TV – « Leonard Cohen, like a Bird on a Wire »
TV - « Leonard Cohen, like a Bird on a Wire »
Par Daniel Psenny
Notre choix du soir. Arte rend hommage au chanteur, poète et romancier canadien, mort il y un an, en rediffusant notamment le documentaire intimiste de Tony Palmer (à 23 h 10).
Leonard Cohen in “Bird on a Wire” (Excerpt) by Tony Palmer
Durée : 02:38
A l’occasion du premier anniversaire de la mort de Leonard Cohen, le 7 novembre 2016, à Los Angeles, Arte consacre une soirée entière au chanteur, poète et romancier canadien, composée d’un documentaire de Tony Palmer, Leonard Cohen-Like a Bird on a Wire (déjà diffusé sur Arte le 18 novembre 2016), suivi par la rediffusion d’un concert hommage donné au cours du 29e Festival de jazz de Montréal en 2008, auquel le chanteur participa après quinze ans d’absence.
Le documentaire de Tony Palmer, qui est aujourd’hui un document rare, était à l’époque une commande de Leonard Cohen pour faire sa promotion et redynamiser les ventes de ses albums. Presque au jour le jour, le réalisateur nous montre, de manière intimiste et sans artifices, l’artiste, alors âgé de 37 ans, accompagné de son groupe pendant leur tournée en 1972 à travers l’Europe. Vingt concerts assez chaotiques qui les ont conduits de Dublin à Jérusalem en passant par Londres, Paris et Berlin.
Léonard Cohen en concert / ZDF
On découvre, filmés caméra à l’épaule dans des lumières souvent blafardes, les moments de détente, les répétitions, la tension avant d’entrer en scène, les engueulades avec le producteur et même les sonos qui cassent ou les départs de l’artiste en plein milieu de ses concerts parce qu’il « ne le sent pas ». A la fin du film, mécontent du résultat, Leonard Cohen demanda que Tony Palmer, cinéaste passionné de musique, le remonte et le coupe. Le film finit par tomber dans l’oubli.
Voix grave, sourire mélancolique
C’est seulement en 2009 que les rushs originels du documentaire, tourné sur de la pellicule 16 mm, sont retrouvés dans un entrepôt hollywoodien et réexpédiés au réalisateur. Plus expérimenté que lors du tournage du film en 1972, il décide d’en monter une nouvelle version. Le rythme est alors plus soutenu et prend des allures de road-movie. Chose rare, toutes les chansons sont filmées dans leur intégralité. Ainsi, on peut assister à des versions livede So Long Marianne,The Partisan, Sisters of Mercy ou Famous Blue Raincoat, reprises par les différents publics qui les connaissent par cœur.
Avec sa voix grave, son sourire mélancolique et ses arrangements lancinants et minimalistes, Leonard Cohen séduit autant ses musiciens, avec qui il se comporte parfois comme un gourou, que ses groupies, qui n’hésitent pas à venir dans sa loge pour des séances de drague parfois surprenantes et auxquelles il prend visiblement plaisir.
Leonard Cohen - Bird on the Wire - Rare live performance 1972
Durée : 04:09
Au sommet de sa gloire, torturé et dépressif, Leonard Cohen se confie aussi à la caméra sur son succès, l’amour, la musique, la religion. Lors d’un concert, il explique avec un grand sourire que son ancien manageur l’a arnaqué en lui faisant signer – sans qu’il regarde – un contrat qui le prive des droits de Suzanne, chanson au succès planétaire écrite en 1966 pour sa muse rencontrée sur une île grecque. Et pourtant il ne regrette rien : « Ce serait immoral d’écrire une telle chanson et d’en tirer de l’argent en plus ! », lâche-t-il sous les applaudissements. Quant au succès, il relativise. « A mes débuts, mes livres se vendaient à cinq cents exemplaires, puis aujourd’hui à un million. C’est bien. Mais le succès, c’est lorsque vous écrivez un livre et qu’aussitôt vous avez un prix Nobel. Là, vous avez réussi quelque chose », dit-il.
Au fil du documentaire, Leonard Cohen écrit sa propre histoire. « Je tente d’être libre à ma façon », explique-t-il en reprenant les paroles de sa chanson Like a Bird on a Wire.
Leonard Cohen, like a Bird on a Wire,de Tony Palmer (EU, 116 min).