebassiste Jean-Jacques Avenel, l’album African Jazz Roots, publié deux ans après. Revoici Goubert et Cissoko, cette fois en quartette avec la pianiste Sophia Domancich et le contrebassiste Jean-Philippe Viret. De longue date, Simon Goubert a témoigné par ses compositions de sa passion pour le saxophoniste John Coltrane. On retrouve cette source dans cet album, Au loin, enregistré lors de concerts. Lorsque la kora d’Ablaye Cissoko prend par moments le « rôle » du saxophone de Coltrane, par le lyrisme des compositions (Sur le pont Faidherbe, Au loin, écrite par Sophia Domancich, De Dakar à Saint-Louis…), dans les envols du piano. Plus resserré dans cette forme du quartette, le propos musicien est formidablement prenant. S. Si.

1 CD Ma Case/L’Autre Distribution.