A l’annonce du verdict, les « femmes Schlecker » présentes au tribunal de Stuttgart, lundi 27 novembre, ont vigoureusement protesté. Leur ancien employeur, Anton Schlecker, qui fut propriétaire de la chaîne de drogueries du même nom, a finalement été condamné à deux ans de prison avec sursis.

A la surprise générale, l’ancien « roi de la droguerie », qui avait causé une faillite retentissante, échappe à l’emprisonnement. Seule consolation pour ces Mères Courage de la distribution allemande : les deux enfants du patriarche devront, eux, passer plus de deux ans derrière les barreaux.

En janvier 2012, plus de 25 000 salariés, essentiellement des femmes, avaient perdu leur emploi suite à la déroute des milliers de drogueries Schlecker, qui vendaient shampoings, lessives et cosmétiques dans de minuscules magasins disséminés sur tout le territoire.

Pas le procès de la faillite

Ce procès, ont maintes fois répété les avocats d’Anton Schlecker, n’était pas celui de la faillite elle-même. A l’ancien patriarche il n’était pas reproché de n’avoir pas su sauver un empire depuis longtemps sur le déclin. Anton Schlecker et ses enfants ont été condamnés parce qu’ils ont retiré plusieurs dizaines de millions d’euros de l’entreprise au moment où il était évident que la chaîne de magasins Schlecker ne pourrait bientôt plus honorer ses créances auprès de ses fournisseurs.

Lars et Meike Schlecker, les enfants, ont à ce moment établi à leur père des factures de plusieurs millions d’euros au profit de leur société de logistique, avant de verser l’argent sur leurs comptes privés. Si Anton Schlecker échappe, lui, à la prison, c’est qu’il a récemment versé 14 millions d’euros à l’administrateur judiciaire au titre d’un accord jugé compensatoire par le juge.

Vingt-deux mille créanciers attendent encore le paiement de leurs factures. Et en dépit des attentes des milliers de « femmes Schlecker », ni le patriarche ni ses enfants n’ont jamais formulé d’excuses pour les avoir laissées du jour au lendemain à l’abandon. Des centaines d’entre elles n’ont jamais retrouvé de travail.