2017, l’annus horribilis d’Uber, en 5 épisodes
2017, l’annus horribilis d’Uber, en 5 épisodes
LE MONDE ECONOMIE
Le spécialiste des VTC a dissimulé avoir été victime d’une cyberattaque en 2016 durant laquelle les informations de 57 millions d’utilisateurs ont été dérobées.
A New York, le 2 février. / Brendan McDermid / REUTERS
La liste des tuiles s’allonge pour Uber. Le spécialiste américain du transport avec chauffeur privé Uber a dissimulé une importante cyberattaque dont il a été victime fin 2016, a annoncé, mardi 21 novembre, son nouveau directeur général, Dara Khosrowshahi. Uber a même versé 100 000 dollars (85 000 euros) aux deux auteurs de l’intrusion et du vol de données en l’échange de leur silence.
Cette attaque informatique a permis le vol d’informations personnelles appartenant à 57 millions d’utilisateurs, noms, courriels, numéros de téléphones mobiles, a précisé la société californienne. La découverte de cette attaque a conduit au départ de deux employés, qui avaient, à l’époque, été chargés de s’occuper de l’incident, a dit Dara Khosrowshahi, lui-même nommé en août après le départ de son prédécesseur, Travis Kalanick, le fondateur d’Uber.
Dara Khosrowshahi, directeur général d’Uber, à Brasilia, le 31 octobre. / Adriano Machado / REUTERS
La société emblématique du nouveau monde des start-up et de la puissance des applications, celle qui a révolutionné le modèle économique du transport de personnes, multiplie les déboires depuis le début de l’année.
- Un procès avec Google
En février, Waymo, filiale d’Alphabet Google, qui développe les Google Car, a accusé Uber d’avoir volé ses technologies de voiture autonome en 2015. L’ingénieur mis en cause dans le téléchargement illégal des données a été remercié, mais cela n’a pas empêché Waymo d’engager des poursuites. Un procès devrait se tenir sous peu.
- Harcèlement sexuel
Ce même mois de février, une des ingénieures de l’entreprise, Susan Fowler a accusé l’entreprise d’avoir fermé les yeux sur le harcèlement sexuel dont elle avait été victime en 2016 de la part d’un supérieur. Susan Fowler dit qu’elle n’était pas un cas isolé, qu’on l’a découragée de signaler d’autres comportements sexistes, qu’on a bloqué sa promotion. Au même moment, Le New York Times a publié une enquête sur la « culture d’entreprise souvent débridée » chez Uber. L’article évoque des responsables qui lancent des injures homophobes ou menacent de frapper des subalternes sous-performants avec une batte de base-ball, un séminaire à Las Vegas où des salariés sniffent de la cocaïne dans les toilettes et où un manageur tripote les seins de ses collègues féminines (il était licencié moins d’une journée plus tard, précise quand même le journal).
- Logiciels trompeurs
Au mois de mars, Uber a été contraint d’avouer l’existence d’un logiciel secret, surnommé « Greyball », destiné notamment à éviter que ses chauffeurs ne soient contrôlés par les autorités. D’autres révélations ont contribué à ternir la réputation d’Uber qui a reconnu avoir utilisé plusieurs outils informatiques destinés à espionner ses rivaux ou à pister les propriétaires d’iPhone.
- Le patron s’emporte
A la même période, le patron-fondateur d’Uber, Travis Kalanick, probablement sous pression, a été filmé dans une vidéo largement répandue sur Internet, dans laquelle il invective un chauffeur Uber qui lui reproche la baisse de ses revenus. « Certaines personnes n’aiment pas endosser la responsabilité de leur propre merde. Ils blâment tout dans leur vie ou quelqu’un d’autre », a-t-il asséné. M. Kalanick a, dans la foulée, présenté ses excuses et déclaré qu’il ferait des efforts pour « devenir adulte ». Cela n’a pas suffi à convaincre le conseil d’administration de l’entreprise, qui a poussé M. Kalanick à la démission en juin.
- Coup de tonnerre à Londres
En octobre, l’Autorité des transports de Londres (TfL) a retiré sa licence d’exploitation à Uber. TfL reproche son manque de réactivité dans la dénonciation de crimes dont ses chauffeurs seraient témoins et ses failles dans le contrôle du casier judiciaire de ses conducteurs. L’Autorité accuse aussi à Uber d’utiliser le logiciel Greyball permettant d’échapper aux forces de l’ordre. La société aurait par ailleurs versé des pots-de-vin dans cinq pays asiatiques, dont la Chine et l’Inde. Au moins cinq enquêtes criminelles sont en cours aux Etats-Unis.