Le défenseur brésilien de Nice, Marlon, implore peut-être Dieu. Ce dernier n’a pas l’air de se préoccuper du club niçois qui a sombré face à Lyon (5-0). / VALERY HACHE / AFP

« Il reste beaucoup de travail ». Lucien Favre ne croyait pas si bien dire lorsqu’il commentait jeudi dernier la victoire européenne de son équipe face à Zulte-Waregem. L’entraîneur suisse de l’OGC Nice ne va en effet pas chômer dans les semaines à venir après la claque reçue par son équipe dimanche à domicile face à l’Olympique lyonnais (5-0).

Dix-huitième et en position de barragiste avec 14 points en 14 journées de Ligue 1, Nice vit une saison complètement différente de celle qui l’avait propulsée en 2017 sur le podium du championnat de France. Il y a un an, au même moment de la saison, les Niçois étaient leaders avec 33 points, soit 19 de plus qu’actuellement. Comment cette séduisante machine à jouer, tactiquement impressionnante, a pu se dérégler à ce point en l’espace de quelques mois ?

  • Les hésitations d’un coach

Partira, partira pas, auréolé d’une superbe première saison à Nice, bien au-delà des plus folles espérances des supporteurs azuréens, Lucien Favre a longtemps hésité à rejoindre son grand amour, la Bundesliga. L’entraîneur suisse a acquis son excellente réputation en six ans au Herta Berlin et au Borussia Moenchengladbach. Il avait notamment mené cette dernière équipe en Ligue des champions.

À l’intersaison, c’est l’un des clubs allemands les plus prestigieux qui est venu le solliciter, le Borussia Dortmund. Les Jaune et Noir cherchaient un successeur à Thomas Tuchel et ils avaient fait de Favre une priorité puisqu’ils auraient été prêts à mettre 10 millions d’euros sur la table pour le faire venir. En accord avec son président Jean-Pierre Rivière, l’entraîneur helvète a finalement accepté de rester au tout dernier moment. Peut-être a-t-il été tout de même un peu déçu de manquer une opportunité d’entraîner l’un des meilleurs clubs européens…

Lucien Favre. / ERIC GAILLARD / REUTERS

  • Une défense décimée

Deux latéraux transférés et les ailes sont dépeuplés. Brillants l’an passé, le Brésilien Dalbert et le Portugais Ricardo Pereira ont quitté Nice. Le premier est en grande difficulté à l’Inter Milan, le deuxième s’épanouit à Porto, dans le club qui l’avait prêté en France. L’apport offensif de ces deux joueurs manque cruellement à Nice. L’arrivée du latéral d’expérience, Christophe Jallet, ou le repositionnement d’Arnaud Souquet à ce poste, ne permet pas de compenser ces départs.

La défense centrale niçoise se cherche cette saison. Nice a déjà encaissé 25 buts, soit la 18e défense de Ligue 1. En 2016/2017, en 38 rencontres, le club n’avait encaissé que 36 buts… La méforme de son capitaine brésilien Dante n’y est certainement pas étrangère. L’ancien joueur de Lille et du Bayern Munich n’est plus que l’ombre de lui-même. Impérial l’an passé, il fait désormais bien ses 34 ans.

la boulette de Cardinale-Dante face à la Lazio
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Sans compter qu’une solution intéressante en défense centrale a quitté le club. En fin de contrat, le Français Paul Baysse (22 matchs en Ligue 1 en 2016/2017) n’a pas été retenu par ses dirigeants. Recruté au Barça pour le remplacer, le brésilien Marlon n’est guère inspiré, à l’image de son match catastrophique face aux Lyonnais.

  • Un recrutement moins heureux

Tout cela nous emmène tout naturellement au recrutement. Extrêmement habile ces dernières années (Balotelli, Ben Arfa ou Belhanda…), Nice a perdu la main. On a déjà parlé de Marlon, mais la plus grosse déception s’appelle peut-être Wesley Sneijder.

À 33 ans, le Néerlandais, star du football mondial, a été recruté à Galatasaray où il avait un peu disparu des écrans de contrôle. En méforme, il n’a disputé que cinq petits matchs de championnat dont quatre en titulaire. Le coup de poker, réussi par le passé avec Hatem Ben Arfa ou Mario Balotelli, est en train d’échouer.

Au rayon des transferts, les arrivées des jeunes Adrien Tameze, Allan Saint-Maximin ou Pierre Lees-Melou, sont insuffisantes pour permettre à Nice de se maintenir au sommet. Nice n’a également pas été en mesure de retenir Younes Belhanda, parti à Galatasaray. Quant au retour au club de Nampalys Mendy, il n’est guère concluant pour le moment.

  • Le fiasco du transfert de Seri au Barça

Jean-Michaël Seri a failli être un Blaugrana. Le transfert du milieu de terrain était pratiquement conclu avec le Barça, quand le club catalan s’est retiré brusquement des négociations. La désillusion a été immense pour le joueur de 26 ans au parcours tortueux. Acheté 1 million d’euros en juin 2015, l’international ivoirien a du se faire à la réalité : il ne rejoindra pas le club qui le faisait rêver enfant.

Seri s’est confié au Parisien sur sa situation : « J’ai vécu des moments délicats. Ils resteront en moi jusqu’à la fin de ma carrière, mais aujourd’hui j’ai tourné la page. Je préfère ne pas ressasser le passé et me concentrer sur ce que je sais faire de mieux : jouer au football. Rester à Nice, c’est le choix du cœur, pas le moins du monde une attitude dictée par un quelconque dépit. Je suis profondément attaché à ce club, à ses dirigeants et aux supporteurs. »

Même s’il prétend le contraire, ses prestations semblent indiquer qu’il n’a toujours pas digéré ce fiasco.

  • L’absence de Cyprien

Blessé le 11 mars 2017 contre Caen, Wylan Cyprien manque cruellement à Nice depuis le début de saison. Autant l’absence du milieu de terrain n’a pas enrayé la belle dynamique la saison dernière, autant depuis la reprise elle handicape cruellement son club. Nommé parmi les quatre meilleurs espoirs de la Ligue 1 en 2017, l’ancien Lensois est sur le chemin de la reprise. Ce week-end, neuf mois après sa grave blessure au genou, il a joué et marqué avec la réserve niçoise face à Fréjus Saint-Raphaël. L’éclaircie dans la pénombre niçoise ?