Finale de Coupe Davis : du bruit et des couleurs pour la première journée
Finale de Coupe Davis : du bruit et des couleurs pour la première journée
Par Clément Martel (Villeneuve-d'Ascq, envoyé spécial, avec EP)
Le premier jour de la compétition de tennis, à Lille, a vu les supporteurs belges accompagner la victoire de Goffin, et les fans des Bleus monter en puissance.
Vue générale du stade Pierre-Mauroy lors du premier match de la finale de Coupe Davis, entre Lucas Pouille et David Goffin. / DENIS CHARLET / AFP
La vague s’est élancée sans préavis et s’est mise à tourner dans le stade. « On est chez nous, on est chez nous. » A la suite de la victoire du Belge David Goffin sur le Français Lucas Pouille, lors du match inaugural de la finale de Coupe Davis, vendredi 24 novembre, les supporteurs belges ont marqué « leur » territoire dans le stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq.
A l’idée de recevoir la finale contre la Belgique à Lille, nombre d’observateurs de la balle jaune avaient tiqué. Côté pile, l’enceinte lilloise est un outil incroyable, permettant d’attirer plus de 27 000 personnes (pour autant de tickets d’entrée) dans sa configuration tennis. Mais côté face, Villeneuve-d’Ascq est exactement à 11,9 km de la frontière belge, et la possibilité de voir les fans belges prendre le dessus sur leurs homologues français n’était pas à exclure. Surtout lorsqu’on se remémore la finale de 2014 face à la Suisse, où les supporteurs helvètes avaient pris l’ascendant en matière de bruit et de couleurs.
« Je ne sais pas si on peut dire que je jouais à domicile, mais une chose est sûre, il y avait une super ambiance du côté des Belges, a souligné David Goffin à la fin de sa rencontre. En raison du déroulement du match. Lucas n’a jamais pu enflammer le public. C’était tout bonus pour moi. » Si le règlement de la Coupe Davis précise que 10 % des billets échoient à l’équipe visiteuse, proximité géographique aidant, plus de 5 000 visiteurs d’outre-Quiévrain étaient attendus vendredi. Ce qui n’explique pas la sensation sonore – notamment lors du premier simple – de disputer parfois la finale de l’autre côté de la frontière.
Sensible à la question, on avait assuré, côté Fédération française de tennis (FFT), avoir appris de la finale 2014. Si les fans français étaient déjà plus nombreux que les Helvètes, « les Suisses avaient été placés d’une certaine manière par rapport aux kops des Français ce qui fait qu’on les entendait un peu », confiait Arnaud Clément avant cette finale. Mais le capitaine des Bleus de l’époque d’atténuer l’image de « Mur rouge » restée dans les mémoires en insistant sur « l’ambiance exceptionnelle pour les Français. »
Noah distingue « supporteurs » et « spectateurs »
Philosophe au terme d’une première journée sans surprise (les deux numéros un l’ont emporté sans coup férir), Yannick Noah relevait avoir eu l’ambiance à laquelle il s’attendait. « Il y avait trois à quatre mille supporteurs belges organisés et à fond. De notre côté, on avait trois à quatre mille supporteurs, et puis 20 000 spectateurs. […] Pour être déçu, il faut espérer quelque chose, on n’espérait rien. »
Dans l’écrin lillois à l’acoustique particulière en configuration Arena (les rideaux qui font passer le stade de ses 50 000 places à 27 000 ne permettent guère au son de tourner comme dans d’autres salles), le kop français a eu du mal à entraîner les travées supérieures des spectateurs « tous en bleu », suivant le mot d’ordre de la FFT. Des tentatives de « ola » avortées à la sono tentant en vain d’initier un « clapping », l’entame de ce premier jour de la finale de Coupe Davis aura été ardue pour les fans des Bleus. Et la physionomie des rencontres a fortement influencé l’ambiance. Il a fallu attendre le troisième set face entre Tsonga et Darcis pour qu’une première Marseillaise spontanée dévale des tribunes, et que le public français commence à profiter, répondant à vive voix au « on est chez nous » des Belges.
La configuration Arena du stade Pierre-Mauroy, mise en place pour la finale de Coupe Davis. / DENIS CHARLET / AFP
Au point que l’arbitre a parfois eu du mal à obtenir le calme avant le service des joueurs. Tancé par Steve Darcis, qui s’est agacé qu’il « s’arrête dès qu’il y avait un petit murmure » dans une compétition où « l’on sait qu’il va y avoir du bruit », Jo-Wilfried Tsonga a calmé le jeu après sa victoire. « Il y a forcément des moments où l’arbitre est obligé de remettre le calme sur le terrain, a souligné le numéro 1 français, mais c’était une très belle ambiance aujourd’hui. Et demain, j’espère que l’équipe de France va mettre le feu à ce stade. »